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Des sénateurs dénoncent l’inertie du gouvernement sur le dossier de l’islam de France

Corinne Feret, Nathalie Goulet et André Reichardt, respectivement présidente et rapporteurs de la Mission sénatoriale d’information sur l’organisation, la place et le financement de l’Islam en France et de ses lieux de culte qui avait pondu un rapport sur le sujet en 2016 ont rédigé une tribune sur le site du Huffington Post pour interpeller le gouvernement sur son inaction patente dans la réforme de l’islam de France.  

Que fait donc le gouvernement d’Edouard Philippe sur la question du dossier de l’islam de France ? Pas grand-chose à en croire les rédacteurs du rapport de la mission sénatoriale sur l’islam mise en place en 2016. Corinne Feret, Nathalie Goulet et André Reichardt ont dénoncé dans une tribune titrée « Les chemins oubliés de l’Islam de France », publiée le 29 août sur le site du Huffington Post, le manque d’initiatives et d’efforts du gouvernement sur ce dossier sérieux et sensible en plein contexte d’attentats européens depuis 2015. Après avoir rappelé quels étaient les objectifs présentés par le gouvernement de Bernard Cazeneuve, à savoir la création d’une nouvelle Fondation de l’Islam de France ayant un objet culturel, éducatif et social ; la constitution d’une association cultuelle musulmane vouée au financement des mosquées et à la formation théologique des ministres du culte ; ​et la création de nouveaux cursus d’islamologie dans certaines universités françaises, les sénateurs en tire le constat suivant, un an après : « La montagne a accouché d’une souris ».

Beaucoup de bruit pour rien

En effet, à l’exception de l’attribution d’une « subvention accordée en avril dernier par la nouvelle Fondation de l’Islam de France aux scouts musulmans », de « l’’annonce de prochains partenariats avec une association proposant des cours de français aux migrants et aux imams », ou de « l’entrée en vigueur, en octobre prochain, du décret instituant à l’égard des aumôniers militaires, hospitaliers et pénitentiaires, l’obligation d’obtention d’un diplôme sanctionnant une formation civile et civique agréée, comprenant un enseignement sur les grandes valeurs de la République », rien n’a été véritablement fait.

« Où en est la création de l’association cultuelle chargée de centraliser l’ensemble des financements nationaux pour le fonctionnement de l’Islam et de ses lieux de culte, et de la formation théologique des imams ? Où en est la mise en place d’une contribution « volontaire et négociée » prélevée sur la filière halal ? », interrogent-ils, avec une pointe d’agacement. Pour les trois sénateurs, les outils pédagogiques dont jouissent les autres cultes n’existent toujours pas pour l’islam. « Il n’y a donc toujours pas, en France, pour l’Islam, de formations équivalentes à celles qui existent pour les ministres du culte catholique », écrivent-ils à ce propos.

Le tout-sécuritaire est une impasse

Quant aux décisions sécuritaires prononcées par le gouvernement pour lutter contre la violence extrémiste, elles s’avèrent insuffisantes et inefficaces. « La fermeture administrative des lieux de culte, facilitée par le nouveau texte en navette, est une réponse insuffisante à la surenchère radicale, alors que le nombre de signalements a dépassé les 12.000 soit une augmentation de 60% en 2 ans. » Mais c’est surtout l’absence de financement qui est pointée du doigt alors qu’une mesure avait été proposée par la mission sénatoriale, celle d’une redevance financée par une taxe sur le halal. « Alors qu’un premier pas a été franchi avec l’adoption en mars 2016, de la charte halal par le CFCM, laquelle constitue un référentiel commun définissant le caractère halal des produits carnés ainsi que les règles d’hygiène et de sécurité lors des abattages, l’on peut regretter qu’aucun véritable accord sur la redevance halal n’ait vu encore le jour. En effet l’ensemble de l’édifice proposé par notre mission reposait sur les recettes générées par cette redevance, collectée par le CFCM puis répartie entre différents projets de formation, de construction ou de restauration de mosquées, etc. », ajoutent les auteurs de la tribune. Le nouveau président du Conseil français du culte musulman, Ahmet Ögras, a déjà répondu aux critiques des sénateurs en revendiquant le droit des musulmans à l’auto-détermination et à la prise du temps. « Tout ce que les musulmans feront par eux-mêmes passera mieux auprès de la base des fidèles et sera plus productif, quand bien même cela prendra plus de temps », dit-il d’après des propos rapportés par l’AFP.

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