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La Tunisie va-t-elle supprimer l’islam de sa Constitution ?

L’assemblée des représentants du peuple. Depuis près d’un an, le parlement a été mis sous veilleuse par l’actuel président de la république tunisienne. 

Kaïes Saïed a annoncé un référendum le 25 juillet prochain pour une réforme de la constitution tunisienne. On ignore encore le contenu du nouveau texte proposé, à l’exception d’un article et non des moindres, celui qui indique que la religion de la Tunisie est l’islam. De quoi faire grincer des dents dans le pays du jasmin. Nos explications. 

Kaïes Saïed va-t-il faire de la Tunisie un Etat laïque ? La question est lancinante ces derniers jours depuis l’annonce par Tunis d’une proposition de réforme de l’article 1. Que dit cet article ? Ceci : la Tunisie est “un État libre, indépendant et souverain, l’islam est sa religion, l’arabe sa langue et la république son régime”. Un article important puisqu’il fonde le socle constitutionnel de l’identité musulmane de la Tunisie.

Le chef de l’Etat tunisien envisage selon des informations relayées par la presse tunisienne de supprimer la mention de l’islam. Sadok Belaïd, président coordinateur du Comité consultatif pour la nouvelle république, nommé par le raïs tunisien a justifié cette mesure par la volonté de faire « barrage » à l’islam politique. « 80% des Tunisiens sont contre l’extrémisme et contre l’utilisation de la religion à des fins politiques. C’est précisément ce que nous allons faire tout simplement gommant l’article 1 dans sa formule actuelle », a-t-il déclaré à l’AFP.

Kaïs Saïed lui-même avait publiquement exprimé ses vues déclarant que «l’islam est la religion de la nation, pas de l’État» et estimant «Si nous faisons la prière et le ramadan, ce n’est pas sur la base de cet article, mais sur un ordre de Dieu.»

Le président tunisien Kaïes Saïed, à droite.

Cette annonce n’a pas été vraiment appréciée en Tunisie, y compris dans le propre camps de Saïed. Cité par Arab News, Rida Maghzaoui, secrétaire général du Parti du peuple, proche du président, a menacé le président tunisien de ne pas soutenir sa réforme constitutionnelle «s’il n’est pas fait mention de l’identité arabo-musulmane dans l’article 1er de la nouvelle Constitution».

Ennaha dénonce une manœuvre contre les dissidents

Un ancien ministre de l’époque Ben Ali a également avancé les difficultés juridiques qu’une telle modification entrainerait. «Elle imposerait de revoir tous les textes de loi inspirés de l’islam, à l’instar de ceux qui concernent l’héritage et l’adoption, deux questions qui divisent les Tunisiens. Surtout, elle constituerait une aubaine pour les groupes islamistes extrémistes, qui auraient l’occasion de prendre le contrôle des mosquées, actuellement gérées par l’État.»

Le seul soutien pour Kaïs Saïed est venu de Habib Guiza, secrétaire général de la Confédération générale tunisienne du travail (CGTT), pour lequel «l’État n’a pas de religion».

La critique la plus forte a émané du parti islamiste Ennahda qui a « mis en garde contre toute tentative de porter atteinte aux principes fondamentaux du peuple, à son identité arabe et musulmane, ou au caractère civil de l’Etat ».

Ennahda dénonce la remise en cause de « questions que le peuple a tranchées dès l’Indépendance et les a incluses dans la Constitution de la révolution (en 2014), ainsi que les viles tentatives des les instrumentaliser contre les dissidents » dans un communiqué.

Un flot de critiques qui a poussé Sadok Belaïd a un premier rétropédalage. Dans sa dernière déclaration, l’homme a considéré que «ce principe fondamental (islam) figurera à un endroit adéquat dans la nouvelle Constitution» selon Arab news.

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