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Gaza : des chercheurs dressent un inventaire du patrimoine bombardé

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Une trentaine d’universitaires français, sous l’impulsion de l’historien Fabrice Virgili, documentent l’état du patrimoine urbain et culturel à Gaza. Selon l’ONU, deux tiers des bâtiments ont déjà été détruits par l’armée israélienne. Explications.

Meurtris par la destruction quasi totale des infrastructures urbaines et culturelles à Gaza, une trentaine de chercheurs, historiens et archéologues français, ont décidé de dresser un inventaire du patrimoine bombardé à Gaza. Selon l’ONU, deux tiers des bâtiments à Gaza ont été dévastés, un niveau de destruction inédit depuis la Seconde Guerre mondiale.

« Que pouvons nous faire en tant que chercheurs ? »

En février 2024, en pleine guerre génocidaire à Gaza, Fabrice Virgili, historien et directeur de recherche au CNRS, décide de mettre en œuvre son projet : dresser un inventaire du patrimoine bombardé à Gaza. « À mesure que les bombardements israéliens font disparaître Gaza de la carte, que pouvons nous faire en tant que chercheurs ? », s’interroge-t-il.

Accompagné d’une dizaine de chercheurs, archéologues et spécialistes des territoires de guerre, l’équipe se fonde sur des données numériques en sources ouvertes (OSINT), notamment celles du centre satellite des Nations unies (UNOSAT), des cartes établies par l’Unesco et l’université d’Oxford, pour dresser l’état des destructions.

Ils recensent les cinémas, les bibliothèques, les édifices religieux, les musées, les cimetières, etc. La répartition des infrastructures est établie en fonction des domaines de compétence de chacun.

Un niveau de destruction semblable à la 2e Guerre mondiale

Parmi les lieux recensés : le souk Al-Qissariya, marché emblématique situé au cœur de la vieille ville de Gaza, la Grande Mosquée de Gaza datant du Vᵉ siècle, ou encore le palais Qasr Al-Basha, où Napoléon Bonaparte a séjourné en 1799, transformé en musée.

Au-delà des pertes humaines – plus de 44 500 personnes tuées, selon le ministère de la santé à Gaza – l’UNOSAT a identifié 52 564 structures détruites et 18 913 gravement endommagées au 29 septembre 2024. L’ONU constate que deux tiers des bâtiments de Gaza ont été dévastés, un niveau de destruction inédit depuis la Seconde Guerre mondiale.

Certains chercheurs parlent même d’un « urbicide », une politique délibérée de l’État israélien visant à détruire les infrastructures urbaines et culturelles.

Rendre à Gaza son épaisseur historique

Alors que la Cour pénale internationale (CPI) qualifie de « crime de guerre » la destruction intentionnelle des bâtiments historiques, les chercheurs espèrent que l’inventaire pourra servir à la justice en cas de sanctions internationales. Anne-Marie Eddé, professeure d’histoire à Paris-I, souhaite rendre à Gaza sa complexité et son épaisseur historique :

« Gaza, souvent réduite à un camp de réfugiés, misérable et densément peuplé, est pourtant l’une des villes les plus anciennes au monde. C’est une terre d’histoire où se sont succédé de nombreuses civilisations, depuis les Egyptiens, les Philistins (à qui l’on doit le nom de Palestine), les Perses, les Byzantins, jusqu’aux Arabes et aux Ottomans. »

Avant Noël, l’inventaire des destructions sera compilé dans une carte interactive. Le programme est encore ouvert aux chercheurs désireux de rejoindre l’équipe.

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