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Faut-il quitter la France ?

Partir ou rester ? S’investir ou tout quitter ? Face aux bouleversements que connait l’Occident et, plus particulièrement la France, l’écrivain Sofiane Meziani propose sur Mizane.info une lecture alternative et spirituelle sur la question de plus en plus pregnante de la « hijra » en rappelant, avant tout, que « les musulmans doivent participer aux grandes conversations de notre époque s’ils aspirent à imposer un nouveau récit à l’humanité ».

L’Histoire contient encore de nombreuses pages vierges en attente de réponses en raison d’un avenir qui n’a jamais été aussi incertain. Ces pages blanches de l’histoire sont une opportunité qui s’offre aux musulmans pour entrer sérieusement en scène, et conduire l’intrigue dans une bonne direction, car leur vision intégrale du monde contient les réponses à ces interrogations cruciales que suscitent les bouleversements sans précédent qui caractérisent notre époque.

Il faut donc prendre de la hauteur en ayant une vision globale plutôt que de réduire les enjeux de notre temps aux débats pathétiques qui animent la scène politique française.

La fin d’un récit 

Une récente étude sur la diaspora française musulmane, menée par trois universitaires français, a mis en évidence comment l’islamophobie dans son exception française conduit de plus en plus de citoyens de confession musulmane à trouver le chemin de leur ascension sociale en dehors de l’Hexagone. Un phénomène silencieux qui travaille la société française et qui mérite réflexion.

Sans surestimer le problème qui ne concerne pour l’heure qu’une classe minoritaire, nombreux sont ceux qui, à juste raison, s’interrogent sur la nécessité de quitter cette France qui cherche à écrire son histoire sans les musulmans. Le chaos politique français est l’un des symptômes d’une crise civilisationnelle que nous traversons à l’échelle globale et qui se caractérise par un questionnement intense et le besoin de formuler de nouveaux modèles politiques et économiques.

L’Occidental vit dans l’épuisement de son fonds culturel. La vision libérale, qui prétendait signer la fin de l’Histoire, est en train de tomber en disgrâce en se révélant n’être finalement qu’un « immense racket » institutionnalisé qui ne profite qu’à une « élite » au détriment de la « masse ». Nous entendons par libéralisme une doctrine politique et économique fondée sur la primauté de l’individu et l’obsession de la croissance économique.

Il n’y a, à notre sens, aucune pertinence à distinguer la version économique du libéralisme (incarnée par la droite) de la version politique (représentée par la gauche), l’un ne pouvant, effectivement, fonctionner sans l’autre. En effet, dans une société libérale, chaque désir de l’individu est aussitôt transformé en droit que l’État doit garantir et que la Marché doit assouvir.

Sous le poids d’une telle doctrine, la cohésion sociale se trouve brisée au profit d’une simple association contractuelle d’individus liés entre eux par des contrats rationnels intéressés, déliés de toute appartenance constitutive. On n’est moins dans une société politique que dans un agrégat d’individus où s’additionnent des intérêts privés ; une société où règne une solitude de masse ayant pris goût à la médiocrité.

Du sacrifice à la conservation de soi ? 

Le libéralisme défend une vision pauvre et étriquée de l’homme en le réduisant à n’être qu’un fade individu titulaire de droits qui compte sur l’État pour assurer sa sécurité et sur le Marché pour satisfaire ses caprices. Autrement dit, l’État, dans la perspective libérale, a un devoir de neutralité qui limite son pouvoir à la défense du « juste », laissant à l’individu le soin autonome de définir sa propre conception du « bien » au nom du relativisme culturel, et au Marché de créer les conditions du « bonheur » basé sur la satisfaction des besoins matériels.

Le libéral donc, contrairement à l’idée qu’on s’en fait, n’est pas celui qui a l’esprit ouvert et tolérant, mais celui qui n’a d’yeux que pour l’individu et une dent contre toute autorité politique, religieuse, parentale ou autre – qui entrave ses choix personnels. Le règne de l’individu interdit toute notion de dévouement à la communauté et réduit la société à un simple instrument de satisfaction des désirs du consommateurs, d’où l’explosivité des subjectivités et le triomphe du narcissisme.

Un État libéral ne peut en effet compter sur l’individu qu’il protège juridiquement pour assurer sa défense au péril de sa vie si les circonstances l’exigeaient. Dans une société traditionnelle, de type plutôt holiste qu’individualiste, le sacrifice de soi pour des intérêts supérieurs représentait la vertu cardinale qui façonnait ses membres.

Tandis que, pour la première fois dans l’histoire de la civilisation humaine, la modernité occidentale a érigé, non plus le sacrifice, mais la « conservation de soi » en idéal fondateur des sociétés modernes où l’objectif est de jouir sans entraves et en toute sécurité.

Une identité de refuge 

N’ayant pas de récit global de substitution au paradigme libéral, le monde est en train de traverser un moment nihiliste de désillusion et de colère qui, faute d’une nouvelle vision de l’avenir, conduit les sociétés à se replier sur un conte nationaliste ravageur.

En effet, face à la montée en puissance de l’extrême droite qui, en France, a remporté la bataille sur le plan idéologique, de plus en plus de français musulmans cherchent dans leur culture d’origine une identité de refuge, une nouvelle façon de se définir en réaction au mépris politique qu’ils subissent en France. La plupart du temps, ce recours à la culture d’origine se fait moins par amour pour le pays des parents que par « rancœur » contre le pays de Pétain.

Cette redécouverte désespérée de la culture d’origine se traduit le plus souvent par un nationalisme réactionnaire qui conduit les mal-aimés de France à nourrir des fantasmes sur la terre de leur parent. Troublés dans l’appartenance à leur pays natal, ils en viennent à idéaliser et à sublimer le pays d’origine qui finit par exercer sur eux un effet de fascination biaisant ainsi leur jugement et leur perception de la réalité.

C’est ainsi que le Maroc est devenu le nouvel eldorado de ces mal-aimés. Cette crise identitaire qui les affecte ne témoigne-t-elle pas, finalement, de dispositions mentales par lesquelles ils ont intégré un sentiment d’impuissance face à la pression de l’islamophobie décomplexée en France créant ainsi les conditions de leur vulnérabilité politique ?

L’expatriation, dans de telles conditions, n’est-elle pas une façon de réaliser à peu de frais le programme de l’extrême droite ? Une chose est sûre, cela dit : la réponse la plus pertinente face à l’adversité politique française c’est avant tout de se sentir plus français que jamais.

L’expatriation : nouveau phénomène de « hijra » ? 

Rien n’interdit l’exil notamment sous l’oppression. Pourquoi se borner à demeurer en un lieu hostile tandis que la terre de Dieu est vaste ? Quitter la France n’est pas nécessairement une manière de fuir le « combat » de la même façon qu’y demeurer n’est pas toujours un acte de résistance. Il importe toutefois de savoir quel sens donner à l’exil.

Certes, le climat politique en France n’est pas propice au vivre-ensemble et ne permet pas de faire sereinement société. Rien donc de plus légitime que de chercher à l’horizon une terre plus favorable à nos aspirations spirituelles. Il n’y a certes aucun intérêt ni aucune pertinence, compte-tenu des enjeux globaux de notre époque, à faire de l’exil un projet communautaire parce qu’il n’a d’efficacité que sur le plan personnel.

Toutefois, bien qu’il constitue une solution individuelle, au cas par cas, qui n’a de pertinence qu’à court ou moyen terme, l’exil doit s’inscrire dans une conscience collective, c’est-à-dire avec une sensibilité communautaire qui permet de rester engagé dans les affaires et les luttes que la communauté doit mener en faveur de la justice et de la paix. La valeur de l’exil, comme nous l’enseigne un notoire hadith du Prophète (saw), est selon le mobile qui l’anime.

Celui qui emprunte le chemin de l’exil en l’inscrivant dans une mission cosmique, celle d’assumer sa fonction de représentant de l’Unique, a un mérite bien supérieur à celui qui émigre uniquement pour s’offrir des opportunités économiques. L’exil doit s’accomplir dans la vision unitive du tawhîd, non dans la convoitise dispersante du bas-monde.

Autrement dit, l’exil est une réponse pertinente quand il s’inscrit dans une vision globale de notre réalité et non quand il n’est qu’une simple réaction passionnée à un climat politique délétère qui, dans certains cas, sert de prétexte à la soif de profit. La « hijra » du Prophète (saw) en est une parfaite illustration : loin d’être réactionnaire, elle constituait une étape stratégique dans sa mission de libération de la Mecque et, plus globalement, de purification de l’humanité.

Autrement dit, ce qui est regrettable n’est pas de quitter la France, mais de la quitter sans vision claire de l’avenir. Aussi, nous apparaît-il pertinent de distinguer l’exil de l’expatriation : partir dans le cadre d’une fonction cosmique n’a pas le même sens que partir dans le seul but de se créer de bonnes conditions matérielles, ni même de s’aménager un petit « cocon spirituel » avec des relents individualistes.

D’ailleurs, le Maroc, pour ne prendre que cet exemple, attire moins par ses minarets que par les opportunités économiques qu’il offre. Terre des saints, le Maroc, notamment avec le phénomène de l’expatriation, se métamorphose en foire des entrepreneurs. Beaucoup donc quittent la France en qualité d’expatrié, très peu avec la conscience de l’exilé…

Un bagage d’interrogations 

Dans cette époque de perplexité et de brouillard intellectuel, il n’est certes pas aisé d’avoir les idées claires. Difficile, en effet, de rester lucide dans un monde submergé d’informations sans pertinence. Ne pas avoir de réponses aux problèmes que pose notre trouble époque reste compréhensible ; ce qui est toutefois impardonnable est d’ignorer les questions clés qu’elle soulève :

Quelle vision de l’homme dans un monde en pleine mutation anthropologique ? Quel nouveau récit pour l’avenir de notre humanité ? Quelles modalités d’existence dans un univers où les révolutions de la biotech et de l’infotech sont en train de lancer des défis inédits ? Comment appréhender ce monde de transformations et d’incertitudes radicales ? Celui qui fait le choix de quitter la France doit emporter avec lui toutes ces interrogations s’il veut donner sens à son exil.

L’exil physique ne doit en aucun cas justifier la désertion intellectuelle. L’Histoire ne fera pas de cadeau à ceux qui ont déserté le champ de ces interrogations cruciales, qui appelle à étudier, enquêter, lire et surtout réfléchir, parce qu’ils ont des choses plus pressantes à réaliser : lancer un business, suivre une séance de fitness ou occuper ses enfants.

L’histoire de l’humanité peut s’écrire sans nous, mais ni nous, ni notre progéniture n’échapperont au sort qu’elle nous réserve. Nous avons besoin d’une vision claire pour façonner le monde demain. L’effondrement idéologique de l’Occident qui marque la fin de son hégémonie culturelle appelle un nouveau récit dans lequel les musulmans, porteurs d’une vision globale de l’humanité, sont amenés à jouer un rôle crucial dans le salut collectif.

L’Universel brisé

Sous le poids de la « mort de Dieu », la Vérité, laquelle englobe toutes les valeurs universelles sous un même ciel métaphysique, s’est trouvée brisée en mille morceaux ; chaque morceau, privé du Tout dont il n’est qu’un aspect fragmenté, s’est mis à revendiquer pour son propre compte une nouvelle voie d’émancipation.

C’est ainsi qu’ils ont pris la forme de l’anarchisme, du communisme, du libéralisme, etc. tous confondant, selon les idéaux qu’ils défendent, le morceau brisé qu’ils représentent avec le Tout qui les fonde. Au fond, chacun de ces courants idéologiques ne défend qu’un aspect hypertrophié de l’Universel au détriment des autres aspects, créant ainsi des déséquilibres systématiques dans l’univers culturel occidental.

En effet, l’un, au nom de l’idéal de liberté, défend les droits individuels au détriment des intérêts collectifs ; l’autre, au nom du bien commun, dilue l’individu dans la communauté, créant ainsi des antagonismes inconciliables entre individu et communauté, riche et pauvre, homme et femme etc., à défaut de vision intégrale capable de les harmoniser.

Privées du ciel métaphysique dans lequel elles trouvaient une synthèse harmonieuse, chacune de ces idéologies, autrement dit, s’est mise, au nom d’un idéal hypertrophié, à créer de nouvelles voies d’émancipation sous son prisme étroit et brisé, indépendamment du Tout auquel il participe, produisant ainsi les conditions de crises permanentes.

Le tawhîd : une vision totalitaire ? 

La vision intégrale que défend l’islam aura le mérite de recollectionner ces « morceaux » idéologiques dans un équilibre parfait en tant que chacun d’entre eux participe, à travers les valeurs qu’il défend, à l’Harmonie cosmique. Si l’islam est la cible privilégiée de l’Occident c’est parce qu’il constitue le dernier rempart contre son modèle de domination en ce qu’il est le seul à défendre, à travers le paradigme du tawhîd, une vision intégrale et équilibrée de l’homme.

La globalité de l’islam, dans lequel certains ont cru y voir faussement une forme de totalitarisme, permet de trouver un juste équilibre entre le temporel et le spirituel, l’ici-bas et l’Au-delà etc. Certains commettent l’erreur de ne pas comprendre que chaque aspect de l’islam est solidaire d’une vision globale : il n’y a ni communisme, ni féminisme, ni libéralisme dans le Coran ; il y a vision intégrale qui défend à la fois le riche et le pauvre, la femme et l’homme, l’individu et la communauté, l’entrepreneur et le salarié etc.

Il y a une synthèse harmonieuse entre les différents aspects de la religion qui tient compte des différentes strates de la société. Dans la perspective du tawhîd, doctrine de l’Unicité absolue de Dieu, l’homme a pour vocation cosmique d’assurer l’harmonie sur terre, il est, autrement dit, responsable des équilibres dans la création. Sa foi en l’Unique lui permet d’assigner des fins et du sens à ses actions pour préserver l’unité du monde au-delà de sa multiplicité apparente.

La foi en l’Unicité de Dieu prend la forme d’une conquête de l’unité, et la vision intégrale qu’elle lui offre, lui permet de comprendre que tous les éléments de la création sont reliés par le fil métaphysique de l’Unicité qui assure l’unité des choses dont il doit être le garant en tant qu’image de l’Unique. En effet, chaque élément, en remplissant le rôle qu’il lui est assigné, fait vibrer ce fil invisible de l’Unicité divine communiquant ainsi aux autres éléments auxquels il est relié ce qui leur manque pour assurer à leur tour leur fonction respective.

Une vision démoniaque de l’homme

L’islam se fait ainsi une haute idée de l’homme qui contraste radicalement avec la vision de l’humanisme moderne pour lequel la célébration de la dignité humaine n’est rien d’autre que le culte de l’égo occidental. Chaque fois que l’humanisme parle de la grandeur de l’humain, c’est pour chanter la gloire de l’homme occidental.

La pensée moderne a projeté sur l’homme le même regard que celui de Satan qui refusa de se prosterner devant Adam parce qu’il n’y voyait qu’un tas d’argile. L’arrogance d’Ibliss, qui semble avoir inspiré la pensée occidentale moderne, l’a empêché de voir et de reconnaître la réalité profonde de l’homme qui le rend capable de dialoguer avec l’Absolu, de percevoir métaphysiquement l’Infini et de vivre dans les vibrations de l’Éternité.

Ibliss a porté un regard étroit sur l’homme en le réduisant à son enveloppe charnelle étant incapable de percevoir la nature spirituelle qui a hissé l’humain au rang de dépositaire de la lourde Parole divine. C’est sur une telle vision étriquée pour ne pas dire démoniaque de l’homme que l’Occident moderne a fondé sa civilisation.

Pas étonnant donc qu’il soit peuplé de misérables créatures d’argiles préoccupés uniquement par la conservation de leurs droits privés et la satisfaction de leurs besoins personnels n’ayant aucune haute aspiration que la consommation d’une vie frivole. La dégénérescence intellectuelle et spirituelle de l’Occident moderne trouve sa justification avant tout dans sa conception étroite de l’homme.

L’islam comme source de redressement spirituel 

Peu importe où ils se trouvent, les musulmans doivent participer aux grandes conversations de notre époque s’ils aspirent à imposer un nouveau récit à l’humanité. Et c’est particulièrement le terrain des valeurs qu’ils ont la tâche d’investir intellectuellement pour défendre leur vision du monde, c’est-à-dire en réinterrogeant et en redéfinissant à nouveaux frais les notions de liberté, d’égalité, de justice, de dignité humaine, toutes ces valeurs sur lesquelles l’Occident croît détenir le monopole.

Dans le récit libéral, où la religion est condamnée à être une foi sans vitalité, sans rayonnement social, les musulmans se sont trouvés réduits à des personnages secondaires, car les acteurs de l’aventure libérale ne tolèrent dans leurs intrigues qu’un islam de figurants. Dans « l’esprit ouvert » des libéraux, il n’y a aucune place pour les musulmans qui veulent écrire l’histoire et qui contestent à l’idéologie dominante leur prétention à l’autorité exclusive de façonner le monde à leur image.

Dans un tel récit, l’islam qui proscrit le mal et encourage le bien, qui veut ouvrir de nouvelles perspectives à l’humanité, qui veut frayer un nouveau chemin dans l’art, l’économie, la pensée, la politique, et faire avancer la science à d’autres fins que le profit et la domination, cet islam-là est dépeint, dans une logique de propagande pro-libérale, sous des traits obscurs et diaboliques pour la simple et unique raison qu’il risque de faire sérieusement de l’ombre aux protagonistes du libéralisme imbus de leur idéologie.

Les musulmans doivent donc cesser de rester plantés dans le décor du libéralisme en végétant dans le monde sans âme du capitalisme et refuser de se définir au gré du programme politique des uns et des autres. L’Histoire est en train de leur offrir une opportunité nouvelle de se hisser au sommet de la civilisation humaine en tant que détenteurs d’une vision salvatrice permettant le redressement spirituel et intellectuel de l’humanité.

Une vision où les acteurs du désordre sont tenus en échec et qui demeure la seule et unique alternative à la crise civilisationnelle contemporaine. L’islam, autrement dit, est appelé à imprimer sa conscience de l’Universel à la science occidentale pour empêcher que ses prétentions scientifiques finissent par ruiner définitivement l’âme de l’humanité…

Même si l’état du monde paraît désespérant, nous refusons de raisonner en termes apocalyptiques et gardons espoir en la Sagesse divine car nous sommes convaincu qu’elle est encore appelée à répéter son miracle, in shâ Allâh, pourvu que le croyant s’en imprègne avec cœur et intelligence.

Sofiane Meziani

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