Le quartier palestinien de Jérusalem-Est regroupe 550 personnes menacées d’expropriation par des colons soutenus par le pouvoir, en violation du droit international. Une campagne de soutien international a été organisée et des Palestiniens se sont réunis à Al Qods pour des appels à la résistance en ce vendredi commémorant le Yaoum al Qods.
Des images qui ont fait le tour du monde. Dans une vidéo filmée par Aljazeera, une femme palestinienne discute avec un colon juif qui tente de prendre possession de sa maison. « Si ce n’est pas moi qui le fait, d’autres le feront », lui répond l’homme. Une logique déconcertante.
La famille Al Kurd n’est pas la seule famille palestinienne concernée par ces expropriations dans le quartier palestinien de Sheikh Jarrah, à Jérusalem Est.
Depuis 1967, une première législation imposée par l’état hébreu rend possible cette expropriation. Il s’agit de la loi de l’absent, suivie trois ans plus tard d’une autre loi « promulguée par Israël, la loi sur les questions juridiques et administratives, qui permet aux Juifs israéliens – mais pas aux propriétaires palestiniens – de faire valoir leurs droits sur des propriétés qui leur appartiendraient dans la partie orientale de la ville, propriétés qui ont été perdues pendant la guerre de 1948 et transférées sous contrôle jordanien », écrit Nathalie Jeanne d’Othée sur le site cncd.be.
Par le biais d’organisations juives au statut juridique peu clair, ces droits de propriétés sont revendus ensuite à des colons juifs qui les réclament aux tribunaux et les obtiennent avec expulsion préalable. C’est ce qui arrive à la famille Al Kurd, ainsi qu’aux familles Skafi, Al-Qasim et Al-Ja’ouni depuis le 2 mai et le même sort est annoncé aux familles al-Daoudi, al-Dajani et Hammad dès le 1er août.
Deux Palestiniens tués vendredi
72 familles de 550 personnes sont concernées par ces pratiques d’expropriations condamnées par les juridictions internationales.
« Chaque famille a également été condamnée à payer 70 000 NIS (environ 21 340 USD) pour couvrir les frais de justice de l’organisation de colons. Le 10 février 2021, le tribunal de district de Jérusalem a rejeté les appels des quatre familles et leur a ordonné d’évacuer leurs maisons au plus tard le 2 mai 2021 », ajoute en outre Nathalie Jeanne d’Othée.
Les colons ne lésinent sur aucun moyen pour forcer les Palestiniens à partir de chez eux. Harcèlement, violence, tous les moyens sont bons.
Nabil Al Kurd témoigne sur Middleeasteye.net : « Les colons se déshabillaient et se tenaient aux fenêtres donnant sur notre maison. J’ai dû accrocher une barrière en tissu pour protéger ma femme et mes filles ; Leurs chiens nous attaquent, leurs ordures inondent l’entrée, ils ont tué les arbres et transformé la maison en ruines. »
En janvier 2021, Michael Lynk, le rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme dans le territoire palestinien occupé depuis 1967, émettait cette note. « Les derniers ordres d’expulsion, s’ils sont exécutés, constitueraient une violation par Israël, la puissance occupante, de l’interdiction du transfert forcé de la population protégée en vertu de l’article 49 de la Quatrième Convention de Genève », avait-il affirmé.
Une mise en garde resté sans effet, alors que des campagnes de soutien sur les réseaux ont été lancés de manière virale avec le hashtag #savesheikhjarrah.
Sur l’esplanade des Mosquées, des rassemblements de Palestiniens scandant des slogans appelant à la résistance ont été organisés, en ce dernier vendredi de Ramadan qui coïncide avec Yaoum al Quds, une journée de commémoration de la cause palestinienne lancée en 1979 par l’ayatollah Khomeiny.
Une journée marquée aussi par la mort de deux Palestiniens tués par la police israélienne, et un blessé, dans une opération au nord de la Cisjordanie occupée.
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