De retour d’un déplacement en Égypte, le président français Emmanuel Macron a annoncé, lors d’un entretien accordé à France 5, qu’il pourrait reconnaître l’État de Palestine « en juin ». À ce jour, près de 150 pays ont officiellement reconnu l’État palestinien, mais aucun pays membre du G7 n’a encore franchi ce pas. La solution à deux Etats reste de surcroît rejetée par Israël. Explications.
Dans un entretien accordé à l’émission « C à vous », diffusée ce mercredi sur France 5, Emmanuel Macron a déclaré qu’il fallait « aller vers une reconnaissance » d’un État palestinien « en juin ». Il a aussi affirmé que Benjamin Netanyahu « ne sert pas la sécurité des Israéliens » et que son intervention militaire à Gaza « n’est pas conforme au droit international », allant jusqu’à la qualifier de « crime ».
Gaza « n’est pas un projet immobilier »
Jusqu’à présent, la position de Paris était prudente. Désormais, le chef de l’État annonce vouloir « aller vers une reconnaissance [de l’État palestinien] dans les prochains mois ». Il a notamment souligné que la « priorité » était la levée du blocus humanitaire imposé par Israël depuis le 2 mars, et l’instauration d’un nouveau cessez-le-feu.
Cette reconnaissance, selon lui, permettrait aussi de « clarifier notre position face à ceux qui contestent le droit d’Israël à exister ». Il a également révélé avoir échangé sur cette initiative avec le président américain Donald Trump, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman.
Macron a aussi insisté sur la nécessité d’une « structure de sécurité régionale » garantissant la stabilité pour tous. Il a catégoriquement rejeté le plan de Donald Trump visant à expulser les Palestiniens de Gaza, affirmant que l’enclave « n’est pas un projet immobilier ».
“On doit aller vers une reconnaissance et donc, dans les prochains mois, on ira”, a déclaré Emmanuel Macron sur France 5 à son retour d’Égypte. Le chef d’État estime qu’elle pourrait se faire à l’occasion d’une conférence coprésidée avec l’Arabie saoudite aux Nations Unies. pic.twitter.com/wIwOBzXFNe
— AJ+ français (@ajplusfrancais) April 10, 2025
« Ce que vous faites est un crime »
Actuellement, environ 150 pays reconnaissent officiellement l’État de Palestine. En mai 2024, l’Irlande, la Norvège et l’Espagne ont rejoint les quelques pays européens ayant franchi ce pas, suivies par la Slovénie en juin. Cependant, aucun membre du G7, y compris les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne ou l’Italie, ne s’est encore engagé dans cette voie.
Lire sur le sujet : La Norvège, l’Irlande et l’Espagne reconnaissent l’État de Palestine
Israël, pour sa part, rejette toujours la solution à deux États. Le président français a aussi estimé que Netanyahu « ne protège pas la sécurité des Israéliens en faisant croire que la réponse ne peut être que militaire ». Il a déclaré qu’il fallait rappeler au premier ministre israélien :
« Ce que vous faites n’est pas conforme au droit international, ce que vous faites est aussi un crime, ce ne sont pas vos valeurs, ce qui est en train d’être fait en votre nom n’est pas votre intérêt. »
Un pas vers la bonne direction
Du côté israélien, la réaction a été immédiate. Le ministre des Affaires étrangères Gideon Saar a dénoncé sur X (ex-Twitter) une « reconnaissance unilatérale d’un État palestinien fictionnel (…) [qui] constitue une récompense à la terreur et un encouragement au Hamas ».
À l’inverse, Varsen Aghabekian Shahin, ministre des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne, a salué cette prise de position française, qu’elle qualifie de « pas dans la bonne direction, en phase avec la défense des droits du peuple palestinien et la solution à deux États ».
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