Le sondage publié par nos confrères du Parisien nous livre le portrait d’une jeunesse tolérante, attachée aux libertés fondamentales et hostile à la laïcité anticléricale défendue par le gouvernement français. Editorial.
Trente années de matraquage médiatique ininterrompue. Trente ans de façonnage idéologique de la population sur les questions de l’islam, de la laïcité et du catéchisme républicain. Rien n’y a fait : l’échec des différents gouvernements successifs et des think tank français alimentant à grands renforts d’éditorialistes, d’intellectuels, de journalistes, de militants une conception résolument antireligieuse de la laïcité est aujourd’hui clair, manifeste, sans appel.
La jeunesse lycéenne française ne veut pas de cette intolérance religieuse masquée au nom d’une conception laïciste foncièrement hostile aux religions et elle l’a clamé haut et fort, avec l’innocence et l’absence d’arrière-pensées politiques qui la caractérise.
Une tentative d’évacuer la religion de l’espace public, dénonçait pour sa part le politologue Olivier Roy, l’un des grands spécialistes français de l’islam.
Malgré les assauts médiatiques violents et souvent opportunistes quand le territoire national était frappé par des actes terroristes odieux et dévastateur dans l’opinion publique, les jeunes ne se sont pas laissés prendre au jeu de l’instrumentalisation politique de la laïcité par les idéologues du Printemps républicains, malgré l’influence qu’ils exercent sur la ligne politique du gouvernement.
Par cette prise de position favorable à toutes les libertés, réfractaires à toutes les contraintes, rejetant tous les mépris et les offenses gratuites comme cette curieuse et déplorable expression de droit au blasphème, la jeunesse française vient d’ouvrir un grand espoir pour la France.
L’espoir qu’une nouvelle génération saura bâtir l’avenir de ce pays sur de nouvelles bases que le rejet, l’intolérance, le mépris institutionnalisé dans des textes de lois. Une politique de division de l’opinion française destinée à asseoir d’éphémères victoires électorales mais qui ravagent la Nation française depuis des décennies.
La France a changé. De profonds bouleversements anthropologiques se sont accélérés créant des brèches et des fissures dans le vieux discours national et républicaniste. Ce discours n’est plus car la France qu’il dessinait n’est plus.
Il est indéniable qu’un nouveau discours de refondation de la France devra émerger politiquement dans les prochaines années, un discours qui intègre en profondeur cette indispensable réforme de la laïcité française, déformée et détournée de son esprit par une idéologie de combat antireligieuse.
C’est à ce prix que nous sauverons l’esprit de coexistence laïque des opinions religieuses et philosophiques des crocs des intégristes républicanistes ou du populisme de la nostalgie, si les cibles qui alimentent de leur bois ce discours parviennent un jour à faire preuve de réalisme sur la nouvelle réalité française et si ceux qui en ont été les victimes sociales et psychologiques transcendent la tentation d’une posture victimaire, une posture du ressentiment.
Cela fait beaucoup, nous dira-t-on, mais les grandes fondations commencent avec une seule pierre.
Fouad Bahri
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