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Le sultan de l’Etat de Perak (Malaisie) : «L’avenir appartient à ceux qui croient avoir le pouvoir de le façonner» 

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Mardi 17 juillet, Nazrin Muizzuddin Shah, sultan de l’Etat de Perak en Malaisie, a prononcé le discours d’ouverture de la 5e Conférence mondiale sur la pensée et la civilisation islamique. L’occasion pour le chef d’Etat malais d’aborder les défis de la pauvreté, de l’environnement et de la jeunesse, à la lumière de la contribution économique, politique et éthique du monde musulman, et ceci dans une perspective internationale orientée vers l’avenir. Mizane.info vous propose quelques extraits de ce discours-plaidoyer en faveur de la jeunesse.  

« Mesdames et messieurs,

En tant que musulman, je dis que « l’avenir est à nous », car je crois que l’islam a beaucoup à offrir au monde lorsqu’il s’agit de relever certains des plus grands défis de l’avenir de l’humanité, notamment sur le plan économique et environnemental. J’ai parlé dans le passé des moyens par lesquels la finance islamique pourrait jouer un rôle essentiel dans la lutte contre les problèmes de pauvreté et d’instabilité financière à une échelle mondiale plus vaste. Il est largement reconnu, par exemple, que les banques islamiques se sont généralement bien portées pendant la crise financière de 2007-2008, démontrant une plus grande résilience que les banques non islamiques, selon un rapport du Fonds monétaire international. Ceci, sûrement, est un signe que les modèles de finance islamique pourraient grandement contribuer au secteur bancaire mondial dans son ensemble, assurant la stabilité et la sécurité face à l’incertitude économique future.

Les vertus de la finance islamique

En plus d’offrir l’espoir d’une stabilité économique future, la finance islamique peut également apporter certaines réponses lorsqu’il s’agit de s’attaquer au grave problème de la pauvreté généralisée. À travers les institutions de finance sociale de la zakat, du waqf et de la sadaqah, l’islam consacre le don caritatif et il ne fait aucun doute que ces mécanismes pourraient être mieux mobilisés pour soulager un plus grand nombre de personnes, musulmans et non-musulmans, à l’échelle mondiale.

Nous devrions également noter, en outre, l’énorme potentiel des obligations sukuk pour générer de la richesse pour le bien commun de tous les peuples. Les sukuks visent à collecter des fonds pour financer des projets socialement bénéfiques pour tous. Prenons, par exemple, Gavi, la Vaccine Alliance, qui a lancé le premier sukuk international destiné à un but caritatif en 2014, en recueillant 500 millions de dollars la première année pour aider à financer des programmes de vaccination dans certains des pays les plus pauvres du monde. Citons aussi le Khazanah sukuk qui aide à financer les écoles et l’éducation en Malaisie. J’espère sincèrement que davantage de sukuk pourront à l’avenir être utilisés à de telles fins socialement responsables, et que les émissions de sukuk continueront d’augmenter et de se tourner vers de nouveaux marchés au Royaume-Uni et en Afrique du Sud. Les obligations Sukuk apparaissent comme une option d’investissement viable, populaire et éthique, et c’est une contribution que l’Islam peut apporter à l’avenir de l’économie et au bien-être humain à une échelle mondiale.

Le futur de la planète est notre responsabilité divine. Aussi, quand je dis que « l’avenir est à nous », je ne parle pas seulement en tant que musulman. Je parle aussi en tant qu’humain, en tant que citoyen du monde appartenant à cette famille adamique, car je crois que l’avenir appartient à chacun d’entre nous, quelle que soit notre religion et notre nationalité.

Cette discussion sur le sukuk m’amène à parler d’un autre sujet à propos duquel je crois que l’Islam a un rôle important à jouer pour assurer l’avenir de la planète : celui de la protection et de la préservation de l’environnement naturel. En plus des obligations Sûkûk SRI, ces dernières années ont également vu naître le sukuk dit « vert ». En 2017, la Malaisie a lancé le tout premier sukuk vert au monde, en collaboration avec la Banque centrale de Malaisie, la Commission des valeurs mobilières et la Banque mondiale. Le produit de ce sukuk financera des projets bénéfiques pour l’environnement tels que le développement de sources d’énergie renouvelables ici même en Malaisie.

« Le futur de la planète est notre responsabilité divine »

Mais il reste encore beaucoup à faire pour s’attaquer au problème toujours croissant du changement climatique. Ceci conformément à la philosophie de l’Islam sur le mandat de l’homme adamique, en tant que khalifah de Dieu, qui se doit d’agir en tant que gardien de la planète.

Allah (Exalté soit-Il) nous rappelle l’honneur qu’Il nous a donné dans le Coran avec ces mots : « Nous vous avons nommés intendants (khalifah) sur la terre – afin de voir comment vous vous comporterez ! ». Cet honneur, donné par Dieu, est chargé d’une lourde responsabilité.

À l’heure actuelle, la pollution par le dioxyde de carbone, générée notamment par la combustion de combustibles fossiles, a entraîné une hausse rapide de la température mondiale, entraînant la fonte des glaciers et des calottes glaciaires, ainsi que des élévations spectaculaires du niveau de la mer. Pour donner une idée concrète de la vitesse à laquelle cette crise se développe, les chercheurs prédisent que la plupart des glaciers himalayens du centre et de l’est auront entièrement disparu d’ici 2035. C’est une indication frappante de la rapidité avec laquelle nous devons agir sur ce problème croissant du réchauffement climatique. Le changement climatique et les activités humaines telles que la déforestation ont également un effet dévastateur sur la biodiversité de la terre, conduisant à l’extinction des autres créatures vivantes avec lesquelles nous partageons cette planète.

Selon le World Wildlife Fund, le taux d’extinction actuel des espèces est entre 1 000 et 10 000 fois plus élevé que le taux d’extinction naturel. La perte, évitable, d’une espèce est vraiment une perte pour notre avenir. C’est un devoir que Dieu a donné aux musulmans de s’efforcer d’inverser ou, à tout le moins, d’arrêter ces dommages environnementaux. Le futur de la planète est notre responsabilité divine. Aussi, quand je dis que « l’avenir est à nous », je ne parle pas seulement en tant que musulman. Je parle aussi en tant qu’humain, en tant que citoyen du monde appartenant à cette famille adamique, car je crois que l’avenir appartient à chacun d’entre nous, quelle que soit notre religion et notre nationalité.

La jeunesse doit prendre le pouvoir !

En effet, si nous voulons relever les défis majeurs comme le changement climatique, qui constitue une menace grave et imminente pour notre avenir, nous devons penser et travailler au-delà de nos frontières modernes et de nos frontières identitaires. L’ancienne première dame des États-Unis, Eleanor Roosevelt, a écrit dans une phrase inspirée, que « l’avenir appartient à ceux qui croient en la beauté de leurs rêves ». Eh bien je voudrais dire que l’avenir appartient aujourd’hui à ceux qui croient avoir le pouvoir de le façonner, de réaliser un changement réel et décisif et de faire entendre leur voix.

Au cours de cette conférence, j’ai déjà parlé plusieurs fois de l’importance vitale d’investir dans la jeunesse mondiale et de l’autonomiser. Après tout, les jeunes représentent réellement l’avenir de notre planète. L’investissement dans l’éducation et la santé est absolument vital, comme je l’ai souligné dans le passé, mais c’est l’idée d’impliquer les jeunes dans la prise de décision et de leur donner le sentiment qu’ils ont de vrais choix dans la vie qui est capitale. Nous disons souvent que les jeunes sont les leaders et les décideurs de demain, mais je suggère que nous fassions plus pour que les jeunes se sentent activement consultés et engagés dans la prise de décision dès aujourd’hui. En effet, de nombreuses études de cas démontrent que la mobilisation des populations de jeunes, par exemple, dans les projets nationaux de consolidation de la paix et de cohésion communautaire peut être extrêmement efficace.

En tant que leaders politiques, moraux ou intellectuels, nous devons non seulement défendre les questions que nous croyons importantes pour les jeunes d’aujourd’hui, mais aussi inviter les jeunes à parler et à être entendus, à partager leurs idées dans leurs propres forums démocratiques et diplomatiques, et non en dehors d’eux

Après la fin de la guerre civile au Népal, il y a un peu plus d’une décennie, la participation massive des jeunes aux consultations de paix s’est traduite par une réduction de 80 % des manifestations violentes. Entre-temps, l’UNESCO a réaffirmé son engagement à poursuivre et à renforcer son travail auprès des jeunes dans le développement communautaire au Soudan du Sud, en veillant à ce que « leurs voix soient non seulement entendues, mais qu’elles deviennent des moteurs du changement dans leurs communautés respectives ». Lorsque les jeunes sont consultés et activement impliqués dans les processus politiques et diplomatiques, ils peuvent contribuer à un changement significatif, pacifique et positif pour tous. Lorsque les jeunes se sentent négligés et privés de leurs droits, les voies qu’ils empruntent pour tenter de se faire entendre peuvent en fait aggraver leur situation déjà compromise.

42 % de la population mondiale a moins de 25 ans

En Malaisie, mais aussi dans le monde entier, nous devons faire plus pour permettre aux jeunes de « devenir des moteurs du changement », de leur donner les moyens de croire que l’avenir est vraiment à eux, de l’influencer et de le construire. En tant que leaders politiques, moraux ou intellectuels, nous devons non seulement défendre les questions que nous croyons importantes pour les jeunes d’aujourd’hui, mais aussi inviter les jeunes à parler et à être entendus, à partager leurs idées dans leurs propres forums démocratiques et diplomatiques, et non en dehors d’eux. Pour en souligner l’importance vitale, je voudrais dire que les jeunes représentent actuellement près de la moitié de la population mondiale : en 2017, 42 % de la population mondiale avait moins de 25 ans et ce nombre devrait augmenter. Nous devons, je pense, faire plus pour engager ces millions de personnes à façonner leur avenir, aujourd’hui.

Mesdames et Messieurs,

Mes pensées n’ont pas échappé aux nombreux défis difficiles auxquels notre monde sera confronté à l’avenir. La marginalisation des jeunes, l’incertitude financière, la tourmente politique, le réchauffement climatique : ce ne sont que quelques-uns des problèmes graves auxquels nous devons nous attaquer, et rapidement, en effet, si notre monde doit avoir un avenir. Mais mon message est finalement, je l’espère, un message d’optimisme. Cet optimisme dépendra de nos efforts pour assurer l’avenir de notre planète. Le futur est notre responsabilité collective, et si nous prenons cette responsabilité maintenant, le futur sera aussi, je crois, notre récompense, dans cette vie et dans la suivante.

Nazrin Muizzuddin Shah

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