Après l’accord de normalisation politique signé avec Riyad sous les auspices de la Chine, l’Iran entend renforcer sérieusement ses relations avec l’Afrique. Une tournée du président iranien Ibrahim Raïssi au Kenya, en Ouganda et au Zimbabwe vient mettre un terme à onze ans d’absence sur le continent. Nos explications.
Kenya, Ouganda et Zimbabwe. Depuis mardi 11 juillet, la tournée diplomatique du président de l’Iran en Afrique entend ouvrir de nouvelles pages entre Téhéran et le continent. C’est en effet la première visite d’un chef d’état iranien en Afrique depuis 11 ans. Si les détails de la visite ne sont pas connus, on sait néanmoins que les volets politiques, économiques et commerciaux seront prédominants.
Le porte-parole de la diplomatie iranienne, Nasser Kanani, a décrit cette tournée de trois jours comme « un nouveau point de départ » avec les pays africains « sérieusement intéressés par développer leurs relations avec l’Iran sur les plans économiques et commerciaux » et « également sur les vues politiques communes » entre ces pays. Une délégation d’hommes d’affaires iraniens était donc du voyage.
Cette visite d’état fait suite à l’accord politique historique signé en Chine entre Téhéran et Riyad, ouvrant une nouvelle ère géopolitique entre les deux pays ennemis. Elle marque le nouveau souffle actif de la diplomatie iranienne, engagé sur tous les fronts politiques.
Fort de son alliance sino-russe à l’est, l’Iran, sous la houlette de son président, s’est rendu en Indonésie, avant une visite d’état en juin en Amérique latine (Venezuela, Nicaragua et Cuba).
Le président Raïssi recevait également samedi 8 juillet le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf dans le cadre du renforcement des relations algéro-iraniennes.
Des « entretiens téléphoniques » réguliers entre les présidents iranien et algérien avaient précédé cette visite, inscrite selon les acteurs politiques dans la « dynamique positive » dans laquelle l’Iran s’est engagé vis-à-vis du monde arabe.
Outre les considérations commerciales et industrielles, le menu politique des discussions entre Alger et Téhéran a concerné le Sahara occidental, la Palestine, le Mali, le Yémen, le Soudan, la Libye et l’Ukraine.
Le président Raïssi en a profité pour inviter son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour une visite d’État à Téhéran « dès que son agenda le permet ». Sans oublier le voisin marocain. Au moment des célébrations de l’aïd al adha, le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, avait tendu la main à la monarchie chérifienne dans un message diplomatique qui s’est voulu apaisant.
S’il en faudra plus pour rétablir des relations diplomatiques normalisées avec Rabat, une chose est sûre. Le continent africain qui a manifesté sa volonté de rabattre ses cartes géopolitiques recherchent de nouvelles alliances. Et dans cette nouvelle donne, l’Iran entend bien être de la partie.
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