La police israélienne a effectué, ce dimanche, une perquisition musclée à la librairie palestinienne Educational Bookshop, à Jérusalem. Les propriétaires sont accusés de « trouble à l’ordre public » en raison de certains ouvrages, dont un livre de coloriage pour enfants. L’ambassade de France à Jérusalem a dénoncé hier « une atteinte flagrante à la liberté d’expression ». Zoom.
La police israélienne a effectué un raid sur la librairie palestinienne Educational Bookshop, emblème culturelle de Jérusalem-Est. Les autorités accusent ses propriétaires de « trouble à l’ordre public », affirmant que certains ouvrages vendus dans la librairie sont « provocateurs ».
Livres jetés au sol et libraires interpellés
C’est vers 15 heures, dimanche 9 février, que la police israélienne débarque dans les boutiques arabe et anglaise de l’Educational Bookshop, célèbre librairie de Jérusalem-Est. Après une fouille musclée, plusieurs livres sont jetés au sol, et les employés Mahmoud Mouna et son neveu Ahmed sont arrêtés.
Les autorités ont passé en revue des œuvres variées, allant de Banksy à Noam Chomsky, en utilisant des outils de traduction en ligne pour vérifier les titres en arabe. Parmi les livres saisis figurait un album de coloriage intitulé From the River to the Sea (« Du fleuve à la mer ») et des ouvrages contenant des drapeaux palestiniens.
« Ils en ont confisqué une centaine, dont ceux avec des drapeaux palestiniens… C’est ridicule », s’insurgeait hier le directeur général de la librairie, Imad Mouna.
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« Une atteinte flagrante à la liberté d’expression »
Fondée en 1984, l’Educational Bookshop est une institution culturelle palestinienne de premier plan, accueillant régulièrement des événements littéraires, comme la présentation récente du livre de de l’anthropologue israélo-américain Jeff Halper. Intellectuels, diplomates et journalistes s’y retrouvent fréquemment.
De nombreux soutiens, dont l’écrivain américain Nathan Thrall, lauréat du prix Pulitzer 2024, se sont exprimés après les arrestations des propriétaires. L’auteur a dénoncé « une tentative d’écraser la vie culturelle palestinienne ».
« Il faut vraiment qu’une idéologie soit faible pour se sentir menacée par un mot, en l’occurrence, le mot « Palestine », dénominateur commun de la plupart des livres confisqués. »
Indignation face au raid de la police israélienne hier soir dans la librairie Educational Bookshop à Jérusalem Est et l’arrestation de ses gérants Ahmad et Mahmoud Muna. Ces attaques contre une librairie et institution culturelle renommée de Jerusalem constituent une atteinte… pic.twitter.com/e2dbiznAO8
— France à Jérusalem 🇫🇷 🇪🇺 (@FranceJerusalem) February 10, 2025
Les réactions internationales n’ont pas tardé. Une dizaine de représentants consulaires, dont un Français, ont assisté à l’audience au tribunal, exprimant leur « inquiétude ». Le consulat de France à Jérusalem a publié un message dénonçant « une atteinte flagrante à la liberté d’expression et aux valeurs démocratiques fondamentales ».
Nombreux soutiens au tribunal
Lundi, des manifestants, parmi lesquels le député Ayman Odeh et l’auteur israélo-américain Nathan Thrall, se sont rassemblés devant le tribunal pour soutenir Mahmoud et Ahmed Mouna. Le tribunal a décidé de prolonger leur détention de 24 heures, pour une libération ce mardi, sous deux conditions : 5 jours d’assignation à résidence et une interdiction de se rendre dans les librairies pendant 15 jours.
Leur avocat, Nasser Odeh, a annoncé un recours en appel, dénonçant « une détention illégale » et « une atteinte à la liberté d’expression » dans le cadre de l’oppression politique exercée contre les habitants de Jérusalem-Est.
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