Frustration et incompréhension prédominaient dans la communauté musulmane français après l’annonce de l’avis d’expulsion prononcé contre Hassan Iquioussen. Un florilège des réactions à lire sur Mizane.info.
Une nouvelle qui a fait l’effet d’un séisme. Dans la communauté musulmane française, les réactions se sont multipliées après l’annonce d’un avis d’expulsion du territoire français prononcé contre l’imam et prédicateur Hassan Iquioussen.
La consternation et l’incompréhension ressortent de nombreux témoignages consultés par la rédaction de Mizane.info.
Feïza Ben Mohamed : « Une offensive sans précédent »
Journalistes, imams, prédicateurs, enseignants, ou simples citoyens, proches ou opposés aux positions de Hassan Iquioussen ont exprimé leur incompréhension d’une décision jugée absurde, sans fondement et symboliquement dangereuse.
« La procédure d’expulsion lancée contre Hassan Iquioussen est particulièrement inquiétante pour notre Etat de droit. Cette loi contre le séparatisme continue de faire des ravages et de permettre une offensive sans précédent contre les acteurs importants de la communauté musulmane » commente la journaliste Feïza Ben Mohamed.
Plusieurs responsables du lycée Averroès, qui connaissent bien le prédicateur, sont sous le choc.
C’est le cas de Abdelwaheb Nbahedda, directeur adjoint à l’établissement scolaire.
« Depuis l’âge de 12 ans, j’ai assisté à des centaines de ses conférences et débats. Je témoigne en âme et conscience qu’il a toujours appelé ses concitoyens à être des vecteurs de Paix, de Tolérance et de Vivre Ensemble dans le strict respect des Valeurs de la République. Aussi, Il n’a eu de cesse d’inviter ses coreligionnaires à une pratique éclairée de l’islam qui concilie les Textes et le contexte » témoigne-t-il sur Facebook.
Fouad Alaoui : « Je doute que la justice donne raison à M. le ministre de l’intérieur »
Abdelwaheb Nbahedda estime que le travail de Hassan Iquioussen ne devrait pas être condamné mais salué. « Contrairement à ce qui est avancé, ajoute-t-il, il rejette formellement toute forme d’extrémisme, de haine et de violence. Je peux donc affirmer qu’il a beaucoup contribué à démocratiser au sein des jeunes français cette notion d’ « amour de la France » et de « compréhension équilibrée de l’Islam ». Son action devrait plutôt être reconnue et saluée ! J’espère que la raison l’emportera et que cet homme pourra rester auprès de sa famille. »
Hassan Oufker, enseignant, juge aussi cette décision d’expulsion « incompréhensible et totalement injuste ». « L’imam Hassan Iquioussen a tout mon soutien face à cette chasse aux sorcières. Cela fait plus de 35 ans que je connais Hassan Iquioussen et je ne l’ai jamais entendu tenir les propos qu’on lui reproche »
L’ancien président de l’UOIF, Fouad Alaoui, considère pour sa part que « cette décision est infondée ». « Je témoigne que M. Hassan Iquioussen a beaucoup contribué à l’intégration citoyenne de milliers de jeunes français musulmans durant plusieurs décennies. L’accuser du contraire est à démontrer devant la justice. Je doute fort que la justice donne raison à M. le ministre de l’intérieur. Nous sommes dans un pays de droit », écrit-il sur sa page Facebook
Omar Dourmane : Il n’y a pas de délit d’opinion dans un Etat de droit !
Plusieurs imams, prédicateurs et enseignants religieux ont également exprimé leur soutien à Hassan Iquioussen.
Pour Omar Dourmane, président de France Fatwa, il convient de comprendre ce qui se joue en France « au-delà de la personne d’Hassan ». « Il est très important, confie-t-il à Mizane.info. de s’arrêter au fond de l’accusation et des reproches qu’on fait aujourd’hui à tous ceux qui ne partagent pas les opinions tracées par le plus fort. Force est de constater que les accusations tournent autour de délits d’opinion et ceci depuis la charte qui impose aux musulmans de penser que la République est supérieure à la religion. C’est un détour à 90° de la sphère politique qui veut dorénavant juger les personnes à travers leur façon de penser non à leur façon d’agir, alors que dans un État de droit on puni les agissements et les actions qui perturbe l’ordre public, pas les opinions ».
« C’est avec une grande consternation et une totale indignation, que je viens d’apprendre les motifs troublants et les justifications fallacieuse, pour lesquels une procédure d’expulsion du territoire français est lancée à l’encontre de l’imam et célèbre prédicateur Hassen Iquioussen » écrit pour sa part Noureddine Aoussat.
L’homme a également interpellé sur Twitter le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin en ces termes : « Vous vous trompez monsieur le ministre. Mr. Hassen Iquioussen mérite plutôt une décoration pour les services rendus à la France, notamment par son incitation des jeunes de confession musulmane à l’intégration totale dans leur pays la France. Certains, pour le moquer, le qualifient d’imam de la République. Aujourd’hui, cette République au nom de qui, on cherche à expulser Hassen Iquioussen, ne s’en sortirait ni grandie ni honorée, j’en suis certain. »
Alain Ali : « Je demande à Dieu de le secourir »
Malgré ses nombreux désaccords avec lui, l’imam Alain Ali a également tenu à soutenir son confrère nordiste. « J’adresse mon soutien à Hassan Iquioussen que je n’ai jamais entendu appeler à la violence, mais que j’ai toujours entendu prôner un discours de paix. Je demande à Allah de le secourir dans cette épreuve et de nous accorder à tous une juste compréhension de l’islam. »
Même désaveu des accusations portées contre Hassan Iquioussen par Abdelhakim Richi. « Depuis plus de 40 années, écrit-il, et je profite des enseignements de ce prédicateur qui prône les valeurs de l’islam (…) Les allégations d’aujourd’hui contre le professeur disent qu’il « diffuse des valeurs contraire aux valeurs de notre pays , c’est mal le connaître , il n’y a qu’à voir ces vidéos YouTube où sont évoqués de manière exemplaires en long et en larges , les thèmes du vivre ensemble, la citoyenneté, la tolérance, l’importance du vote, la place importante de la femme… ».
Certains responsables associatifs musulmans n’ont pas hésité à adresser un courrier à leurs députés, consulté par Mizane.info, dans lequel ils leur confient leur « profond étonnement teinté de dégoût vis à vis de la dernière procédure de M. DARMANIN, ministre de l’Intérieur, à l’encontre (…) de Hassan IQUIOUSSEN en sa qualité d’Imam » allant jusqu’à évoquer « la discrimination totale envers les musulmans » exprimée « sous couvert d’une laïcité dévoyée ».
Enseignant de l’IESH, responsable de Havre de Savoir, Moncef Zenati juge toute aussi absurde cette décision d’expulsion. « C’est avec stupéfaction et incompréhension que j’ai appris que Hassan Iquioussen faisait l’objet d’une procédure d’expulsion, lui qui n’a cessé, depuis plus de quarante ans, d’appeler à un islam du juste milieu, empreint d’amour et de tolérance. Il a toujours été, et il l’est toujours, un acteur du vivre ensemble. Il a toujours affirmé avec force et détermination que l’islam était parfaitement compatible avec les valeurs de la République », déclare-t-il.
Hassan Iquioussen, « un discours responsable et tolérant »
La mosquée Assalam de Nantes n’est pas en reste, elle qui a accueilli à de nombreuses reprises le conférencier Hassan Iquioussen. « Hassan Iquioussen a toujours tenu un discours responsable et tolérant. Il agit depuis des décennies pour une intégration paisible de l’islam et des musulmans de France. Il est très apprécié par les jeunes et il a toujours eu un discours d’ouverture qui prêche la citoyenneté participative, l’unité, et privilégie l’interconnaissance à travers le vivre-ensemble et le faire- ensemble. »
A souligner que plusieurs comptes actifs sur les réseaux sociaux ont condamné cette expulsion tout en exprimant un vif rejet des positions de Hassan Iquioussen sur différents sujets. L’homme ne faisait pas l’unanimité loin s’en faut. Et en presque quarante années de prédication Hassan Iquioussen a eu aussi tout le temps de se faire une brochette d’ennemis.
C’est le cas du polémiste Mohamed Sifaoui ou encore de Mohamed Louizi, transfuge de l’UOIF (actuel Musulmans de France), qui évoque à propos de cette expulsion, « une sage décision »
Quand à Hassan Chalghoumi, il s’est dit « heureux que l’état de droit fasse son travail et que la République se respecte et soit respectée (…) Mon coeur ma religion et ma foi saignent quand je vois ces tristes personnages qui se prétendent imams, donc porteurs de paix d’espérance de foi et d’amour travestir leurs missions pour répandre haine et division » dans l’un de ses tweets.