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Dunkerque : un crime raciste passé sous silence

Le 31 août dernier, Djamel a été tué près de Dunkerque, écrasé à plusieurs reprises par Jérôme Décofour, membre d’un groupe armé d’extrême droite, la Brigade Française Patriote. Le meurtre a été minimisé dans les médias, décrivant un « différend sentimental ». La mère de Djamel demande aujourd’hui la reconnaissance du caractère raciste du crime. Focus.

C’est l’histoire d’un crime raciste rétrogradé en banal « fait divers ». Après avoir été harcelé pendant trois ans, Djamel, 43 ans, père de famille d’origine maghrébine, est mort, le 31 août, écrasé par Jérôme Décofour, membre de la milice « Brigade Française Patriote ». Le meurtre est qualifié de drame « sentimental » dans une courte brève. Zohra, la mère de Djamel, se bat aujourd’hui pour que la justice reconnaisse le caractère raciste du meurtre de son fils.

Trois ans d’harcèlement quotidien

Le meurtre de Djamel, survenu à Cappelle-la-Grande, une banlieue de Dunkerque, est passé quasi inaperçu dans les médias, réduit à quelques lignes dans La Voix du Nord : « Un homme a foncé en voiture sur le nouveau compagnon de son ex -conjointe. La victime est décédée de ses blessures ». Cependant, la famille de Djamel ne voit pas les choses de la même manière.

En récupérant les affaires de son fils défunt et en discutant avec sa compagne endeuillée, Zohra, la mère de Djamel, a découvert l’ampleur du harcèlement qu’il avait subi et le profil inquiétant de son agresseur, Jérôme Décofour, membre de la milice « Brigade Française Patriote ». Elle est aujourd’hui déterminée à faire reconnaître le motif raciste du meurtre et à pousser la justice à enquêter.

« Je dois ça à Djamel. Je veux qu’on enquête sur cette brigade d’extrême droite qui a peut-être une responsabilité dans la mort de mon fils. Et je veux aussi qu’ils soient mis hors d’état de nuire. Que ce genre de choses de ne se reproduise pas. »

Plusieurs plaintes classées sans suite

Zohra découvre les trois plaintes déposées par son fils en juin, août et septembre 2023. Il rapporte les insultes racistes proférées par Jérôme Décofour : Djamel est traité de « bougnoule » et de « Sarrasin ». Malgré cela, aucune action n’est entreprise et le harcèlement raciste s’intensifie.

Décofour va jusqu’à faire confectionner un cochon en chocolat pour Djamel lors de la fête de Pâques et, à une autre occasion, envoie un saucisson avec l’inscription « pur porc, 100 % halal« . Le 6 juin 2024, le procureur de Dunkerque classe sans suite la plainte pour injures racistes déposée le 25 août 2023, en arguant que les faits sont prescrits.

Or, comme le précise l’association « La Maison des Potes », la loi a changé en 2004. La loi Perben 2 a en effet allongé le délai de prescription pour les blessures racistes non publiques à un an et non plus à trois mois.

La milice d’extrême droite également poursuivi

L’escalade d’harcèlement subie par Djamel a culminé le 31 août, lorsque Jérôme Décofour a décidé de l’écraser à plusieurs reprises avec son véhicule près de son domicile. Zohra souhaite désormais que la justice ne se contente pas de poursuivre Jérôme Décofour, mais cible également le groupe d’extrême droite « Brigade Française Patriote ».

Samuel Thomas, président de l’association La Maison des Potes, avec laquelle Zohra est en contact, a déjà déposé une plainte pour incitation à la haine raciale contre ce groupe.

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