L’exode de milliers de cadres français de confession musulmane fuyant la France en raison du racisme systémique et des discriminations, a fait l’objet d’une médiatisation parfois tendancieuse. Nabil Mati la décortique dans sa dernière chronique à lire sur Mizane.info.
Depuis quelques semaines, une campagne médiatique synchronisée, impliquant la télévision, la radio, la presse écrite et les réseaux sociaux en France, attire l’attention sur une tendance alarmante : un nombre croissant de jeunes diplômés de confession musulmane quittent le pays pour s’établir à l’étranger. Ce phénomène, qui se poursuit discrètement depuis plusieurs mois, n’a, jusqu’à présent, suscité aucune communication officielle de la part des autorités françaises.`
En effet, l’exode des diplômés français de confession musulmane a fait l’objet de cet emballement médiatique à cause en partie de la publication d’un ouvrage intitulé « La France, tu l’aimes mais je la quitte », rédigé par trois chercheurs. Cette étude, basée sur des entretiens approfondis avec des Français musulmans, met en lumière les motivations profondes qui poussent ces jeunes talents à quitter leur pays.
Des articles de presse publiés dans des journaux reconnus viennent corroborer ces observations à l’exemple d’un article publié dans les colonnes du Monde mettant en lumière cette défiance particulièrement française sous un article « Français musulmans bien installés » qui songent de plus en plus à émigrer.
Nous rappelons également que, l’année dernière, dans le cadre de notre travail, nous avions publié une enquête menée en Algérie qui allait dans ce sens. Cette enquête a été diffusée dans le journal L’Expression et sur plusieurs autres sites internet, abordant ainsi ce phénomène.
Pour l’instant, rien d’anormal. Cependant, un détail saisissant a retenu notre attention : l’intensité et l’aspect inhabituel de la couverture médiatique consacrée à ce sujet, ainsi que l’approche analytique adoptée par les journalistes des grandes chaînes de télévision pour examiner ce phénomène.
Il est intéressant de rappeler que ces chaînes, notamment CNews et BFMTV, ont été fréquemment critiquées pour omettre des faits et pour leur rôle dans la propagation de discours de haine et d’islamophobie, contribuant ainsi à un climat anxiogène en France.
Étonnamment, ces mêmes médias adoptent subitement une posture empathique. Cette compassion soudaine, dans le meilleur des cas, pourrait être perçue comme suspecte, soulevant des questions quant à sa sincérité et à ses motivations sous-jacentes.
Quelles intentions se dissimulent derrière la narration adoptée par ces médias ? S’efforcent-ils réellement de comprendre le phénomène et de proposer des solutions concrètes, ou se complaisent-ils dans des discours haineux, ayant déjà satisfait leurs objectifs médiatiques ? Par ailleurs, peut-on envisager que ces médias entament une nouvelle phase de leur stratégie, celle de démystifier et marginaliser encore davantage les Français de confession musulmane ?
À première vue, le traitement médiatique du départ de ces jeunes diplômés semble superficiel, car il repose sur une couverture journalistique peu approfondie et omet d’inviter des intervenants clés tels que des responsables politiques, des membres du gouvernement, ou des sociologues lors de débats télévisés destinés à explorer les causes profondes de ces départs.
Cette approche donne l’impression que l’événement est anodin, traité comme un simple fait divers. Ce positionnement journalistique nous semble loin d’être neutre et compréhensible, car une analyse rigoureuse pourrait nuire à la crédibilité de ces médias, les exposant comme potentiellement responsables de ces départs.
Cependant, au-delà de cette façade superficielle, la stratégie médiatique mise en œuvre principalement par les chaînes d’information en continu semble exploiter ce phénomène pour exalter l’efficacité de leur discours raciste et empreint de haine, solidement ancré depuis de nombreuses années.
Cette approche attribue les problèmes socio-économiques de la France aux citoyens français de confession musulmane, renforçant ainsi des stéréotypes nuisibles et exacerbant les divisions au sein de la société. Il semble que ces médias aient atteint leurs objectifs éditoriaux et continuent à intensifier leurs efforts dans cette direction, afin de persuader les futurs diplômés de confession musulmane résidant en France de rejoindre leurs compatriotes qui sont déjà partis.
En outre, cela pourrait également être interprété comme une tentative de dissuasion, visant cette fois les futurs candidats à l’immigration en France, en particulier ceux venant des pays musulmans. Cette stratégie suggère que leur place n’est pas en France, car même les musulmans nés et diplômés en France choisissent de quitter le pays. Cela suggère implicitement qu’un autre pays pourrait être plus accueillant pour eux, indiquant clairement que la France ne l’est pas.
Certaines rédactions, comme celle du Parisien, vont jusqu’à mettre en avant des articles avec des titres tels que « Les demandes de changement de noms explosent », ce qui semble subtilement encourager l’assimilation culturelle et le changement de nom comme l’un des moyens de s’intégrer pleinement en France et de trouver sa place tant sur le plan personnel que professionnel, sans rencontrer de difficultés.
Cela pourrait laisser penser qu’il s’agit d’une sortie de secours proposée aux enfants d’immigrés qui peinent à s’épanouir pleinement dans ce pays.
En conclusion, ces médias, loin d’afficher une crédibilité ou une éthique face à cette problématique alarmante, démontrent une compassion feinte tout en continuant, sans le moindre scrupule, à propager un discours raciste aligné avec les idéologies de l’extrême droite.
Cette approche s’inscrit dans le cadre d’une stratégie médiatico-politique destinée à intensifier ce phénomène et à soutenir l’agenda de partis racistes. Il est indéniable que l’émigration de personnes hautement qualifiées de confession musulmane représente une opportunité pour les pays d’accueil, en contraste flagrant avec la France, qui tourne ostensiblement le dos à ce problème et abandonne ainsi son avenir aux mains des forces racistes.
Nabil Mati