Deux avocats français, William Bourdon et Vincent Brengarth, ont publié hier une tribune dans le Nouvel Obs sur les déclarations récentes de Donald Trump sur une possible « réappropriation de Gaza ». Ils affirment que les positions du président américain « s’attaquent aux racines du droit international » et doivent entrainer un sursaut pour « le renforcer de fond en comble ». Extrait.
Le 4 février 2025, lors de la visite de Benyamin Netanyahou à Washington, bien que ce dernier soit visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, Donald Trump a déclaré son intention de « prendre le contrôle de la bande de Gaza ».
Dans une tribune, publiée dans le Nouvel Obs, les deux avocats français, William Bourdon et Vincent Brengarth soulignent que « les déclarations du président américain marquent incontestablement un nouveau tournant, dont l’exceptionnelle gravité doit être mesurée ».
« La mesure du péril ne semble pas être prise »
« Alors même que son mandat vient juste de débuter, Donald Trump annonce, revendique, ni plus ni moins la commission d’un crime contre l’humanité qui serait d’une magnitude hors norme », pour les deux avocats, le positionnement du président américain « piétine le droit international ».
« Il s’agit d’un message extrêmement fort, d’une politique qui ne s’embarrasse plus d’un droit obstacle à l’efficacité politique, mais qui revendique précisément sa violation. »
Rappelant que « Donald Trump a signé, le 4 février, un décret pour retirer les Etats-Unis du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU », les avocats déplorent que « la mesure du péril ne semble pas être prise, aussi bien par volonté que par aveuglement ».
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Les racines du droit international sont attaquées
« Les positionnements répétés de Donald Trump s’attaquent aux racines du droit international » martèle la tribune, qui milite pour sa protection. Elle rappelle notamment le préambule de la charte des Nations unies qui indique « préserver les générations futures du fléau de la guerre qui deux fois en l’espace d’une vie humaine a infligé à l’humanité d’indicibles souffrances ».
« Il est frappant de constater que nos sociétés, aptes à entretenir la mémoire des événements les plus tragiques, soient dans le même temps si impuissantes à protéger les mécanismes protecteurs qui nous prémunissent de la réitération de tels actes. »
Pour les deux avocats, « le droit international est aujourd’hui en sursis face à ces logiques politiques », il est donc « indispensable que les déclarations de Trump » doivent entrainer un sursaut.
Lire sur le sujet : Donald Trump souhaite « prendre le contrôle » de Gaza
L’impunité des chefs d’Etat face au droit
« L’opportunité est offerte de renforcer [le droit international] de fond en comble », ajoute la tribune. Le sentiment d’impunité affiché par le chef d’Etat américain (et Benyamin Netanyahou) « doit notamment inviter à une réflexion sur la question de l’immunité ».
« Avec l’irruption de potentiels grands criminels internationaux à la tête d’Etats démocratiques, l’immunité des chefs d’Etats en exercice est-elle encore tenable ? Une chose est sûre, le droit international est une forteresse assiégée qui demande à être protégée avant qu’il ne soit trop tard ». conclut les avocats William Bourdon et Vincent Brengarth.
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