Une enquête du syndicat Samu-Urgences de France, publiée ce mardi, indique que deux services d’urgence sur trois ont fermé au moins une fois durant les mois de juillet et août 2024. Le syndicat dénonce une « maltraitance institutionnelle » et une sécurité sanitaire « qui n’est parfois plus assurée ». Explications.
Alors que le ministre délégué à la Santé assurait, en août, que la situation des urgences en France était « un peu mieux que l’été dernier », une enquête du syndicat Samu-Urgences, publiée ce mardi, révèle que deux services d’urgence sur trois ont fermé au moins une fois durant les mois de juillet et août 2024.
Le syndicat dénonce une « maltraitance institutionnelle » et présente dans le rapport ses priorités pour « améliorer la prise en charge des patients et maintenir les équipes urgentistes hospitalières ».
Une situation sanitaire « pire que celle de 2023 »
Selon l’enquête, 202 services d’urgences sur les 331 consultés ont fermé au moins une fois durant l’été 2024, représentant 61% des répondants. Parmi ces fermetures, 41% ont été de manière continue. En 2023, 163 services d’urgence avaient dû fermer au moins une fois durant l’été, soit près d’un service sur deux.
Fin août, le président du syndicat estimait que la situation était « au moins égale, voire pire que celle de 2023 », sauf en Ile-de-France et dans quelques lieux accueillant des épreuves des Jeux olympiques. « La sécurité sanitaire n’est parfois plus assurée, y compris pour l’urgence vitale » alerte Samu-Urgences de France.
Dans les hôpitaux, 23% des établissements ayant répondu à l’enquête ont fermé des lits de réanimation de manière durable cet été, en plus des fermetures estivales habituelles. Un quart des répondants constate une augmentation des difficultés en 2024 concernant les lits de soins critiques par rapport à 2023.
Une maltraitance institutionnelle
Samu-Urgences de France alerte également sur la situation des Smur (les véhicules d’urgence et de réanimation avec à bord un médecin, un infirmier et un ambulancier). Près de 80 % d’entre eux n’ont pas pu fonctionner en continu durant l’été.
En 2023, 166 Smur n’avaient pas pu fonctionner en continu, soit 70 % des services consultés. Le syndicat souligne que la tension sur l’aval des urgences a été plus importante cet été 2024 par rapport aux années précédentes, entraînant une augmentation du nombre de patients attendant sur un brancard dans les services d’urgence.
« Il s’agit d’une maltraitance institutionnelle qui oblige des patients de plus en plus nombreux à devoir attendre plusieurs heures voire plusieurs jours sur un brancard dans un couloir des urgences, faute de lit disponible pour les hospitaliser »
« La sécurité sanitaire n’est parfois plus assurée, y compris pour l’urgence vitale », déplore Samu-Urgences de France.
Les propositions de Samu-Urgences de France
Le syndicat Samu-Urgences a mis en avant plusieurs priorités dans son rapport pour « améliorer la prise en charge des patients et maintenir les équipes urgentistes hospitalières ». Il évoque notamment l’interdiction définitive de l’hospitalisation de patients dans des couloirs, réclamant plutôt une place spécifique pour les hospitalisations non programmées arrivant des urgences.
Le rapport appelle également à une « réflexion stratégique » sur le maillage territorial des services d’urgence afin de mettre fin à « leur fonctionnement dégradé ». Enfin, pour garantir « une équité d’accès aux soins urgents », Samu-Urgences de France estime que le Smur « ne doit plus être utilisé comme variable d’ajustement des effectifs d’urgentistes ».
L’enquête a été réalisée directement auprès des services d’urgence, des Samu et des Smur pour la période du 1er juillet au 31 août. Le syndicat a obtenu des réponses de 51% des Smur et de 48% des Services d’accueil des urgences (SAU).
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