L’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) a publié, ce jeudi, le portrait social de la France en 2024. Le rapport montre que les enfants d’immigrés non européens, bien que mieux formés et citoyens français, se sentent davantage rejetés que leurs parents. Explications
Le portrait social de la France en 2024, publié par l’INSEE ce jeudi, révèle que le sentiment de discrimination persiste, voire augmente, chez la deuxième génération d’immigrés. « L’amélioration des conditions socio-économiques des descendants d’immigrés et le fait qu’ils soient nés et grandi en France, ne les protège pas des situations de discriminations », souligne l’institut.
Mieux intégrés mais plus discriminés
Selon l’étude de l’INSEE, 34 % des enfants d’immigrés originaires d’Afrique ou d’Asie se sentent plus discriminés que leurs parents de première génération, soit huit points de plus. En revanche, les enfants d’immigrés d’origine européenne rapportent moins d’expériences de discrimination que la génération précédente (13 % contre 19 %).
Bien que la deuxième génération d’immigrés, toutes origines confondues, soit mieux intégrée que la première en termes de niveau d’études, de métier, de logement et de conditions de vie, ils subissent davantage de discriminations malgré leur meilleure intégration socio-économique et leur citoyenneté française.
Des discriminations qui se manifestent dès l’école
Selon l’INSEE, les personnes diplômées sont plus sensibilisées aux discriminations et inégalités, et donc plus enclines à les déclarer. Les discriminations sont notamment plus élevées pour les personnes originaires d’Afrique, du Maghreb, ou de confession musulmane. L’auteur de l’étude, Pierre Tonneau, explique :
« Le fait de pouvoir intégrer un meilleur milieu professionnel dans lequel il y a plus de personnes qui ne sont pas issues de l’immigration fait qu’ils expérimentent un plafond de verre »
Ces discriminations se manifestent dès l’école. 19 % des descendants d’immigrés non européens, rapportent avoir été moins bien traités dans le cadre de leur orientation scolaire en raison de leur origine ou couleur de peau, contre 8 % des descendants européens.
Le déni de la qualité de français
L’étude de l’INSEE révèle deux autres facteurs majeurs de discrimination : le « déni de la qualité de Français » et le « renvoi aux origines ». Ces deux facteurs « contribuent fortement au sentiment de discrimination quelle que soit l’origine » et « multiplient par deux à trois la probabilité de déclarer des discriminations ».
Sans surprise, les descendants d’immigrés non européens sont les plus touchés, avec 29 % confrontés à ces situations, contre 8 % pour les descendants d’immigrés européens.
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