En Inde, les nationalistes hindous, les religieux, et les avocats ont lancé une série d’actions en justice pour convertir une douzaine de monuments islamiques en lieux de culte hindous, y compris le célèbre Taj Mahal, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Explications.
La polémique autour des sites musulmans emblématiques s’intensifie en Inde. Des groupes nationalistes hindous réclament la transformation de mosquées historiques en temples hindous, arguant que beaucoup d’entre elles ont été construites sur des temples détruits entre le XVIe et le XIXe siècle. Parmi les monuments visés, le Taj Mahal.
Le Taj Mahal en ligne de mire
« Le temple sera reconstruit, il sera grandiose et magnifique. Nous laverons l’affront fait à notre foi par les envahisseurs barbares », justifie Rishiraj Giri, un important chef religieux hindou. Ces revendications ont reçu, récemment, un soutien notable de Yogi Adityanath, prêtre et actuel ministre en chef de l’état de l’Uttar Pradesh.
Le Taj Mahal, érigé au XVIIe siècle par l’empereur moghol Shâh Jahân en mémoire de son épouse, est au cœur des revendications. Les nationalistes hindous prétendent qu’un temple hindou préexistait sur ce site, et certains demandent même la destruction de la mosquée adjacente.
Malgré le rejet de ces affirmations par les historiens, la pression politique et judiciaire augmente. En 2017, la Cour suprême indienne a rappelé au gouvernement son devoir de protéger ce site classé.
Un discours islamophobe banalisé en Inde
Depuis l’arrivée au pouvoir du Premier ministre Narendra Modi, les discours islamophobes se sont libérés. Sous prétexte de revivifier l’hindouisme, un révisionnisme historique est à l’œuvre, décrivant les musulmans comme des envahisseurs et les hindous comme des victimes. Un chercheur en sciences politiques souligne :
« C’est une tentative de réécrire le passé, d’effacer les nuances et la complexité de notre histoire commune. Cela ne peut que nourrir les peurs et attiser la haine. »
Partout dans le pays, des religieux et avocats hindous saisissent les tribunaux. Leur objectif : prouver que certaines mosquées ont été érigées sur les ruines de temples.
Les autorités indiennes tétanisées
Des États dirigés par le BJP ont récemment ordonné la destruction de nombreux lieux de culte musulmans, les qualifiant de constructions illégales. Le 28 septembre, une mosquée, un sanctuaire et un cimetière vieux de 500 ans ont été rasés près de Gir, dans le Gujarat.
Dans l’Uttarakhand, une mosquée et une madrasa ont été démolies à Haldwani, et la mosquée Jama Masjid d’Uttarkashi pourrait connaître le même sort. À Delhi, une ancienne madrasa, une mosquée séculaire et des tombes musulmanes ont été détruites.
Face à cette escalade, les autorités indiennes sont prises entre la préservation d’un patrimoine mondialement reconnu et la nécessité de ne pas froisser une base électorale nationaliste en expansion.
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