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La figure d’Ibrahim dans le Coran

A l’occasion du pèlerinage qui va débuter dans moins d’une dizaine de jours, Mizane.info publie une série de textes de l’imam Ahmad Kanté consacré à la figure d’Ibrahim (Abraham) à la lumière du Coran. Ce premier volet sera consacré à l’élection d’Ibrahim et à l’ordre de la fondation de la Maison sacrée.

En rapport avec la fête du sacrifice (Tabaski au Sénégal) qui approche, je propose un portrait d’Abraham de la Bible connu sous le nom d’Ibrahim (paix sur lui) dans le Coran. Ce prophète et messager de Dieu a vu son statut et sa fonction dans l’histoire du Salut se trouver à la croisée d’une disputation interminable entre les trois familles théologiques qui se revendiquent comme ses authentiques héritiers, à savoir : juifs, chrétiens et musulmans.

Notre démarche consiste à répertorier les versets du Coran qui mentionnent Ibrahim (paix sur lui), pour ensuite formuler des énoncés simples qui renseignent sur la vérité de ce fabuleux et incontournable personnage dans l’histoire de la foi en un Dieu unique, Créateur et Maître des mondes qui s’est adressé à l’humanité.

(Coran 2 : 124) :

« [Et rappelle-toi] quand ton Seigneur eut éprouvé Abraham par certains commandements, et qu’il les eut accomplis, le Seigneur lui dit : « Je vais faire de toi un exemple à suivre pour les gens ». – « Et parmi ma descendance ? » demanda-t-il. – « Mon engagement, dit Allah, ne s’applique pas aux injustes»

Face aux moult épreuves auxquelles le soumet Allah (Dieu), Ibrahim (paix sur lui) adopte une attitude fort exemplaire, par l’endurance et par une foi qui n’est pas sujette au doute, montrant ainsi comment doit se traduire la dignité du vrai croyant. C’est ainsi que Dieu, satisfait de lui, l’investit comme imam de l’humanité.

Lorsque Ibrahim implora Dieu (Allah) d’accorder le même rang illustre à sa descendance, le Très-Haut lui lui répondit que les injustes parmi ses descendants n’en seraient pas dépositaires. Le terme « zâlimîn » (injustes) renvoie ici, si on applique la règle (le Coran expliqué par le Coran), à quiconque ne croira pas au Dieu unique, ne lui vouera pas un culte exclusif et n’observera pas Ses commandements. Il en découle qu’être de la descendance d’Ibrahim n’implique pas que l’on soit concerné par le « ahd » (pacte, engagement) d’Allah mentionné dans ce verset. Le sang ne donne aucun privilège en ce domaine mais plutôt la foi et les bonnes œuvres. A partir de cette élection, le statut de Prophète avec tout ce à quoi il est associé, circule dans la descendance d’Ibrahim jusqu’à l’avènement de Muhammad (la paix soit sur lui), le Sceau des prophètes.

Coran 2 : 125) :

« [Et rappelle-toi], quand nous fîmes de la Maison un lieu de visite et un asile pour les gens – Adoptez donc pour lieu de prière, ce lieu où Abraham se tint debout – Et Nous confiâmes à Abraham et à Ismaël ceci: « Purifiez Ma Maison pour ceux qui tournent autour, y font retraite pieuse, s’y inclinent et s’y prosternent. »

Ce verset rappelle que Dieu a fait de cette Maison, un « mathâbatan », terme auquel les commentateurs du Coran ont donné des sens différents qui chacun dévoile une dimension spirituelle de cette Maison d’Allah.

Retenons quand même les sens de lieu de refuge, et de recueillement. Le verset indique aussi que le lieu où se tint Ibrahim (paix sur lui) lors de la (re) construction de la Kaaba, avec l’empreinte jusqu’à nos jours conservée de son pied, est un lieu de prière pour les pèlerins. Le verset qualifie aussi cette Maison de Dieu de lieu de « amn ». Ce terme renvoie à la sécurité mais de quelle sorte de sécurité s’agit-il ? Pour certains commentateurs, c’est de la quiétude spirituelle qu’il est question en ce lieu béni et ses alentours. C’est ainsi que le pèlerin qui se met en état de sacralisation « ihrâm » ne doit perturber personne ni rien : il lui est interdit de polémiquer, d’entretenir des relations charnelles, de tuer la plus petite bête, de déraciner ou couper la plus petite plante, etc.

Puis, le verset rappelle un autre « engagement (ahd) » à travers lequel Dieu propose à Ibrahim et à son fils aîné Ismâ ‘îl de préparer Sa Maison de façon à la rendre rituellement pure, notamment pour les futurs « hujjâj » (pèlerins). C’est-à-dire, en faire un lieu dépouillé de toute représentation, trace, pratique, et de tout symbole d’idolâtrie (chirk). C’est encore de purification qu’il s’agira lorsqu’à l’époque du prophète Muhammad (PBDSL), les Arabes résidant aux alentours de la Kaaba, comme d’autres venus de plus loin, souilleront le lieu en y mettant plus de trois cents statuettes considérées comme des divinités, en plus de pratiques de pèlerinage indécentes n’ayant plus grand chose à voir avec le vrai et authentique hajj pratiqué et enseigné jadis par Ibrahim et Ismâ-îl. Dans cette optique, le verset cite quelques-uns des actes cultuels les plus importants à faire en ce lieu béni.

(Coran 2 : 126) :

« Et quand Abraham supplia : « O mon Seigneur, fais de cette cité un lieu de sécurité, et fais attribution des fruits à ceux qui parmi ses habitants auront cru en Allah et au Jour dernier », le Seigneur dit : «Et quiconque n’y aura pas cru, alors Je lui concèderai une courte jouissance [ici-bas], puis Je le contraindrai au châtiment du Feu [dans l’au-delà]. Et quelle mauvaise destination ! »

Ibrahim (paix sur lui) invoque Allah pour qu’en plus de Sa Maison, Il fasse de l’endroit où elle se trouve une cité sûre où les habitants bénéficieront de toutes sortes de fruits. L’histoire atteste de la réalisation de ce vœu étant donné que des années et des années plus tard ce lieu désertique sera habité par des Arabes organisés en tribus comme celle de Quraych d’où sera issu le Prophète Muhammad (PBDSL). De plus, par ce qui ne peut être compris que comme un miracle, cette localité va devenir une cité historiquement protégée de diverses attaques qui auraient pu lui être fatales. Malgré sa grande vulnérabilité, La Mecque sera sécurisée et approvisionnée en divers fruits venant de partout dans le monde.

C’est donc l’invocation d’Ibrahim exaucée par le Créateur et Maître des mondes qui s’est réalisée à travers la tribu de Quraych qui en a tiré profit pendant des siècles. C’est de ce miracle ou de cette faveur en termes de sécurité physique et alimentaire que parle la sourate 106 intitulée « Quraych ». Dieu (Allah) y invite les Quraychites à n’adorer que Lui, le Maître de cette Maison, la Kaaba, dont ils tirent profit en raison de son caractère sacré.

Cette protection miraculeuse se confirmera lorsque l’année de la naissance du Prophète Muhammad disent ses biographes qui correspond aussi à « l’année de l’éléphant », le nommé Abraha arrive à la Mecque, déterminé à détruire la Maison de Dieu. Son expédition sera sévèrement punie par Qui de droit et de puissance (S105). Considérant que seuls des croyants au Dieu unique, au jour Dernier et en la reddition des comptes, méritaient les faveurs d’Allah, Ibrahim invoqua le Créateur et Maître des mondes à les approvisionner en toutes sortes de fruits. Ce Dernier (SWT) lui répondit que même les incroyants bénéficieront de Ses faveurs pour un laps de temps. En effet, malgré le dévoiement du Hajj abrahamique et l’introduction des idoles à l’intérieur de Sa Maison pourtant dédiée à célébrer Son unicité, les Quraychites vont bénéficier d’une sécurité physique et alimentaire de la part du Créateur et Maître des mondes. Le Prophète (saws) s’en étonnait lui-même.

Ahmad Kanté

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