Le lycée privé musulman Averroès était devant le tribunal administratif de Lille, ce mercredi 24 janvier, pour suspendre les effets de la décision du préfet du Nord qui avait décidé de résilier le contrat d’association du lycée avec l’Etat. La décision de cette procédure en référé suspension devrait être rendue la semaine prochaine en attendant le jugement sur le fond. Zoom.
Les avocats du lycée Averroès avaient déposé début janvier un recours en référé suspension visant à suspendre les effets de la décision de résiliation du préfet du Nord. Cette procédure d’urgence a été introduite en attendant un jugement du tribunal sur le fond qui tranchera définitivement sur la décision préfectorale.
Le représentant de la préfecture du Nord a soutenu que le lycée Averroès véhiculait une idéologie « séparatiste » tandis que les avocats de l’établissement scolaire ont dénoncé le manque d’éléments du dossier et « la mesure d’une exceptionnelle gravité » contre « un lycée d’excellence ».
La décision de résiliation est « un arrêt de mort » pour le lycée
Le lycée privé musulman Averroès s’est défendu, mercredi, au tribunal administratif de Lille contre la décision de résiliation de son contrat avec l’État. Une décision qui a déjà des conséquences sur l’organisation de l’établissement, « cette décision de résiliation est un arrêt de mort d’un point de vue financier » a alerté Vincent Brengarth, avocat de l’association Averroès.
La préfecture a poursuivi, de son côté, le réquisitoire justifiant sa décision du 7 décembre. L’avocat de la préfecture, Me François Pinatel, a d’ailleurs accusé le lycée Averroès de « véhiculer une idéologie séparatiste au sein de l’établissement. »
Une accusation qui a scandalisé le directeur de l’association Averroès, Makhlouf Mameche, « c’est la première fois qu’on nous accuse de séparatisme. C’est très dur à entendre ». « Je n’ai rien d’un séparatiste » a ajouté Mohamed Daoudi, le président de l’association des parents d’élèves du lycée Averroès.
« Ce n’est plus deux poids, deux mesures mais deux poids, dix mesures »
Les défenseurs de la préfecture ont souligné plusieurs points pour étayer la résiliation de contrat : les liens historiques du lycée avec les Frères musulmans, l’apprentissage d’un livre (retiré) contraire aux valeurs de la République et le manque d’ouverture religieuse du Centre de documentation et d’information.
« Tous ces éléments pris ensemble constituent non pas une liste à la Prévert mais un système organisé de manquements » a assené la défense de la préfecture. Les avocats de l’établissement scolaire ont contesté « la mesure d’une exceptionnelle gravité contre un lycée d’excellence ». Éric Dufour, directeur du groupe scolaire, a notamment fait un lien avec la polémique de l’école catholique Stanislas :
« Stanislas a reçu quatorze recommandations après le rapport de l’inspection générale et nous, aucune ! Alors, je veux bien qu’on nous sanctionne, mais ce n’est plus deux poids, deux mesures, c’est deux poids, dix mesures. »
« Plutôt que de rompre, l’État devrait l’aider, devrait lui tendre la main » a souligné la Me Vincent Brengarth. La décision de cette procédure en référé suspension devrait être rendue dans les jours à venir.
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