Plusieurs personnalités, issus d’instances musulmanes en France, ont réagi à la victoire sans appel du RN aux élections européennes et à la dissolution de l’Assemblée Nationale. Le recteur de la Grande mosquée de Paris a notamment appelé les musulmans à voter lors des législatives du 30 juin pour « s’opposer fermement à l’extrême droite ». Zoom.
« La vie politique française est à un tournant historique » alerte, dans une vidéo publiée hier, le président de la Fondation de l’Islam de France (FIF), Ghaleb Bencheikh. Face au score du Rassemblement National aux élections européennes, les choses sont claires pour l’islamologue : « jamais dans l’histoire de la Ve république, l’extrême droite n’a été si proche d’accéder au pouvoir ».
Dans un billet hebdomadaire, le recteur Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz a de son côté exhorté les mosquées à « sensibiliser les fidèles sur les dangers imminents qui guettent notre nation et d’encourager ceux qui se sont réfugiés dans l’abstention » et à aller voter aux législatives anticipées du 30 juin.
Une dissolution qui ouvre la voie « aux héritiers du maréchal Pétain »
Les dernières secousses politique en France n’ont pas laissé de marbre les instances musulmanes du pays. Dans son éditorial hebdomadaire, publiée lundi, Chems-eddine Hafiz réagit face au « coup de théâtre » de la dissolution annoncée par Emmanuel Macron dimanche qui « plonge le pays dans une période d’incertitude et de questionnements profonds » :
« Cette dissolution pourrait même paver la voie de l’Élysée aux héritiers du maréchal Pétain, nous ramenant aux heures les plus obscures de notre histoire, avec une cible bien connue »
Pour le recteur, « le rôle majeur joué par les médias mainstream dans la montée en puissance de Marine Le Pen et de son mouvement », se traduisant par une victoire spectaculaire aux élections européennes, est indéniable :
« Le « maghrébin » et le « musulman« sont devenus les boucs émissaires, les symboles de tout ce qui est perçu comme menaçant, comme étranger, comme incompatible avec une identité nationale supposément homogène »
La démocratie et la paix civile sont en jeu
Même constat du Président de la Fondation de l’Islam de France (FIF), Ghaleb Bencheikh, qui explique ce plébiscite électorale par « un contexte de triomphe idéologique des thèses d’extrême droite en Europe » :
« Des députés au parlement Européen n’ont eu de cesse de mener campagne contre tout ce qui est islamique, avec un discours de haine, de détestation, d’exécration, contre les musulmans »
Face au séisme politique actuel, « ce qui se joue c’est le sort de la démocratie et de la paix civile » averti l’islamologue dans une vidéo invitant à assister l’évènement, prévu ce vendredi 14 juin, organisé par la FIF : « ISLAM, Le Grand Jury ».
Inciter les musulmans à « l’implication citoyenne »
Pour le recteur de la Grande mosquée, « il est crucial de rappeler les valeurs fondamentales de notre République – Liberté, Égalité, Fraternité – et d’insister sur le fait que ces idéaux ne peuvent être défendus que par une participation active et éclairée » :
« Nos mosquées doivent devenir des foyers de résistance pacifique contre toute forme d’extrémisme et de discrimination, en encourageant le dialogue, la solidarité et l’implication citoyenne »
Chems-eddine Hafiz lance donc un appel solennel à l’ensemble des mosquée afin de « sensibiliser les fidèles sur les dangers imminents qui guettent notre nation et d’encourager ceux qui se sont réfugiés dans l’abstention à prendre part activement au choix de la société qu’ils souhaitent pour demain ».
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