Grand maître spirituel de la tariqa shadiliyya, Ibn ‘Aṭâ’Allah nous livre dans ce recueil d’aphorismes extraits du livre Sagesse et confidence (Albouraq) une pluie de météores spirituels apte à éclairer le cheminement des aspirants à Dieu.
-Rien ne te dirige autant que l’illusion !
-Tu es libre de ce dont tu désespères ; et tu es l’esclave de ce que tu convoites.
-Celui qui ne va pas vers Dieu par la délicatesse de Sa bienveillance, sera traîné jusqu’à Lui par les chaînes de l’épreuve.
-Les aspirations devancières (sawâbiq al-himam) ne peuvent franchir les remparts du Destin.
-Ton effort à obtenir ce qui t’est garanti et ta négligence à accomplir ce qu’Il t’a demandé, sont les preuves que ton regard intérieur est éteint.
-L’ajournement de la réponse à tes prières, malgré ton insistance à invoquer, ne doit pas être la cause de ton désespoir. Il t’a assuré la réponse dans ce qu’Il a décidé pour toi et non dans ce que tu as choisi pour toi, et au moment où Lui le veut et pas au moment où toi tu veux.
-Que l’irréalisation de ce qui est promis ne te fasse pas douter de Sa Promesse, même si son moment est venu, car cela altérerait ton regard intérieur et éteindrait la lumière de ton secret.
-S’Il t’ouvre un accès pour Se faire connaître à toi (ta‘arruf), ne te fais pas de souci pour ton œuvre, aussi minime soit-elle. Il ne te l’a ouvert que parce qu’Il veut Se faire connaître à toi. Ne sais-tu pas que la connaissance est ce qu’Il t’octroie et que ton œuvre est ce que tu Lui offres ? Que valent donc tes offrandes par rapport à ce qu’Il t’octroie ?
-La qualité des œuvres varie selon la variabilité des impressions qui surviennent (wâridât al-aḥwâl) durant les états spirituels
-Les œuvres sont des images vivantes dont l’esprit est la présence du secret de la sincérité en elles
-Enterre ton existence dans la terre de l’anonymat. Les produits de ce qui pousse avant d’être enfoui n’arrivent jamais à maturité.
-Comment un cœur peut-il briller alors que les images des univers sont imprimées dans son miroir ? Comment peut-il migrer vers Dieu, alors qu’il est enchaîné à ses passions ? Comment peut-il espérer entrer en la Présence de Dieu, alors qu’il ne s’est pas encore purifié des souillures de ses distractions ? Comment peut-il espérer comprendre les secrets les plus subtils, alors qu’il ne s’est pas repenti de ses négligences ?
-L’univers entier est ténèbres. C’est la manifestation de Dieu en lui qui l’a illuminé. Celui qui regarde l’univers et ne Le reconnaît pas en lui, avec lui, avant lui ou après lui, est incapable d’en percevoir les lumières ; et les soleils des connaissances lui sont voilés par les nuages des traces
-Ce qui t’indique l’existence de Sa domination irrésistible, c’est le fait qu’Il te voile à Lui par ce qui n’existe pas avec Lui.
-Comment concevoir qu’une chose puisse Le voiler, alors qu’Il a fait apparaître toute chose ? Comment concevoir qu’une chose puisse Le voiler, alors qu’Il S’est manifesté par toute chose ? Comment concevoir qu’une chose puisse Le voiler, alors qu’Il apparaît en toute chose ? Comment concevoir qu’une chose puisse Le voiler, alors qu’Il apparaît à toute chose ?
Comment concevoir qu’une chose puisse Le voiler, alors qu’Il est le Manifeste avant l’existence de toute chose ? Comment concevoir qu’une chose puisse Le voiler, alors qu’Il est plus manifeste que toute chose ? Comment concevoir qu’une chose puisse Le voiler, alors qu’Il est l’Unique et qu’aucune chose n’est avec Lui ?
Comment concevoir qu’une chose puisse Le voiler, alors qu’Il est plus proche de toi que toute chose ? Comment concevoir qu’une chose puisse Le voiler, alors que sans Lui aucune chose n’aurait existé ? Quelle incohérence ! Comment l’Existence peut Se manifester dans le néant et comment peut coexister le contingent avec Celui qui a pour caractéristique l’Eternité ?
Ibn ‘Aṭâ’Allah