Les élections législatives ont vu la défaite du Rassemblement national arrivé 3e du second tour bien qu’il soit la première force politique en nombre de voix. Un scrutin qui a valeur de sursis pour les habitants des quartiers et les Français de confession musulmane. Edito.
Un sursis, rien de plus. La défaite apparente du Rassemblement national aux élections législatives – le parti de Marine Le Pen obtient 40 députés de plus – a bien sonné comme un soulagement mais de courte durée.
Si la défaite infligée par le Nouveau Front Populaire à la coalition de petits partis emmenés par Macron et au RN de Bardella a été incontestablement accueillie comme une victoire par les Français de confession musulmane, le chemin est encore bien long avant une libération probante de l’islamophobie et du racisme structurel toujours bien fonctionnel dans la société française.
Le second tour des élections législatives s’est par exemple illustré par le maintien d’un niveau d’abstention élevé. En Seine-Saint-Denis, premier département musulman, l’abstention a atteint le chiffre de 42,84 %.
La défaite du RN a été le résultat d’une stratégie politique basée sur la constitution de coalitions hétéroclites, à gauche, chez les libéraux, et beaucoup moins à l’extrême droite. La défection des députés LR a largement contribuer à l’échec du RN malgré le ralliement de leur patron, Eric Ciotti.
A gauche, la stratégie d’isolement de LFI par Ruffin, Glucksmann, Faure, la droite de Wauquiez et les Macronistes ont conduit le pouvoir a annoncé son refus de nommer un Premier ministre issu de LFI, pourtant premier parti de gauche.
Des législatives sous haute tension
Ce dernier développement, qui apparaît comme la poursuite logique des dérives politiques antidémocratiques de l’actuel pouvoir affaibli, est aussi le résultat d’une très intense campagne de dénigrement et d’accusations d’antisémitisme portés contre Mélenchon et son parti pour son engagement pro-palestinien et sa dénonciation des crimes d’état israéliens.
Une campagne menée par une coalition contre-nature de soutiens de l’extrême droite, de la gauche et de la droite libérale, en lien avec des leaders d’opinion atlantistes, sionistes et conservateurs de droite et d’extrême droite.
Un succès en guise de sursis donc, un sursis aux apparences de faux succès. Le résultat de ces élections législatives qui empêche de peu le RN d’accéder aux affaires n’a néanmoins pas permis à la gauche populaire (LFI) de l’emporter.
Le tableau et l’analyse politique de la militante politique décoloniale et auteure du livre « Beaufs et barbares, le pari du nous » (La Fabrique) Houria Bouteldja sur sa page Facebook dresse à ce propos un état des lieux plutôt juste de la situation politique du moment.
« Ceux qui croient en autre chose qu’un sursis ont tort.
1/ Une victoire avec le parti socialiste ne peut pas être une vraie victoire. C’est même une garantie de futures trahisons. J’espère que Mélenchon a un dos d’acier, car les couteaux rentrent déjà.
2/ L’extrême droite est apparemment vaincue parce qu’elle améliore sa base parlementaire. De plus, sa base régionale ne cesse de s’agrandir, ce qui en fait un parti vraiment populaire (10 millions d’électeurs). Faire deux pas en avant et un pas en arrière s’appelle aller de l’avant, que ça nous plaise ou non. La seule chose à dire c’est que la marée n’a pas monté assez haut.
3/ Le parti de Macron tient bon, mais par défaut. C’est le vrai perdant de cette élection, mais cela ne fera pas disparaître son pouvoir de causer des ennuis.
4/ Enfin, la crise que traverse la France est structurelle : c’est une crise du capitalisme, des institutions de la 5ème République et une crise morale. La France est en déclin et le fascisme restera toujours une option pour résoudre la crise. Et je ne parle pas de l’état du monde et de la menace de la ou des guerres mondiales. Bref, la gauche radicale, c’est-à-dire la FI (merci à la France de couleur entre autres), est le seul véritable soutien que nous avons, pourvu qu’il le reste. Mais surtout, dans les mois à venir, elle doit conquérir les classes ouvrières, qui constituent une énorme réserve mais qui continuent à s’abstenir massivement. »
Oui, la marge de progression de LFI est très importante étant donné le pourcentage d’abstention de son électorat naturel, celui des quartiers à l’exemple de Roubaix représenté par David Guiraud. Cet électorat n’a toujours pas pris la réelle mesure de ce qui se joue en France : rien moins que l’avenir de la population musulmane et par extension de la France post-coloniale.
Le projet de loi prétendument axé contre les idéologies islamistes que va présenter le RN, prévoit ainsi l’instauration d’un apartheid antimusulman avec l’interdiction du voile sur la place publique et tous les lieux publics (mairies, préfectures, etc), la fermeture de centaines de mosquées, l’interdiction de revues, de publications et de livres, l’expulsion automatique d’étrangers de longue résidence pour un oui ou pour un non.
Une partie de ces mesures, qui figuraient dans le programme de 2017 de Marine Le Pen, a déjà été mise en place avec la loi contre le séparatisme votée par la majorité macroniste et la politique d’expulsion d’imams lancée tambour battant par le ministre de l’Intérieur. La continuation de ce projet n’est donc qu’une question de temps et nous savons que ce projet d’apartheid est soutenu par une partie importante des libéraux de gauche et de droite, des réseaux pro-israéliens en plus des milieux d’extrême droite racialistes et islamophobes. La mobilisation des quartiers, des acteurs sociaux, des associations et des influenceurs doit donc être lancée avec force et conscience claire des enjeux.
La formidable caisse de résonance offerte par les réseaux sociaux associée à un investissement beaucoup plus important du terrain par les militants et les citoyens engagés pour une nouvelle France fondée sur un nouveau pacte social, racial et culturel en phase avec la France réelle et non la France fantasmée d’un passé caduque, doit permettre à la gauche populaire de mener un authentique combat politique, économique, financier, social et non sociétal, vers une France qui résisterait au nouvel ordre mondial oligarchique dont les élites actuelles et passé ont trop souvent pris le chemin.
Fouad Bahri
Une réponse
Le véritable remède à l’islamophobie institutionnalisée est l’islamisme, mais pour ce faire il faut cesser de croire qu’on est encore et éternellement dans la période mecqoise..depuis plus d’un demi siècle! Si ça continue comme ça ils nous enverront dans la Jahiliya, si on n’y est pas déjà.. à en croire S. Qutb.