Co-organisateur de la journée d’hommage au savant musulman indien Muhammad Hamidullah, qui se tiendra le 22 février, Amara Bamba a répondu aux questions de la rédaction sur les raisons de cette commémoration.
Pourquoi une Journée Hommage ?
Cette journée n’est pas une première. Nous avons rendu hommage à Hamidullah et à beaucoup de figures de l’islam en France entre 2003 et 2008. Mais nous avons redouté la folklorisation. Il a fallu prendre du recul. La rencontre du 22 février comporte beaucoup d’innovations dans notre mode d’action. L’objectif reste le patrimoine de l’islam. Faire connaître une figure célèbre de l’islam. Cette fois, on met la lumière sur Hamidullah et il y a beaucoup de chose à dire. C’est un nouveau cycle.
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Qui était Muhammad Hamidullah ?
Hamidullah était un Indien de Hyderabad. Ses origines sont arabes, des Banu Hachem de la tribut du Prophète. Ils fuient les conflits dans la péninsule arabe et s’installent en Inde pour porter l’islam. Tout le clan, est consacré à ce travail de dawah. Sa singularité, par rapport à ses origines, est d’être ouvert aux sciences profanes, les sciences non religieuses. Il apprend les langues étrangères aussi.
Il fait deux doctorats ; à Bonn et à Paris. Il enseigne à l’Université d’Osmania en Inde et il passe une année à réviser le Coran à Médine pour avoir un diplôme de Hafiz. Son exil parisien est politique. Il met un peu de temps avant de changer ; puis il entre au CNRS et devient un orientaliste musulman.
En 1959, sa traduction du Coran et sa biographie du Prophète sont très bien accueillies et font de lui une référence d’islam en France. Il le restera toute sa vie. Il était un puits de savoir : un vrai érudit. Chaque année, il se rend en Turquie, pour former de jeunes chercheurs. Il publie beaucoup de livres et d’articles dans diverses langues. Le français et la France sont très importants pour lui.
En deux mots, Hamidullah était une tour de science d’islam en France. Une tour qu’on peut voir de loin. Sa taille nous impressionne. Mais quand on s’en approche, on est ébloui par sa majesté.
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Qu’est-ce que le collectif Hamidoullah ?
Hamidullah s’installe en France en 1948 dans des conditions difficiles. Jusqu’en 1996, il contribue à servir l’islam en français. Il vit seul depuis 1970. Son décès en 2002, m’a posé des questions sur son héritage. C’était un homme très savant et très discret. Il était détaché des signes d’honneur et des questions de pouvoir ou d’argent. Hamidullah aimait beaucoup la France. Il disait que ce peuple l’a accueilli quand il avait tout perdu et qu’il ne lui restait que sa plume. On savait déjà tout ça.
Pour avoir connu Hamidullah, sa mort m’a fait un déclic. En réaction j’ai réuni un groupe sur le sujet du « patrimoine » qu’il faut dissocier de « l’héritage ». Le patrimoine est la part de l’héritage qu’on veut transmettre aux jeunes générations. Progressivement le Collectif Hamidullah a vu le jour. Il est officiel depuis 200. L’objet est de collecter, protéger et promouvoir notre patrimoine de l’islam. La journée de samedi 22 février à Limay est conçue dans cet esprit.
