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La Bhagavadgîtâ : Destinées divines et destinées démoniaques

« La Bhagavad-Gita (devanagari : भगवद्गीता (Bhagavadgītā), terme sanskrit se traduisant littéralement par « chant du Bienheureux » ou « Chant du Seigneur ») est la partie centrale du poème épique Mahabharata (Aranyaka-parva, 25 – 42). Ce texte est un des écrits fondamentaux de l’hindouisme souvent considéré comme un « abrégé de toute la doctrine védique » » (source wikipédia). Mizane.info publie le chapitre XVI de la Bhagavadgîtâ, qui décrit ce que sont les destinées divines et démoniaques. Une traduction d’Emile Sénart.

1. L’intrépidité, la pureté intérieure, la fermeté à acquérir la science, la libéralité, la maîtrise de soi, la piété, l’étude, l’austérité, la droiture,

2. La bonté, la véracité, la patience, le renoncement, le calme, la sincérité, la pitié, le désintéressement, la tendresse, la pudeur, la tranquillité,

3. La force, l’endurance, la volonté, la pureté, l’indulgence, la modestie, tels sont, ô fils de Pâṇdu, les traits de qui est qualifié pour une destinée divine.

4. La fausseté, l’orgueil et l’infatuation, la colère et la dureté et, aussi, l’ignorance, ô fils de Pṛithâ, les traits de qui est voué à une destinée démoniaque.

5. La qualification divine mène à la délivrance, la démoniaque à l’asservissement de la transmigration. Réjouis-toi, ô fils de Pându, tu es marqué pour une destinée divine.

6. Il y a dans ce monde deux ordres d’êtres, les uns divins, les autres démoniaques. Je viens de te décrire le premier ; écoute, ô fils de Pṛithâ, ce qui caractérise le second.

7. Les hommes de complexion démoniaque ne savent ni agir ni s’abstenir de l’action ; en eux ni pureté, ni conscience, ni véracité.

8. Pour eux, cet univers est sans loi, sans fondement, sans dieu ; il n’est pas produit par une série de causes enchaînées mais résulte uniquement du désir.

9. Partant de cette erreur, ces êtres à l’esprit faible, funestes à eux-mêmes, naissent, malfaisants et pernicieux, pour le malheur de l’univers.

10. Dominés par l’insatiable désir, pleins de fausseté, d’orgueil et de folie, se forgeant, dans leur égarement, des idées mauvaises, ils vivent adonnés à des pratiques impures.

11. Absorbés par une inquiétude incessante qui ne finit qu’avec leur vie, uniquement tendus vers les jouissances du plaisir, ils se tiennent assurés qu’il n’est rien au delà.

12. Enchaînés par les mille liens de l’espérance, livrés au désir et à la colère, pour satisfaire leurs appétits, ils cherchent à s’enrichir, fût-ce par des moyens coupables.

13. J’ai acquis ceci aujourd’hui ; je pourrai satisfaire, tel désir ; ceci est à moi ; tel autre bien encore va m’échoir ;

14. J’ai frappé tel de mes ennemis ; à leur tour, je vais frapper les autres ; je suis le maître, je jouis, je réussis, je suis fort, je suis heureux ;

15. Je suis riche, je suis bien né ; quel autre est mon égal ? Je sacrifierai, je ferai des largesses, je vivrai dans la joie… Ainsi pensent les hommes égarés par l’ignorance.

16. Trompés par leurs illusions, pris au filet de l’erreur, attachés aux jouissances du plaisir, ils tombent dans l’enfer impur.

17. Pleins de soi, arrogants, animés de l’orgueil et de la folie de la richesse, ils offrent des sacrifices qui ne sont que formules vaines, œuvres d’ostentation que ne règle pas une exacte piété.

18. Voués à l’égoïsme, à la violence, à la vanité, au désir et à la colère, envieux et me poursuivant de leur haine en eux et dans les autres,

19. Ces êtres haineux, cruels, partout les derniers des hommes, ces êtres impurs, je les rejette indéfiniment dans des naissances démoniaques.

20. Condamnés de naissance en naissance à une destinée démoniaque, ces insensés, ô fils de Kuntî, loin de m’atteindre, tombent au dernier échelon de la vie.

21. Triple est cette porte de l’enfer si funeste à l’âme : désir, colère, cupidité ; que l’homme donc évite ces trois périls.

22. Libéré, ô fils de Kuntî, de ces trois portes de ténèbres, l’homme marche dans les voies du salut ; il atteint le but suprême.

23. Celui qui, rejetant les prescriptions de l’enseignement, ne connaît de règle que le désir, celui-là n’atteint pas la perfection ni le bonheur ni le séjour suprême.

24. Que l’enseignement soit donc ta règle pour établir ce qu’il faut faire, ce qu’il faut éviter ; connais et ne manque pas de pratiquer ici-bas ce que prescrit l’enseignement.

Bhagavadgîtâ, chapitre XVI.

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