La chaleur a augmenté de 26 % dans les habitations depuis 2013, met en garde la fondation Abbé Pierre dans un rapport. Le focus de la rédaction.
En 2023, plus de la moitié des Français ont souffert de la chaleur excessive dans leur logement, selon la Fondation Abbé Pierre. Le rapport souligne une augmentation de 26 % du nombre de personnes vivant dans des logements « trop chauds » depuis 2013. La Fondation appelle à adapter les habitations aux vagues de chaleur, soulignant que la précarité énergétique ne se limite pas à l’hiver.
Les vagues de chaleur de plus en plus intenses rendent certains logements inadaptés et même inhabitables pendant plusieurs mois par an, avec des conséquences parfois mortelles. En 2023, environ 5 000 décès liés à la chaleur ont été enregistrés, dont 75 % chez les personnes de 75 ans et plus.
93 % des bâtiments seront exposés à la grande chaleur
Les principales causes sont des murs mal isolés, des logements mal ventilés, ainsi que l’absence d’espaces extérieurs ou de volets. « Au-delà de l’euphémisme du « confort d’été », c’est l’habitabilité des logements et leur capacité à protéger leurs habitants (…) qu’il est urgent de prendre en compte« , avertit Christophe Robert, délégué général de la FAP.
Le rapport souligne que l’adaptation des logements à la chaleur reste négligée dans les politiques de rénovation, qui se concentrent principalement sur la réduction de la consommation d’énergie et la décarbonation du chauffage. Des obstacles réglementaires et patrimoniaux compliquent l’installation de protections solaires ou l’application de couleurs claires sur les façades et toitures. La situation est critique et pourrait empirer.
Dans un scénario de réchauffement de 4°C, 93% des bâtiments seront fortement exposés aux vagues de chaleur. Une enquête Ipsos-RTE de mai 2023 révèle que 37% des personnes souffrent à la fois du chaud en été et du froid en hiver dans des logements mal isolés. Les appartements sont trois fois plus souvent trop chauds que les maisons individuelles.
« Un Français sur sept habite un territoire qui sera exposé à plus de vingt journées anormalement chaudes chaque été d’ici 2050« , met en garde le rapport.
Paris, capitale européenne des décès par chaleur
Les villes, avec leur densité, leur manque de végétation, et leur forte présence de béton, amplifient les effets des canicules, créant des îlots de chaleur urbains (ICU). Ces ICU, causés par le béton qui retient et rediffuse la chaleur, ainsi que par la circulation automobile, ont entraîné une différence de température de 10°C entre la ville et la campagne lors de la canicule de 2003.
Une étude de mai dans Lancet Planet Health révèle que Paris est la capitale européenne où le risque de mortalité lié aux vagues de chaleur est le plus élevé, en raison de sa densité et du manque d’espaces verts. Les jeunes de moins de 25 ans, souvent dans des logements mal isolés, souffrent particulièrement de la chaleur (71%), tout comme 70% des locataires. Les mères célibataires, les personnes âgées et les ménages modestes sont également plus vulnérables.
« Il aurait été utile de subventionner également de simples gestes pour des millions de ménages exposés à la précarité énergétique d’été, sans forcément qu’ils aient à engager des travaux lourds alors qu’ils ont parfois besoin en urgence d’installer des volets« , soulignent les auteurs de l’étude.
Malgré la gravité de la situation, il n’existe aucune aide publique spécifique pour adapter les logements aux canicules, sauf dans le cadre de rénovations majeures. De plus, il n’y a aucune exigence de température maximale pour les logements loués, contrairement à la température minimale. La Fondation Abbé Pierre recommande d’inclure systématiquement des travaux d’adaptation aux vagues de chaleur dans les rénovations énergétiques subventionnées par l’État et propose un plan « grand chaud » pour protéger les sans-abri, particulièrement vulnérables.