Selon plusieurs experts, Israël commet un génocide doublé d’un écocide. La moitié des terres agricoles à Gaza ont été sciemment détruites par des bombardements. « Ces destructions font partie intégrante d’une stratégie israélienne » dénonce une étude de Forensic Architecture. Focus.
Alors que plus de la moitié de la population de Gaza est au bord de la famine après huit mois de guerre et de bombardements de l’armée israélienne, plusieurs militants s’élèvent pour critiquer la destruction de l’environnement et de la production alimentaire à Gaza.
Champs pulvérisés, arbres déracinés, terre contaminée au phosphore blanc : à Gaza, « l’environnement n’est pas juste un dommage collatéral, mais bien une cible de l’armée israélienne » dénonce Lucia Rebolino, auteure d’une étude de Forensic Architecture, un collectif qui travaille avec des données satellites.
Une destruction environnementale qui accompagne le génocide
Selon l’étude de Forensic Architecture, près de 40 % des terres agricoles de Gaza, soit environ 170 km2 (la moitié du territoire), ont été détruites lors des récents bombardements, avec environ 2 000 sites agricoles touchés. Dans le nord de Gaza, 90 % des serres ont été détruites. Samar Abou Saffia, militant écologiste sur Gaza, alerte :
« Plus de 80 000 tonnes de bombes israéliennes n’ont épargné ni les champs, ni les oliviers, ni les citronniers. Ces destructions environnementales accompagnent les massacres et le génocide. Lorsque les chars d’assaut pénètrent sur nos terres, ils en détruisent également la fertilité. »
Une autre étude menée par l’Organisation des Nations unies (ONU), la Banque mondiale et l’Union européenne estime à plus de 1,5 milliard de dollars, les dommages causés à l’agriculture, aux aires naturelles et aux infrastructures de traitement des déchets. « Ces destructions font partie intégrante d’une stratégie israélienne depuis une dizaine d’années », explique Lucia Rebolino.
Une guerre des herbicides
Pour Forensic Architecture, Israël a mené une « guerre des herbicides » en bombardant les terres agricoles à Gaza, détruisant les moyens de subsistance des agriculteurs. Lucia Rebolino explique :
« Nous avons régulièrement observé des avions israéliens larguer des herbicides sur des zones agricoles frontalières au début et à la fin des saisons de récolte de 2014 à 2019, profitant de vents favorables pour toucher le maximum de surface »
Outre les dommages militaires, cette guerre a généré une pollution massive. Les émissions de gaz à effet de serre ont été plus importantes, durant les premiers mois de guerre, que l’empreinte carbone annuelle de plus de 20 pays, selon une étude anglo-américaine. L’ONU estime que 37 millions de tonnes de débris ont été créées, « c’est plus que toute l’Ukraine en deux ans ».
Israël commet un génocide doublé d’un écocide selon plusieurs organisations. L’ONU a d’ailleurs ouvert une enquête sur la destruction de l’environnement mais ses conclusions ne pourront être dévoilées que après la fin de la guerre.
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