Dixième jour de jeûne du Ramadan à Gaza et l’aide humanitaire est toujours interrompue, malgré la trêve avec Israël en vigueur depuis le 19 janvier. Pour l’ONG Gaza Soup Kitchen en lutte contre la « famine » dans l’enclave palestinienne : « une autre guerre a commencé ». Focus.
Depuis le 2 mars, Israël bloque l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza et, le dimanche 9 mars, a coupé l’électricité alimentant la principale usine de dessalement à Deir Al-Balah, plongeant la population dans une situation de soif généralisée. Au dixième jour du Ramadan, l’aide humanitaire est interrompue depuis dix jours, tandis que la prolongation de la trêve est dans l’impasse.
Une stratégie criminelle de pression
Ce dimanche 9 mars, en plus des bombardements qui sévissent de nouveau, le gouvernement de Benyamin Netanyahou a encore durci le blocus, et le ministre de l’Énergie, Eli Cohen, a ordonné la coupure de l’électricité pour priver Gaza de son usine de dessalement.
Face à la pénurie d’eau potable, de nombreux Gazaouis, comme Salwa, mère de cinq enfants, sont contraints de consommer de l’eau contaminée : « Quand vient l’heure de rompre le jeûne, je reste impuissante dans la cuisine. Cela pourrait nuire à la santé de mes enfants, mais je n’ai pas d’autre choix », témoigne-t-elle sur Al-Araby Al-Jadeed.
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Cette stratégie criminelle de pression maximale, appelée « plan enfer », vise à éliminer toute influence du Hamas à Gaza, selon le gouvernement israélien.
Militariser la famine
Alors qu’une délégation israélienne est à Doha, depuis lundi, pour négocier la poursuite du cessez-le-feu, les pays arabes médiateurs condamnent unanimement la méthode de l’état juif. L’Arabie saoudite et le Qatar ont dénoncé « une punition collective contre les Palestiniens » et « une violation flagrante du droit humanitaire international ».
Du occidental, Londres et Berlin demandent la levée des restrictions, tandis que les États-Unis restent silencieux. Pour l’ONU, Israël est accusé de « militariser la famine ».

Les ONG sur le qui-vive
Malgré cette situation dramatique, les ONG maintiennent leurs aides dans l’enclave. Sur Instagram, l’association Gaza Soup Kitchen, continue de distribue des repas chauds aux habitants de Gaza et tente de préserver un semblant de normalité. Mais les bénévoles ne parviennent pas à masquer leur angoisse, alors que certains jours, près de 800 familles dépendent de leur aide pour se nourrir. Ola, une bénévole de 20 ans, témoigne :
« Sincèrement, j’aimerais que le monde entier puisse voir comment on vit ici depuis que la guerre s’est arrêtée. Tout devient compliqué. C’est difficile de distribuer de la nourriture, de trouver de l’eau potable, d’avoir de l’électricité. Après la guerre, c’est une autre guerre qui a commencé. Ce qu’on vit en ce moment, c’est une sorte de guerre psychologique et civile. »
Malgré ces conditions difficiles, Gaza Soup Kitchen refuse d’abandonner. Les membres de l’association, qui ont perdu leur fondateur, Mahmoud Almadhoun, tué en décembre dernier dans une frappe de drone israélien alors qu’il livrait des colis alimentaires, restent déterminés à poursuivre leur mission.
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