Par décret, le gouvernement pakistanais s’apprête à expulser 1,7 million d’Afghans. Les autorités avaient donné jusqu’au 1er novembre aux réfugiés afghans, sans papiers, pour partir définitivement. La recrudescence d’attentats, la crise économique et les perpétuels tensions avec le gouvernement taliban expliqueraient cette décision. Focus.
Le gouvernement pakistanais veut renvoyer près de deux millions d’Afghans. Cela représente presque 1% de la population au Pakistan. Le nombre d’Afghans, dans le pays, est estimé à quatre millions dont 1,7 million ne possède pas de titre de séjour.
Les autorités d’Islamabad avaient donné jusqu’au 1er novembre aux réfugiés afghans pour partir. Ceux qui refusent de partir, malgré cet ultimatum, seront arrêtés, emprisonnés puis expulsés. 200 000 Afghans sont déjà rentrés volontairement, selon les autorités du pays.
Relations tendues avec le gouvernement afghan
Certains sont présents sur le sol pakistanais depuis près de quarante ans. De l’invasion de l’armée soviétique à celle de l’armée américaine contre les Talibans, les Afghans sont arrivés au Pakistan par vagues.
Le Pakistan est l’un des pays qui accueille le plus de réfugiés au monde, en très grande majorité des Afghans, qui ont afflué au cours des quatre dernières décennies de guerre. Depuis août 2021, et le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan, au moins 600 000 Afghans sont arrivés au Pakistan.
Déjà maintes fois envisagé par le passé, les autorités pakistanaises profitent ainsi du retour au pouvoir des Talibans et de l’amélioration suggestive de la sécurité – en Afghanistan – pour appliquer sa mesure d’expulsion des réfugiés afghans sur son sol. Muhammad Amir Rana, analyste politique précise :
« Les attentes du Pakistan envers le régime taliban (en matière de sécurité) n’ont pas été satisfaites et il a décidé d’utiliser ça comme un instrument de pression à leur encontre »
De longues files d’attente à la frontière entre les deux pays
À Torkham, près du point de passage entre les deux pays, plus de 200 000 migrants visés se sont précipités, depuis mardi 31 octobre, afin de rejoindre l’Afghnistan volontairement. « Après le 1er novembre, nous ne ferons aucune concession », a prévenu le ministre pakistanais de l’Intérieur, Sarfraz Bugti.
L’ONG Human Rights Watch dénonce une politique de « déportation massive » tandis que le gouvernement de l’Émirat islamique d’Afghanistan implore les pays voisins « de ne pas déporter les Afghans sans préparatifs » tout en invoquant la «fraternité islamique ».
Le gouvernement pakistanais a justifié sa décision par la détérioration de sa sécurité et la multiplication d’attentats dans le nord-ouest du pays, à la frontière avec l’Afghanistan.
Islamabad accuse notamment Kaboul de laisser les talibans pakistanais du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP) de préparer leurs attaques contre le Pakistan depuis le territoire afghan.
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