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Frithjof Schuon : « L’intelligence prouve l’envergure divine de notre nature »

Penseur, métaphysicien et auteur d’une œuvre considérable sur la sophia perennis, Frithjof Schuon nous présente, dans une série de citations extraites de sa bibliographie, sa conception de l’Homme, de sa vocation et de la profondeur extraordinaire de sa destinée.

« L’être humain, de par sa nature, est condamné au surnaturel. »

Sur les traces de la religion pérenne, Frithjof Schuon, éd. Le Courrier du Livre, 1982, p. 39

« Intelligence objective, volonté libre, âme vertueuse : ce sont ces trois prérogatives qui constituent l’homme. »

L’ésotérisme comme principe et comme voie, Frithjof Schuon, éd. Dervy Livres, 1997, p. 103

« La double mission de l’homme : connaître l’Absolu à partir du contingent, et manifester le premier dans le second. »

Approches du phénomène religieux, Frithjof Schuon, éd. Le Courrier du Livre, 1984, p. 9

« On a dit que l’homme est un animal raisonnable, ce qui, tout en étant insuffisant et malsonnant, n’est pas dépourvu de sens : en effet, la faculté rationnelle indique la transcendance de l’homme par rapport à l’animal.

L’homme est raisonnable parce qu’il possède l’intellect, qui par définition est capable d’absolu et par conséquent de sens du relatif, et il possède l’intellect parce qu’il est déiforme ; il le montre d’ailleurs physiquement par sa forme corporelle et sa forme crânienne, de même que par sa position verticale, puis par le langage et par la capacité productrice. L’homme est une théophanie, par sa forme autant que par ses facultés. »

La conscience de l’Absolu, Frithjof Schuon, éd. Hozhoni, 2016, p. 88

« Une des clefs pour la compréhension de notre vraie nature et de notre destinée ultime est le fait que les choses terrestres ne sont jamais proportionnées à l’étendue réelle de notre intelligence. Celle-ci est faite pour l’Absolu, ou elle n’est pas ; l’Absolu seul permet à notre intelligence de pouvoir entièrement ce qu’elle peut, et d’être entièrement ce qu’elle est.

De même pour la volonté, qui d’ailleurs n’est qu’un prolongement, ou un complément, de l’intelligence : les objets qu’elle se propose le plus ordinairement, ou que la vie lui impose, restent en deçà de son envergure totale ; la « dimension divine » seule peut satisfaire la soif de plénitude de notre vouloir ou de notre amour. »

Regards sur les mondes anciens, Frithjof Schuon, éd. L’Harmattan, 2016, p. 139

Une des preuves de notre immortalité, c’est que l’âme – laquelle est essentiellement intelligence ou conscience – ne peut avoir une fin qui soit au-dessous d’elle-même, à savoir la matière, ou les reflets mentaux de la matière ; le supérieur ne peut être simplement fonction de l’inférieur, il ne peut n’être qu’un moyen par rapport à ce qu’il dépasse.

C’est donc l’intelligence en soi – et avec elle notre liberté – qui prouve l’envergure divine de notre nature et de notre destinée. Qu’on le comprenne ou non, l’Absolu seul est « proportionné » à l’essence de notre intelligence. »

Comprendre l’islam, Frithjof Schuon, éd. Le Seuil, 1976, p. 92

Frithjof Schuon.

« La vocation humaine, c’est de réaliser ce qui fait la raison d’être de l’homme : une projection de Dieu et, par là, un pont entre la Terre et le Ciel ; ou un point de vue qui permet à Dieu de se voir à partir d’autre que Lui, bien que cet autre, en dernière analyse, ne puisse être que Lui-même, car on ne connaît Dieu que par Dieu. »

Racines de la condition humaine, Frithjof Schuon, éd. La Table ronde, 1990, p. 72

« L’intelligence humaine est essentiellement objective, donc totale : elle est capable de jugement désintéressé, de raisonnement, de méditation assimilante et déifiante, la grâce aidant. Ce caractère d’objectivité appartient également à la volonté,– c’est ce caractère qui la rend humaine,– et c’est pour cela que notre volonté est libre, c’est-à-dire capable de dépassement, de sacrifice, d’ascèse ; notre vouloir ne s’inspire pas de nos seuls désirs, il s’inspire fondamentalement de la vérité, et celle-ci est indépendante de nos intérêts immédiats.

De même pour notre âme, notre sensibilité, notre capacité d’aimer : humaine, elle est par définition objective, donc désintéressée en son essence ou en sa perfection primordiale et innocente ; elle est capable de bonté, de générosité, de compassion. C’est dire qu’elle est capable de trouver son bonheur dans celui des autres, et au détriment de ses propres satisfactions ; de même, elle est capable de trouver son bonheur au-dessus d’elle-même, dans sa personnalité céleste, qui n’est pas encore tout à fait la sienne. C’est de cette nature spécifique, faite de totalité et d’objectivité, que dérivent la vocation de l’homme, ses droits et ses devoirs. »

L’ésotérisme comme principe et comme voie, Frithjof Schuon, éd. Dervy Livres, 1997, p. 91

L’homme est par définition pontifex, « bâtisseur de ponts », ou « d’un pont ». Car l’homme possède essentiellement deux dimensions, une extérieure et une intérieure ; il a donc droit à toutes les deux, sans quoi il ne serait pas homme, précisément ; parler d’un homme sans ambiance est aussi contradictoire que de parler d’un homme sans noyau.

D’une part, nous vivons parmi les phénomènes qui nous entourent et dont nous faisons partie, et d’autre part, nos cœurs sont enracinés en Dieu ; nous devons par conséquent réaliser un équilibre aussi parfait que possible entre notre vie dans le monde et notre vie dirigée vers le Divin. Cette seconde vie, de toute évidence, détermine la première et lui donne tout son sens ; les droits de l’extériorité sont fonction des mesures qui relèvent de l’intérieur et que celui-ci nous impose. »

La conscience de l’Absolu, Frithjof Schuon, éd. Hozhoni, 2016, p. 79

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