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L’alliance entre abbassides et carolingiens

Une alliance impromptue entre les abbassides et les carolingiens s’est établie au VIIIe contre l’émir de Cordoue. Un récit de Roland Laffitte sur Mizane.info. 

On connaît l’anecdote piquante qui semble tirée tout droit des Mille et une nuits, celle des cadeaux offerts à Charlemagne par une ambassade du calife Ḥarūn al-Rašīd, la fameuse horloge hydraulique et le célèbre éléphant blanc Aboul-Abbas (Abū l-ᶜAbbās).  Ce n’est pourtant pas une légende mais la réalité. Les échanges diplomatiques entre Carolingiens et abbassides ont commencé peu après l’instauration en 750 du califat abbasside en Orient et le surgissement en 756 avec ᶜAbd al-Raḥmān d’un émirat continuateur de la dynastie omeyyade en Al-Andalus, considéré comme tout aussi menaçant pour le royaume de Pépin que dangereux pour le calife al-Manṣūr.

C’est ainsi qu’une délégation franque se rend à Baghdad en 765 et en renvient trois ans plus tard avec de nombreux cadeaux, accompagné d’une ambassade du fondateur de cette glorieuse cité.

Le but est clair : il s’agit de faire front commun contre l’émir omeyyade de Cordoue.

Cette alliance se concrétise très vite quand Sulaymān b. Yaqẓān al-ᶜArabī, le wali pro-abbasside de Barcelone et de Gérone, envoie une députation à Charlemagne, alors à Paderborn, en Rhénanie.

Le wali offre sa soumission ainsi que l’allégeance de Husayn b. Yaḥya et Abū Ṯawr, respectivement walis de Saragosse et de Huesca, en contrepartie d’une aide militaire contre l’émir ᶜAbd alRaḥmān de Cordoue, dans une conjoncture où tout laisse
à penser que Muḥammad al-Mahdī, le successeur d’al Manṣūr, est en train de mettre sur pied une force d’invasion d’Al-Andalus contre la sécession omeyyade.

La campagne, menée en 778-801 par Charlemagne qui a succédé à Pépin en 768, et qui va se terminer d’un côté par l’échec devant Pampelune suivi de l’attaque des Vascons qui entraîna la mort de Roland à Roncevaux, et de l’autre par la prise de Gérone en 795 et de Barcelone en 801 pour remercier Sulaymān al-ᶜArabī de son aide, s’inscrit donc dans un vaste plan géopolitique, dont les
questions religieuses sont parfaitement mineures…

Plusieurs ambassades se croisent pendant ces événements, mais aussi par la suite jusqu’à celle de 809 qui arrive à Baghdad après le décès de Harūn al-Rašīd, qui advient en mars.

Les liens tissés entre Charlemagne et le Calife ne se résument pas à la constitution d’un front commun contre l’émirat de Cordoue. Ils esquissent dans le même temps une alliance contre Byzance.

Abbassides et carolingiens : le déclin d’une alliance

La prétention de Charles, couronné en décembre 800 à Rome par le pape Léon III, de rétablir l’Empire romain et son refus de la proposition de mariage d’Irène l’Athénienne, impératrice depuis 797, poussent en effet à concevoir sur un nouveau autre front l’alliance avec Harūn.

Ce dernier se lance en effet en 802 à une attaque en règle contre Nicéphore Ier, dit le Logothète, lequel vient de renverser Irène.

Sous les successeurs de Charles et de Harūn, les liens vont s’affaiblir, probablement du fait que d’un côté la menace de Cordoue sur les Francs diminue et que, de l’autre, les rapports de Baghdad et de Byzance se normalisent.

On note cependant, un siècle plus tard, en 906, une correspondance de Berthe, fille de Lothaire II, roi des Francs régnant sur les territoires ayant pris en 855 le nom de Lotharingie, dans laquelle elle demande à ᶜAlī al-Muktafī bi-Llāh, de faciliter son projet
d’alliance patrimoniale avec l’émir de Sicile, comme si le Calife possédait alors une quelconque influence à Tunis sur la dynastie aghlabide.

Roland Laffitte

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