Un rapport accablant pour l’Église portugaise atteste de pratiques d’abus sexuels sur 4800 mineurs. Un chiffre qui serait en-deçà de la réalité. Le zoom de Mizane.info.
Après l’Allemagne, les Pays-Bas et la France, c’est au tour de l’Église portugaise de plonger dans les abîmes. Un rapport rédigé par six experts indépendants sous la direction du pédopsychiatre Pedro Strecht a fait état de pratiques massives d’abus sexuels visant les mineurs. Au moins 4800 sont concernés mais le chiffre « absolument minimal » selon les termes du rapport serait bien inférieure à la réalité.
La commission d’enquête a livré ses résultats après un an de travail et des recherches remontant jusqu’aux années 1950, selon les informations de France.info. D’après les données recueillies, 53% des victimes étaient de jeunes garçons et 47 % des filles. 75 % des agressions sont le fait de prêtres et 25 % de personnels rattachés à l’Église.
La prescription des crimes sexuels en débat
Le fléau de la pédophilie dans l’Église portugaise serait répandu dans l’ensemble du pays, mais localisés dans les confessionnaux, les séminaires et les écoles catholiques. 25 des cas d’abus sexuels les plus récents font actuellement l’objet d’une procédure judiciaire. La liste des victimes et de leurs agresseurs, confidentielle, a été transmise à la justice portugaise.
Ce rapport a relancé le débat sur la durée de la prescription des crimes sexuels fixée à 15 ans pour les victimes de moins de 14 ans et de dix ans pour les adolescents de 14 à 16 ans. Un alourdissement des peines prévues aujourd’hui, 10 ans de prison, a été préconisé.
Le Portugal, fer de lance du catholicisme européen
Le Portugal est l’un des pays catholiques les plus fervent d’Europe avec la Croatie et la Pologne. 80 % des Portugais se définissent comme catholiques avec un pourcentage de pratique religieuse situé à 30 %. Chaque année, l’Église catholique portugaise accueille plus de 100.000 élèves dans ses institutions.
Le tabou des abus sexuels au sein de l’Église et les difficultés d’en témoigner ont été relaté dans le rapport qui rend compte des témoignages des victimes.
La conférence épiscopale portugaise a commencé l’examen du rapport en assemblée extraordinaire. Un préalable nécessaire et une réaction sont attendues de l’Eglise portugaise, quelques mois avant la visite du Pape François à Lisbonne cet été à l’occasion des Journées Mondiales de la Jeunesse. Il y a quatre ans, le souverain pontife avait appelé à une « bataille totale » contre le fléau de la pédophilie dans l’Église.
Église française : 330 000 mineurs victimes de crimes sexuels
En France, le rapport de la commission Sauvé sur les abus sexuels dans l’Eglise catholique française jusqu’aux années 1950 avait soulevé un voile d’horreur sur l’ampleur des crimes au moment de sa publication en octobre 2021.
« En élargissant l’analyse à l’ensemble des personnes en lien avec l’Église (personnel des établissements d’enseignement ou internats catholiques, laïcs assurant le catéchisme ou des services en aumônerie, animateurs de mouvements scouts ou d’autres mouvements catholiques de jeunesse), le nombre estimé de victimes mineures s’établit à 330 000 sur l’ensemble de la période », mentionnait le rapport dont Mizane.info avait publié de larges extraits.