Une tragédie à ciel ouvert se déroule actuellement dans le camp de Jabaliya, au nord de Gaza, déclaré zone militaire depuis le 12 octobre. La population, confrontée à des déplacements incessants et à une privation de nourriture, est la cible d’une extermination programmée. Focus.
Le 6 octobre 2024, Avichay Adraee, porte-parole de l’armée israélienne, déclarait la partie nord de Gaza zone militaire et ordonnait l’évacuation de ses habitants. Deux semaines après le début de cette opération meurtrière, les Forces de défense israéliennes ont forcé les 400 000 habitants du camp de réfugiés de Jabaliya à fuir sous la menace des armes.
Se rendre ou mourir de faim
Depuis leur encerclement par l’armée israélienne, les habitants de Jabaliya font face à un dilemme tragique : se rendre ou mourir de faim. Cette opération d’extermination s’inspire directement du plan de Giora Eiland, un général israélien à la retraite, proposé le 4 septembre 2024.
Dans une vidéo, Eiland explique : « Nous ne vous suggérons pas de quitter le nord de la bande, nous vous y obligeons. Aucun ravitaillement n’entrera dans cette zone ». Le blocus actuel vise ainsi à affamer volontairement la population après avoir ordonné son expulsion. Ceci afin d’annexer le nord de Gaza, après l’avoir vidé de ses habitants.
Un camp régulièrement ciblée
Les 400 000 habitants de Jabaliya ont déjà enduré de lourdes épreuves. Le camp a été la cible d’une première frappe israélienne juste après le 7 octobre 2023, causant la mort de 50 personnes. Une dizaine d’autres massacres ont suivi.
Malgré les massacres répétés, les habitants, descendants de réfugiés de la Nakba et conscients des ambitions expansionnistes d’Israël, n’ont pas tous fui. L’opération militaire actuelle intervient alors que l’armée israélienne avait déjà pourtant annoncé à deux reprises, en mai et juillet 2024, la fin de ses actions militaires dans le nord de Gaza.
Une déclaration récente de l’ONU indique que « depuis deux semaines, depuis le 6 octobre, l’armée israélienne a pris des mesures rendant la vie impossible pour les Palestiniens dans le nord de Gaza ».
Un génocide « au vu et au su du monde »
Dans l’enfer de Gaza, les otages israéliens ne sont résolument pas la priorité de l’agenda militaire de Tel-Aviv. Chaque lieu, y compris les hôpitaux et les écoles abritant des déplacés, devient une cible pour les avions de chasse israéliens, régulièrement approvisionnés par les États-Unis.
En mai 2024, plusieurs agences des Nations unies, dont le Programme alimentaire mondial (PAM), avaient averti d’une « famine généralisée » dans le nord de Gaza. Aujourd’hui, la population n’a pas accès à l’eau ni à la nourriture « depuis au moins vingt jours ».
Depuis plusieurs jours, les soldats israéliens forcent la population du camp de réfugiés de Jabaliya à quitter les lieux sous la menace des armes. L’Autorité palestinienne a dénoncé un « génocide dans le nord de Gaza sous sa forme la plus claire, au vu et au su du monde », dans un communiqué publié dimanche.
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