L’ONG Human Rights Watch a publié jeudi un état des lieux des droits humains dans une centaine de pays en 2024. Gaza, Soudan, Chine, Haïti…La directrice exécutive de HRW dénonce de multiples atteintes à la démocratie, aux droits humains et au droit humanitaire. Focus.
Human Rights Watch (HRW) a publié, jeudi 16 janvier, son rapport annuel sur les droits humains dans une centaine de pays pour 2024. Tirana Hassan, directrice exécutive de l’ONG, évoque une « année marquée par des crises multiples » et critique des gouvernements ayant « failli à leur tâche ».
Crimes de guerre à Gaza et au Soudan
L’année 2024 « a été marquée par des conflits armés et des crises humanitaires qui ont mis en évidence l’effritement des protections internationales prévues pour les civils », introduit HRW dans un communiqué. Le rapport cite notamment « la violence en Haïti », où des gangs armés ont mené des « attaques coordonnées à grande échelle, tuant des milliers de personnes, enrôlant de force des enfants et violant des femmes ».
À Gaza, Israël est accusé de « crimes de guerre et crimes contre l’humanité » dans une guerre qui a fait plus de 46 000 morts et déplacé deux millions de personnes. HRW souligne que les autorités israéliennes ont « délibérément privé les Palestiniens de l’accès à l’eau nécessaire à leur survie », évoquant un « crime contre l’humanité » et un « génocide ».
Au Soudan, la guerre a conduit à des « atrocités généralisées », avec massacres, violences sexuelles et déplacements forcés. La milice RSF est accusée de « nettoyage ethnique » au Darfour, tandis que les Forces armées soudanaises ont ciblé des infrastructures civiles. Avec 11 millions de déplacés internes, le pays vit « l’une des plus grandes catastrophes humanitaires au monde ».
« Double standard » des démocraties occidentales
Le rapport critique les incohérences des démocraties occidentales, qui condamne certaines violations des droits humains tout en épargnant leurs alliés. Les États-Unis sont pointés du doigt pour avoir « fourni des armes à Israël sans restriction malgré les nombreuses atrocités commises [par Israël] à Gaza ». Même critique pour l’Allemagne.
HRW cite également la situation en Afghanistan, où « les talibans ont intensifié leur répression contre les femmes, les filles et les minorités ». En Chine, sous Xi Jinping, HRW décrit une société où « aucune société civile indépendante, ni liberté d’expression, d’association ou de religion n’existe ». L’ONG rappelle la poursuite de l’enfermement des Ouïghours et les restrictions à Hong Kong.
Le rapport s’inquiète également des dérives discriminatoires et nationalistes « qui ont été les moteurs de nombreuses élections ». HRW évoque notamment les élections européennes, durant lesquelles « les partis d’extrême droite ont progressé de manière significative, en exploitant un sentiment anti-immigration ».
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« Lorsque les droits sont protégés, l’humanité prospère »
Malgré ce sombre tableau, HRW salue les mobilisations citoyennes. Au Bangladesh, des manifestations ont forcé la Première ministre à quitter le pouvoir en août, permettant la formation d’un gouvernement intérimaire engagé sur les droits humains.
L’Afrique du Sud, de son côté, a saisi la CIJ contre Israël, accusant l’État de génocide à Gaza. Bien que l’effet immédiat soit limité, HRW estime que cela a renforcé la vigilance des États fournissant des armes à Israël.
« Lorsque les droits sont protégés, l’humanité prospère », conclut Tirana Hassan. « Lorsqu’ils sont bafoués, le prix à payer ne se mesure pas en principes abstraits, mais en vies humaines ».