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Fête du sacrifice : face aux contraintes, les alternatives se développent

Elevage Mouton - Aïd al Adha

La difficulté structurelle d’organisation de l’abattage rituel de moutons ou d’agneaux à l’occasion de la fête du sacrifice (aïd al adha) ont poussé certains acteurs a proposé des alternatives. L’association Kebchi en fait partie. Le focus de Mizane.info.

Association à but non lucratif créée il y a 5 ans, Kebchi organise, à l’occasion de la fête du sacrifice (aïd al adha), la livraison de bêtes sacrifiées aux mosquées depuis trois ans.

Un nouveau service qui répond à une demande. La difficulté de trouver un abattoir remplissant le cahier des charges sanitaire et opérationnel exigé par les préfectures ont largement compliqué les conditions de sacrifice de l’aïd.

Des abattoirs mobiles à disposition

Dans certaines régions, la principale alternative repose sur des abattoirs mobiles mis à disposition d’acteurs locaux.

Mais ce type de réponse est loin de répondre à la demande. Depuis quelques années, de nouvelles offres se sont développées.

« Nous proposons deux services : soit les fidèles nous mandatent pour sacrifier une bête en leur nom dans 5 pays d’Afrique, soit ils reçoivent leur carcasses le lendemain de l’aïd à la mosquée » explique Younes El Adly, le responsable de Kebchi à la rédaction de Mizane.info.

Un service qui a le vent en poupe et qui s’appuie sur une proximité avec les mosquées. Cette année Kebchi travaille avec 80 mosquées en Île-de-France, Strasbourg, Bordeaux, Nantes, Lyon et en Isère.

Ce succès, Kechi l’attribue notamment à la garantie qu’elle propose de la traçabilité du sacrifice.

« Nous fournissons toutes les preuves photos et vidéos de ces sacrifices, ce qui nous a valu de nombreux avis positifs sur Google car cette traçabilité est faite à grande échelle. »

Un recul du sacrifice rituel en France

Cette explosion du service de prise en charge de l’abattage rituel pour l’aïd al adha atteint un volume de plusieurs dizaines de milliers de bêtes sacrifiées par l’association à but non lucratif.

La quasi totalité des sacrifices sont effectués en Afrique (80 %) et 20 % seulement en France.

Deux chiffres qui démontrent donc un recul relatif du sacrifice en France. Comment l’expliquer ? Pour Younès El Adly, trois facteurs socio-économiques sortent du lot.

  • La plupart des musulmans de France de la 2e ou 3e génération ne savent pas sacrifier un mouton, ni même le préparer à la découpe.
  • La saisonnalité de l’aïd. La plupart du temps l’aïd al adha survient durant l’été à une période où beaucoup de musulmans partent en vacances en France ou à l’étranger et ne sont pas présents pour le célébrer.
  • La viande de l’agneau n’est pas plébiscité. Beaucoup de fidèles ne savent pas quoi faire de 20 kg de viande avec un petit congélateur dans des espaces urbains.

D’autres raisons expliquerait cette baisse tendancielle. Le nombre de bêtes disponibles sur le territoire français serait insuffisant à répondre à la demande.

De nombreuses bêtes sont importées d’Espagne, d’Irlande, du Royaume-Uni. Dans ce marché, la plus chère est la viande espagnole, la moins chère la viande bulgare et roumaine.

La fourchette de prix des agneaux va donc de 250 à 400 € en fonction de la qualité et de la provenance de l’agneau.

En France, le coût de sacrifice d’une bête dans un abattoir est évalué à 50 € et la découpe de la bête coûte la même chose. Cet excédent tarifaire s’ajoute au prix de vente de la bête estimé à 200 ou 220 €.

Il y a ensuite la question de la règle religieuse.

« 2 avis existent, explique le responsable de Kebchi : la bête doit avoir 1 an chez les malikites et les shafi’ites et au moins 6 mois pour les hanafites et les hanbalites. Sauf qu’il y a de la fraude sur l’âge des bêtes. Beaucoup d’éleveurs font de l’engraissage et vont accélérer la croissance de la bête en leur injectant des produits afin qu’à 4 ou 5 mois, l’agneau ait l’apparence d’une bête de six mois (poids, pelage, dentition). L’avis sur les six mois est une permission à la base mais la permission est devenu la règle ce qui pose problème. »

Raison pour laquelle le certificateur halal AVS avait récemment abandonné la certification des agneaux pour l’aïd.

La question des normes réglementaires

Autre difficulté, le sacrifice sans électronarcose implique la demande d’une dérogation préfectorale avec le respect de plusieurs conditions sanitaires et techniques.

Les abattoirs n’étant pas confessionnels et n’étant régis que par la logique du chiffre, ne présentent pas ces demandes de dérogation.

Les normes réglementaires édictées par les autorités publiques sont-elles pour leur part un frein à la pratique de l’aïd ? Ce n’est pas l’avis de Younès El Adly.

« Contrairement à ce que pensent certains fidèles, l’État ne tentent pas de freiner la pratique de l’aïd. C’est le contraire. L’État fait montre de beaucoup de souplesse sur l’application des normes administratives durant l’aïd. Exemple : la mise à froid de la bête doit être de 24 h. Pendant l’aïd, ce délai est raccourci. La température ambiante du véhicule de transport doit être également de 7 ° mais durant l’aïd, cela peut aller jusqu’à 14 °, ce qui ne pose pas de problèmes. »

« Les autorités sont en recherche d’interlocuteurs compétents, ajoute-t-il, et encouragent les mosquées à proposer des solutions qui permettent l’organisation de l’aïd tout en respectant les conditions sanitaires ».

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