À peine annoncé, le nouveau gouvernement suscite déjà des critiques. Dix jours après son arrivée à Matignon, François Bayrou a réussi de justesse à former un gouvernement « avant Noël ». Les noms des 35 ministres ont été révélés hier, en début de soirée, avec un nombre de « revenants » record. Le point de la rédaction.
La gauche ainsi que le Rassemblement National ont immédiatement dénoncé la nouvelle composition gouvernemental. Les Républicains (LR) ont également exprimé des réserves. Sur les 35 ministres nommés, 19 faisaient déjà partie du gouvernement renversé le 4 décembre par l’Assemblée. De plus, un tiers des nouveaux entrants ont déjà été ministres sous Emmanuel Macron.
Les trois surprises du chef
Parmi les revenants, on retrouve Gérald Darmanin, qui avait émis le souhait, en septembre, de devenir ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. Il sera finalement à la Justice. Ce fidèle de Macron, qui avait dirigé Beauvau jusqu’en septembre dernier, fait son retour au gouvernement dans un rôle réorienté.
Celui que plus personne n’attendait : Manuel Valls. Son éventuel comeback dans un gouvernement était devenu une blague internant qui revenait en boucle sur Twitter à chaque remaniement. Il réintègre le gouvernement en tant que ministre des Outre-mer. Cet ancien ministre de l’Intérieur et Premier ministre sous François Hollande est la nomination surprise de ce remaniement.
Élisabeth Borne, encore à Matignon en janvier, rejoint maintenant l’équipe Bayrou comme ministre de l’Éducation nationale, avec des responsabilités élargies à l’Enseignement supérieur et à la Recherche. Surnommée « Madame 49.3 » pour son rôle dans la réforme des retraites de 2023, elle reste une figure controversée.
Cap à droite toute
Retour également de François Rebsamen, cette fois comme ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation. Il avait déjà été ministre du Travail dans le gouvernement Valls. Aurore Bergé, députée des Yvelines, est nommée ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Elle avait précédemment occupé divers postes sous les gouvernements Borne et Attal.
Bruno Retailleau conserve son poste au ministère de l’Intérieur, et Rachida Dati reste à la Culture. Le gouvernement, dévoilé lundi sans l’appui de la gauche mais avec le soutien de poids lourds macronistes, se retrouve encore une fois avec le RN en position d’arbitre.
« C’est un peu un Barnier II puisque François Bayrou se place dans la même configuration politique. (…) Ça va être très compliqué pour la suite », observe le constitutionnaliste Benjamin Morel.
Un gouvernement sans légitimité ni majorité
Sur X, Mathilde Panot, cheffe des députés insoumis, critique « un gouvernement rempli de personnes désavouées dans les urnes et qui ont contribué à couler notre pays… avec le soutien de Marine Le Pen et du RN ». Olivier Faure, patron du PS, qualifie ce gouvernement de « provocation« . Il dénonce un remanie « au pouvoir sous la surveillance de l’extrême droite ».
« Au vu des réactions des socialistes, il va être très compliqué pour eux de ne pas aller vers la censure », confirme Benjamin Morel, notant une droitisation du gouvernement avec Retailleau à l’Intérieur et Darmanin à la Justice.
Marine Le Pen, pour sa part, critique un gouvernement Bayrou « manquant de légitimité et de majorité ». « Il va devoir changer de méthode, écouter et entendre les oppositions pour construire un budget qui prenne en compte les choix exprimés dans les urnes », avertit-elle sur X.
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