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dimanche 08 septembre 2024

Le Rwanda s’empare de l’est de la RDC

Conflit oublié, la guerre en République démocratique du Congo a fait, depuis 1998, 10 millions de morts des suites de maladies, de sous alimentation et de massacres réguliers. 500 000 femmes y ont été violées durant cette période. Récemment, le Rwanda et ses milices ont renforcé leur contrôle de l’est de la RDC. Zoom.

Le groupe d’experts des Nations unies a mis en lumière l’implication des forces de défense du Rwanda aux côtés du Mouvement du 23 mars (M23) dans la province du Nord-Kivu, en RDC. Initialement niée par Kigali, cette implication a été confirmée par leur dernier rapport publié le 8 juillet. Le rapport va plus loin en affirmant que les Forces de défense du Rwanda (FDR) dirigent de facto les opérations du M23, rendant ainsi le Rwanda responsable des actions du groupe rebelle.

Les experts de l’ONU mettent en garde contre des possibles crimes de guerre, citant des preuves telles que des photographies, des images de drones, des enregistrements vidéo et des témoignages, détaillant les incursions des FDR et leur renforcement dans la région du « Petit Nord » autour de Goma.

Selon les experts de l’ONU, entre 3 000 et 4 000 soldats rwandais étaient déployés fin mars en RDC, principalement dans les territoires de Nyiragongo, Rutshuru et Masisi. Ce contingent dépasse en nombre les miliciens du M23. Le rapport détaille la chaîne de commandement des officiers rwandais impliqués dans cette opération, ainsi que les divisions, brigades et bataillons engagés sur le terrain.

La présence rwandaise est décrite comme un avantage stratégique crucial face à l’armée congolaise et ses alliés, regroupés sous la bannière des wazalendo. Le soutien des Forces de défense du Rwanda (FDR) est essentiel à la capacité du M23 de mener des opérations sur plusieurs fronts simultanément.

Entre décembre 2023 et juillet 2024, le M23 et les FDR ont étendu leur contrôle territorial de manière significative, augmentant de 70 % la superficie sous leur administration parallèle. Ils contrôlent une zone s’étendant sur environ 100 kilomètres d’est en ouest, de la frontière ougandaise à Bunagana jusqu’à Mweso dans le territoire du Masisi, et sur plus de 250 kilomètres du nord de Kirumba aux hauteurs de Minova au sud, le long du lac Kivu.

L’expansion territoriale du M23 et des Forces de défense du Rwanda a été renforcée en mai par la prise des villes de Kanyabayanga et Kirumba, attribuée à l’utilisation d’équipements de haute technologie rwandais tels que des obus de mortiers guidés par laser fabriqués en Israël et des systèmes de défense sol-air probablement d’origine chinoise, capables de neutraliser les drones d’attaque congolais.

L’implication directe des forces rwandaises dans ce conflit soulève des questions sur la responsabilité pénale du Rwanda au niveau international. Les experts soulignent que le soutien continu et la présence des FDR aux côtés du M23 en RDC peuvent entraîner des sanctions, violant ainsi la souveraineté et l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo.

De plus, le rapport fait état de témoignages concernant le recrutement d’enfants soldats par des officiers des Forces de défense du Rwanda, mené dans des camps de réfugiés congolais situés au Rwanda ou en Ouganda.

Dans les territoires du Rutshuru et du Masisi en République démocratique du Congo, le M23 a procédé à des enlèvements systématiques de centaines d’hommes et de garçons âgés de 10 à 12 ans, capturés alors qu’ils travaillaient dans les champs. Ceux qui ont tenté de s’échapper ont été exécutés. Le rapport souligne également que le M23 et les Forces de défense du Rwanda ont ciblé spécifiquement les localités majoritairement peuplées de Hutu, menant à des exécutions et à la destruction de villages, des actes pouvant constituer des crimes de guerre.

Malgré les initiatives régionales telles que les processus de Luanda et de Nairobi, les violences persistent. Le Conseil de sécurité de l’ONU, ainsi que plusieurs gouvernements comme la France, les États-Unis et l’Union européenne, ont exigé du Rwanda qu’il cesse tout soutien au M23 et retire ses troupes de la RDC, sans succès jusqu’à présent.

Cette situation affecte également l’intervention du Rwanda dans la province du Cabo Delgado au Mozambique, où une aide financière européenne est actuellement bloquée en raison de la position de la Belgique, qui exige des sanctions préalables sur le dossier congolais avant de soutenir financièrement Kigali.

Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement rwandais, nie catégoriquement l’implication directe de Kigali dans le conflit en RDC, qualifiant les accusations de « guerre de l’information ». Elle rejette la responsabilité de la crise sur la RDC, affirmant que le pays pourrait désamorcer la situation par ses propres moyens.

Elle mentionne les déclarations du président congolais Félix Tshisekedi, qui a publiquement désigné le président Paul Kagame et le gouvernement rwandais comme ennemis, et a même menacé de déclarer la guerre au Rwanda à plusieurs reprises.

Yolande Makolo souligne également un rapport de l’ONU confirmant que l’armée congolaise est active près de la frontière rwandaise, aux côtés de la milice FDLR, des forces de la SADC, de mercenaires européens, des forces burundaises et d’autres milices ethniques armées. Elle affirme que le Rwanda prend ces menaces au sérieux et continuera à se défendre.

Plus de 10 millions de morts, 500 000 femmes violées, et une violation caractérisée du territoire de la RDC depuis 1998. Tel est le bilan dressé par l’enquête intitulée «L’holocauste au Congo. L’omerta de la Communauté internationale», publiée par le politologue, journaliste et essayiste camerounais Charles Onana.

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