La Namibie a décrété, ce mardi 3 septembre, le début de l’abattage de plus de 700 bêtes sauvages dans le cadre d’une mesure gouvernementale destinée à fournir de la viande aux populations affamées par « la pire sécheresse depuis des décennies ». Plusieurs associations dénoncent une mesure « cruelle » et « dangereuse ». Explications.
Face à des températures anormalement élevées en Afrique australe, la Namibie a déclaré l’état d’urgence depuis mai. Ce mardi, le ministère namibien de l’environnement a annoncé le début de l’abattage de plus de 700 animaux sauvages, parmi lesquels des hippopotames, éléphants, buffles et zèbres.
Cette mesure vise à nourrir les populations touchées par ce qui est considéré comme « la pire sécheresse depuis des décennies ». Des associations demandent aux autorités de Namibie de « reconsidérer » cette mesure « non seulement cruelle mais aussi dangereuse à courte vue et qui n’aura aucun effet à long terme ».
160 animaux sauvages déjà abattus
Environ 160 animaux ont déjà été abattus dans le cadre de la mesure gouvernementale en Namibie, selon Romeo Muyunda, porte-parole du ministère de l’environnement. Cette initiative vise à fournir de la viande à des milliers de personnes tout en réduisant la pression sur les ressources en pâturage et en eau, aggravée par la sécheresse.
La majorité des animaux abattus proviennent des parcs nationaux protégés du pays. Les 157 premiers abattages ont permis de récolter 56 875 kilogrammes de viande, selon un communiqué du ministère :
« Notre but est de mener cette opération de façon durable tout en minimisant le traumatisme autant que possible. Nous devons séparer les animaux devant être chassés de ceux qui ne le sont pas »
En août, le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU a rapporté qu’environ 1,4 million de Namibiens, soit plus de la moitié de la population, étaient confrontés à une insécurité alimentaire grave.
Un scandale pour les défenseurs de l’environnement
L’association PETA (People for the Ethical Treatment of Animals) a publié une lettre à destination de la première ministre namibienne Saara Kuugongelwa-Amadhila pour lui demander de « reconsidérer » l’abattage d’animaux sauvages en raison de sa cruauté et de son inefficacité à long terme. Jason Baker, vice-président de PETA, avertit que cette mesure pourrait déséquilibrer les écosystèmes.
Parallèlement, un groupe de chercheurs et de défenseurs de l’environnement africains a dénoncé l’abattage de masse comme un précédent dangereux permettant aux gouvernements d’exploiter « la faune protégée et les parcs nationaux sous couvert de besoins humanitaires ».
Les chercheurs rappellent que la mesure controversée survient à l’approche des élections de novembre en Namibie et constatent que la viande est distribuée dans les zones où le parti au pouvoir rencontre une forte opposition.
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