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Facebook et la déstabilisation politique : une cadre révèle les pratiques du géant américain

Data scientist au service de Facebook, Sophie Zhang a été licenciée en août pour avoir publié un mémorandum dans un espace de discussion interne. Le contenu de ce texte montre les lacunes et la partialité de Facebook dans sa politique de lutte contre les faux comptes et ses conséquences politiques.

Bolivie, Honduras, Azerbaïdjan, Inde, Equateur : voici la liste partielle des pays qui ont fait les frais d’attaques politiques massives sur Facebook.

Le 14 septembre dernier, le site Buzzfeed dévoilait les grandes lignes d’un mémorandum publiée par Sophie Zhang, une analyste cadre de Facebook, licenciée au mois d’août.

L’ancienne responsable y mettait en avant le fait que des milliers de faux comptes politiques ont pu exercer librement leurs activités sans être désactivés par Facebook malgré plusieurs signalement internes.

« Je sais que j’ai du sang sur les mains »

Au Honduras, un réseau de milliers de faux comptes ont été utilisés pour soutenir la présidence de Juan Orlando Hernandez. Il a fallu environ un an pour les désactiver.

« Les équipes politiques locales ont confirmé que l’équipe marketing du président JOH avait ouvertement admis avoir organisé l’activité en son nom», a-t-elle écrit.

« Pourtant, malgré la nature manifestement violente de cette activité, il m’a fallu près d’un an pour mettre fin à son opération. »

Ce retrait a été annoncé par Facebook en juillet 2019, mais s’est avéré inutile. Le réseau a repris aussitôt ses activités.

« Ils étaient revenus dans les deux semaines suivantes avec un volume similaire d’utilisateurs », a écrit Zhang.

En Azerbaïdjan, le président a utilisé le même type de réseau pour harceler l’opposition.

En Bolivie, écrit Buzzfeed, Zhang a déclaré qu’elle avait détecté « une activité factice de soutien au candidat de l’opposition à la présidentielle en 2019 » et avait choisi de ne pas faire de son traitement une priorité. Des mois plus tard, la politique bolivienne est tombée dans la tourmente, conduisant à la démission du président Evo Morales et à « des manifestations de masse conduisant à des dizaines de morts ». « Je sais maintenant que j’ai du sang sur les mains », a ajouté l’ex-collaboratrice de Facebook.

Un pouvoir sans contrôle politique

Ces révélations soulignent l’immense pouvoir politique dont jouit Facebook et qui échappe à tout cadre légal et à tout contrôle démocratique. Une dérive inquiétante que ce dernier témoignage n’a fait que confirmer.

« Sans aucune surveillance, je me suis retrouvée dans une situation où l’on me confiait une immense influence pendant mon temps libre », a-t-elle écrit. « Un responsable stratégique m’a dit un jour que la majeure partie du monde en dehors de l’Occident était en fait un Far West et que j’étais moi-même un dictateur à temps partiel »

Sophie Zhang estime que ces dysfonctionnements sont le fruit d’un manque de moyens mis en place par la société de Mark Zuckerberg, eux-mêmes l’indice d’un manque de volonté. Les dynamiques démocratiques des petits pays auraient été sacrifiées aux zones stratégiques premières que sont les Etats-Unis et l’Europe.

« Facebook projette une image de force et de compétence au monde extérieur (…) mais la réalité est que beaucoup de nos actions sont bâclées et aléatoires », écrit-elle.

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