L’association de féministes musulmanes avait fait l’objet d’attaques sur les réseaux sociaux à la suite de la publication d’une annonce sur le site de l’Agence du service civique. Une campagne de dénigrement qui a entraîné le retrait de cette annonce avant que l’Agence ne fasse machine arrière, évoquant une simple suspension provisoire à la suite d’une mobilisation en faveur de Lallab.
En un peu plus d’une année, l’association Lallab engagée en faveur des droits des femmes musulmanes est devenu la nouvelle bête noire des réseaux d’extrême-droite. Depuis le passage de sa porte-parole Attika Trabelsi sur l’émission de France 2 « L’Emission politique » face à Manuel Valls, Lallab fait feu de tout bois et en paie le prix. Alors que la jeune structure avait posté début août une annonce « pour proposer à trois volontaires de la rejoindre dans le cadre d’un service civique », rapporte Libération, l’Agence du service public décide de la supprimer le 24 août au motif que « La mission proposée ne répond pas aux principes fondamentaux du service civique. »
Benoît Hamon, Eric Fassin, Rokhaya Diallo…
Interpellée, l’Agence a fini par lâcher cette justification « technique » de suspension de l’annonce : « Ce sont des missions qui nous semblaient être très proches de missions que pourraient réaliser des salariés. On est vigilants. C’est sur ce point-là qu’il y a divergence. L’annonce est suffisamment détaillée pour que ça ressemble à une fiche de poste un peu classique. » Des motivations qui n’ont pas convaincu un comité de soutien qui a décidé de publier une tribune dans les mêmes colonnes de Libération. Des dizaines de signataires, essentiellement situés à gauche comme Benoît Hamon, Eric Fassin ou Julien Salingue, des intellectuels, universitaires, de nombreuses militantes féministes, des associations homosexuelles, des figures comme Rokhaya Diallo ou Océane Rosemarie sont montés au créneau pour défendre Lallab. « L’accomplissement de Lallab vient de lui valoir une nouvelle campagne de désinformation et de cyberharcèlement misogyne et islamophobe, la troisième en huit mois (…) Ses militantes ont été personnellement victimes d’un attirail de cyberviolences : surveillance sur les réseaux sociaux, recherche et diffusion en ligne d’informations privées, menaces de viol, de meurtre, insultes, raids de cyberharceleur·se·s (…) Nous ne pouvons rester silencieux·ses face à un tel acharnement. Se taire serait se rendre complices », écrivent-ils.
Caroline Fourest et le Printemps français dans le viseur
Un soutien de taille qui a fait reculer l’Agence du service public mais qui a mis également en lumière les réseaux de gauche identitaires qui ont fait de la lutte de l’islam et des acteurs musulmans français leur cheval de bataille. Les signataires dénoncent notamment les sites du Printemps français au positionnement laïcard et le site Ikhwan Info de Caroline Fourest comme responsables de cet acharnement contre Lallab. « Supposément de gauche, féministe, universaliste et laïque, ce mouvement (printemps républicain, ndlr) s’en prend ici à une association qui rassemble des femmes directement concernées par la misogynie et le racisme, et qui s’auto-organisent pour lutter contre. Ces structures passent par l’approximation et la manipulation pour défendre un universalisme abstrait et une République qui dissimule mal ses inégalités ».