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Le tribunal de Cergy suspend la vente d’un bâtiment à l’Institut Ibn Badis

L’institut Ibn Badis à Nanterre.

Ouvert en 2015, l’institut Ibn Badis qui accueille un complexe scolaire et une salle cultuelle, devait acquérir une ancienne école pour y bâtir un lieu de culte afin de répondre à la demande cultuelle dans un contexte de prière de rue. Le tribunal a estimé le prix de vente inférieur à sa valeur et a suspendu la transaction. Mizane.info a voulu en savoir plus.   

La décision remonte au 22 mars mais elle n’a été rendue publique qu’il y a peu. Dans un communiqué publié sur sa page Facebook, l’institut Ibn Badis qui gère un collège/lycée et une salle réservée au culte musulman, annonçait la suspension de la vente prévue d’une ancienne école à Nanterre dont il devait se porter acquéreur.

« Nous vous informons que le tribunal administratif de Cergy a suspendu la décision du conseil municipal de Nanterre en date du 22/03 concernant la vente de l’ancienne école située 229/231 avenue Georges Clemenceau Nanterre », indique le communiqué daté du 11 juin 2021.

La déception était visible pour l’équipe de gestionnaires de ce projet. A plusieurs titres. D’abord, parce que la vente s’était faite à l’amiable après un accord réciproque obtenu avec le conseil municipal. « La vente a fait l’objet d’une réflexion et d’une étude approfondie par les services municipaux avant d’être votée en conseil municipal (…) notre association, d’intérêt commun et à but non lucratif, s’est pliée à toutes les conformités administratives et légales afin de constituer un dossier d’expertise complet lors des négociations de prix. »

Pour quelle raison le tribunal de Cergy a-t-il donc suspendu la vente du bâtiment ? Quel était le montant de la vente ? Qui a saisi le tribunal de Cergy pour contester la vente ? Pour répondre à toutes ces questions, la rédaction de Mizane.info a contacté Rachid Abdouni, le président de l’institut Ibn Badis.

Rachid Abdouni, le président de l’institut Ibn Badis de Nanterre.

Selon le responsable de l’institut, le tribunal a estimé que le montant de la transaction commerciale était inférieur à la valeur réelle de l’ancienne école. Pourtant, a-t-il confié à Mizane.info, tout avait été mise en œuvre pour que le montant de la vente soit conforme à la valeur réelle du bien étant donné le montant des investissements que sa réhabilitation impliquait.

« L’évaluation du prix des domaines a estimé la vente à 5.4 millions d’euros. Les travaux étant estimés à 1, 4 million, le prix a été fixé à 3.6 million après un abattement de 10 %.  Nous avons réalisé une expertise qui a démontré que le montant des travaux de réhabilitation était fixé en réalité à plus de 2, 4 million d’euros pour une surface de 1500 m².  Les travaux impliquent le désamiantage, le retrait de plomb et la correction d’un affaissement des sols. Nous avons donc trouvé un accord sur un prix conforme aux réalités des investissements à réaliser, soit 2,7 millions. La préfecture a saisi le tribunal qui a estimé que ce prix était trop bas », nous a expliqué Rachid Abdouni.

Au départ, un recours gracieux avait été décidé pour permettre à la mairie d’apporter les éléments prouvant que le prix avait baissé pour ces raisons. Entretemps, le recours est passé au contentieux.

Or, il y a urgence d’après le responsable nanterrien, les locaux actuels ne permettant plus de répondre à la demande cultuelle des musulmans de Nanterre, la prière du vendredi se transformant régulièrement en prière de rue. « Notre municipalité a entendu les craintes des Nanterriens et a constaté les difficultés sur le terrain. Nous voulons sortir des prières de rue. »

M. Abdouni a souligné, à ce sujet, l’incohérence de la gestion préfectorale du fait religieux musulman consistant à condamner les prières de rue et à s’opposer dans le même temps à l’achat d’un bâtiment qui permettrait d’y remédier. « Notre avocat a fait une demande officielle à deux reprises pour être reçu dans le cabinet du préfet. Aucune réponse ne nous a été fournie à ce jour », a-t-il ajouté.

Le président de la Fondation de l’islam de France Ghaleib Bencheikh (au centre) en visite à l’institut Ibn Badis.

L’institut ne compte pas poursuivre la procédure judiciaire, nous a révélé M. Abdouni, et mise plutôt sur une résolution pragmatique du dossier. « Nous n’allons pas faire appel de la décision car cela prendrait trop de temps et de plus même en cas de victoire, la décision pourrait être contourné par un arrêté préfectoral. Nous sommes dans l’urgence. La prochaine étape pour nous est de trouver un accord tripartite (mairie, préfecture, institut) sur un prix de vente qui prenne en compte le montant réel des travaux à réaliser. Le désamiantage a par exemple été clairement sous-estimé », précise le président de l’institut Ibn Badis.

Une ouverture partielle en 2023, avec la salle cultuelle, et une ouverture définitive des trois ailes du bâtiment en 2025, étaient prévues. Malgré tout, le cadre associatif se veut résolument optimiste. L’institut Ibn Badis, selon son président, est bien implantée sur la ville. Des conférences et des événements interreligieux sont régulièrement organisés. « Nous sommes bien connus sur Nanterre, explique M. Abdouni. Nous sommes très confiants sur la capacité de mobilisation financière des musulmans de Nanterre car nous l’avons déjà vérifié dans le passé. »

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