À l’occasion du 80e anniversaire de la libération d’Auschwitz, l’UJFP (Union juive française pour la paix) et Tsedek, deux organisations juives, ont organisé samedi un colloque à Paris. Sous le thème : « Penser le fait génocidaire », plusieurs chercheurs et universitaires ont abordé la « cruauté absolue » similaire du génocide commis par Israël à Gaza.
« Penser le fait génocidaire ». Tel était le thème du colloque qui s’est tenu samedi dernier sur Paris à l’occasion du 80e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz. Un événement organisé par deux associations juives « antisionistes » : Tsedek et l’Union juive française pour la paix (UJFP). Les intervenants ont notamment mis en lumière les liens entre l’extermination des juifs par les nazis et les crimes des israéliens à Gaza, dans un « contexte génocidaire ».
Un crachat à la figure des Palestiniens
« Gaza va supplanter Auschwitz dans ce qui relève de la métaphore de la cruauté absolue » a analysé, durant l’évènement, Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières. Il a également estimé que « la mémoire d’Auschwitz apparaît comme une espèce de crachat à la figure des Palestiniens ».
D’autres intervenants ont souligné des points similaires. Le chercheur Gilbert Achcar, par exemple, a déploré que l’on entende « beaucoup moins de choses sur le nombre de Palestiniens morts le 7 octobre ». Sur le même sujet, le journal Suisse « Le courrier » a également abordé cette comparaison dans un article publié dimanche dernier.
Il mentionne l’historien Enzo Traverso qui a décrit l’Holocauste comme « une synthèse unique d’éléments fondamentaux de la modernité occidentale : le colonialisme, la guerre, le racisme biologique, l’antisémitisme, le nationalisme et l’impérialisme ». Une idéologie brune qui est en train de refaire surface sur la scène mondiale aujourd’hui.
La complicité des États occidentaux
« Le 27 janvier, consacré à la mémoire des victimes de l’Holocauste et à la prévention des crimes contre l’humanité, prend une écho particulièrement sombre en 2025. »
Pour les auteurs de l’article, Christophe Koessler et Guy Zurkinden, la commémoration coïncide avec l’ordonnance adoptée le 26 janvier 2024 par la Cour internationale de Justice (CIJ), qui identifiait déjà un risque de génocide à Gaza. « Loin de se plier à cette injonction, Israël a bel et bien commis un génocide ».
Au lieu de respecter la Convention sur le génocide, qui impose de protéger les populations menacées, plusieurs États occidentaux ont contribué à ces crimes, par leur silence ou par leurs déclarations en soutien à Israël.
« N’avons-nous rien appris ? »
Les États-Unis et l’Allemagne portent la responsabilité encore plus directe, ayant continué à fournir des armes à Israël. Ce soutien est « le fruit d’une idéologie néocoloniale, raciste et impérialiste de portée par l’Europe et l’Amérique du Nord ».
« Qu’un gouvernement prétendant représenter le peuple juif puisse commettre aujourd’hui un génocide en toute impunité semble inconcevable », souligne le texte. « L’affirmer semble presque blasphématoire. Ce qui est encore plus incroyable, c’est que cette guerre contre les Gazaouis est justifiée par certains responsables israéliens au nom de la mémoire de l’Holocauste, ainsi dévoyée et dramatiquement affaiblie. N’avons-nous rien appris ? ».
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