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En Inde, le BJP exacerbe les tensions entre hindous et musulmans

Alors que les élections générales approchent en Inde, les tensions religieuses se multiplient, dévoilant un clivage de la société entre hindous et musulmans.

Depuis de nombreuses années, l’Inde est un pays sujet à des tensions religieuses entre hindous – représentant près de 80 % de la population indienne- et musulmans, qui sont minoritaires. Le conflit a été ravivé ce lundi 31 juillet dans le district de Nuh majoriatirement musulman et qui est situé à 75 km de la capitale. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est la procession religieuse hindoue organisée ce lundi. Compte tenu du contexte, celle-ci apparaît pour les musulmans comme un acte de provocation.

Des violences préméditées ?

Cette procession a été organisée par deux groupes extrémistes hindous: le Vishwa Hindu Parishad (VHP) et son bras armé aux méthodes paramilitaires, le Bajrang Dal. Ces deux organisations appartiennent au Bharatiya Janata Party (BJP), le parti du premier ministre Narendra Modi.

Monu Manesar, membre du Bajrang Dal et déjà accusé du meurtre de deux musulmans, y aurait participé d’après les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux.

Tout laisse à penser que ces violences étaient préméditées. Asim Ali, un chercheur indépendant, affirme que « L’Etat de l’Haryana, dirigé par le BJP, est accusé d’avoir ignoré les avertissements de ses propres services de renseignement et aurait permis cette procession controversée, rendant la violence presque inévitable. D’autant que le Bajrang Dal scandait des slogans provocateurs et était lourdement armé de fusils, de machettes et de bâtons ».

Un bilan désastreux

Cette marche a très rapidement dégénéré, donnant lieu à des violences multiples. Sur les réseaux sociaux, on voit des vidéos montrant des foules qui détruisent les magasins, jettent des pierres, brûlent des voitures. Mais les dégâts ne sont pas seulement matériels. De nombreuses personnes sont blessées et 6 ont été tuées.

Des mesures du gouvernement

Ces conséquences dramatiques n’ont toutefois pas apaisé les tensions ce qui n’est pas sans inquiéter le gouvernement. En septembre 2023, New Delhi doit en effet accueillir le sommet du G20. Pour éviter tout débordement, la capitale a été placée en état d’alerte et des milliers de forces de sécurité ont été déployées aux alentours.

Ces mesures ont pour but de contenir les potentielles attaques des groupes extrémistes hindous. Des soulèvements organisés par ces derniers et dirigés contre les musulmans ont déjà eu lieu à Badarpur, où ils clamaient qu’on devrait « enfermer les djihadistes convaincus qui attaquent les hindous ».

L’Etat a également décidé d’imposer un couvre-feu et de couper l’Internet mobile dans certaines parties de l’État de l’Haryana, ce qui n’a pas suffit à arrêter les violences. Au contraire, celles-ci se sont répandues et ont atteint Gurgaon, la « ville millénium », considérée comme la vitrine de l’Inde moderne.

Siège de la multinationale Microsoft, cette ville a vu émerger une nouvelle vague de violences. Des commerces ont de nouveau été saccagés, des mosquées ont été brûlées et un clerc musulmans a été tué.

Un gouvernement complice des massacres

Depuis 2014 – date qui correspond à l’arrivée au pouvoir des nationalistes hindous – l’Inde est le théâtre de nombreuses violences interreligieuses. Le gouvernement nationaliste est accusé de marginaliser la communauté musulmane qui représente 15% de la population indienne. Le pic des violences anti musulmanes a été atteint en 2020, où plus de cinquante personnes avaient été tuées à New Delhi par des extrémistes hindous.

Le gouvernement joue un grand rôle dans ces pogroms contre les pratiquants de l’Islam. Pour le chercheur indépendant Asim Ali, « Les groupes tels que le Bajrang Dal tirent leur pouvoir de la complicité avec les agents de l’Etat, ils ne sont pas aussi puissants qu’on le suppose souvent. Une présence policière adéquate et des ordres d’agir pourraient suffire à les repousser ». 

Selon ce chercheur, la simple préoccupation de l’Etat est d’ « isoler cette violence dans des coins reculés et à l’empêcher de se propager » pour éviter qu’elle ne fasse « les gros titres avant et pendant le sommet du G20 ». L’Etat ne semble effectivement pas vouloir clairement s’opposer à ces violences, puisqu’il en est lui-même partisan. L’actuel premier ministre Narendra Modi a effectivement été accusé d’avoir laissé faire les massacres. 

Des violences ethniques

A ces tensions religieuses, s’ajoutent les violences ethniques dans l’Etat de Manipur, au Nord-Est de l’Inde. Une nouvelle fois, les autorités semblent favoriser la majorité meitei hindoue en marginalisant les Kuki, qui sont surtout chrétiens. En trois mois, 120 personnes sont mortes et des dizaines de milliers sont déplacées. 

Lundi, le même jour que les émeutes à Nuh, Yogi Adityanath, un moine fondamentaliste qui dirige l’Uttar Pradesh, l’Etat le plus peuplé du pays, a apporté son soutien à un effort pour détruire une célèbre mosquée qualifiée d’« erreur historique », en la remplaçant par un temple hindou.

Ce dernier avait déjà été à l’origine d’une controverse. En 2020, il avait qualifié les manifestantes musulmanes de « terroristes » et affirmé qu’il fallait leur donner « des balles et pas du biryani ».

Ce climat qui règne en Inde laisse présager une campagne pour les élections 2024 qui «risque de prendre des tournures violentes à intervalles réguliers, étant donné que cela a toujours été la stratégie de mobilisation des nationalistes hindous avant les élections », remarque Asim Ali.

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