Figure majeure du roman russe moderne avec Dostoïevski, Léon Tolstoï fut également un penseur et un activiste de l’anarchisme et de la non-violence. Petite plongée dans l’œuvre d’un des hommes les plus influents du 20e siècle.
– « Si un homme a beaucoup plus qu’il ne faut, c’est que d’autres manquent du nécessaire.»
– « Les êtres humains préfèrent souvent aller à leur perte que de changer leurs habitudes. »
– « Chacun de nous, pour agir, doit considérer son activité comme utile et importante. Aussi, quelle que soit la situation d’un homme, il se fera de sa vie sociale une conception qui permette d’envisager sa propre activité comme importante et utile. »
Résurrection : Première partie, Chapitre XLIV.
– « Tous les hommes font la même erreur, de s’imaginer que le bonheur veut dire que tous les voeux se réalisent. »
– « Je ne connais dans la vie que deux maux bien réels : c’est le remord et la maladie. Il n’est de bien que l’absence de ces maux. Vivre pour moi en évitant ces deux maux, voilà à présent toute ma sagesse. »
La Guerre et la Paix, tome 1
– « La vérité doit s’imposer sans violence. »
– « Il ne faut écrire qu’au moment où à chaque fois que tu trempes ta plume dans l’encre un morceau de ta chair reste dans l’encrier »
– « Un des préjugés les plus répandus est celui qui consiste à croire que chaque homme possède en propre certaines qualités définies : qu’il y a des hommes bons ou mauvais, intelligents ou stupides, énergiques ou apathiques, et ainsi de suite. Les hommes ne sont pas faits ainsi. Nous pouvons dire d’un homme qu’il se montre plus souvent bon que méchant, plus souvent intelligent que stupide, plus souvent énergique qu’apathique ou inversement ; mais il serait faux d’affirmer d’un homme qu’il est bon ou intelligent, et d’un autre qu’il est méchant ou stupide. Et cependant c’est ainsi que nous jugeons. Cela est faux. Les hommes sont semblables aux rivières : toutes sont faites du même élément, mais elles sont tantôt étroites, tantôt rapides, tantôt larges ou paisibles, claires ou froides, troubles ou tièdes. Et les hommes sont ainsi. Chacun porte en soi le germe de toutes les qualités humaines et manifeste tantôt un côté de sa nature, tantôt l’autre, souvent même, en conservant sa nature intime, il apparaît tout différent de ce qu’il est. »
Résurrection, Première partie, Chapitre LIX.
– « Tous les bonheurs se ressemblent, mais chaque infortune a sa physionomie particulière. »
Anna Karénine
– « Nous ne sommes pas ici dans ce monde pour transformer les autres, mais pour nous transformer nous-mêmes. »
– « De toutes les sciences que l’homme peut et doit savoir, la principale, c’est la science de vivre de manière à faire le moins de mal et le plus de bien possible. »
– « Tout homme vit pour soi-même, utilise sa liberté pour atteindre des buts particuliers, sent par tout son être qu’il peut ou non accomplir tel ou tel acte ; mais, dès qu’il agit, son acte accompli à tel moment de la durée devient irrévocable et appartient dorénavant à l’histoire, où il paraît non plus libre, mais régi par la fatalité.
La vie humaine a deux faces. Il y a d’une part la vie individuelle, qui est d’autant plus libre que ses intérêts sont plus abstraits ; il y a d’autre part la vie élémentaire, grégaire, où l’homme doit inévitablement se soumettre aux lois qui lui sont prescrites. L’homme vit consciemment pour lui-même, mais participe inconsciemment à la poursuite des buts historiques de l’humanité tout entière. L’acte accompli est irrévocable et, par sa concordance avec des millions d’autres actes accomplis par autrui, prend une valeur historique. Plus l’homme est placé haut sur l’échelle sociale, plus importants sont les personnages avec lesquels il entretient des rapports, plus grand aussi est son pouvoir sur le prochain, plus chacun de ses actes revêt un caractère évident de nécessité, de prédestination. »
La Guerre et la Paix, tome 1
– « Fais ce que tu dois et ne t’occupe pas des autres. […] Sois ton propre maître, alors il n’y aura plus de maîtres. »
Résurrection , Troisième partie : Chapitre XXVII.
– « La terre ne saurait être l’objet d’une propriété privée, elle ne saurait être objet de vente et d’achat, pas plus que l’eau, l’air ou les rayons du soleil. Tous les hommes ont un droit égal sur la terre et sur tous les biens qu’elle produit. »
Résurrection, deuxième partie, Chapitre VI.
-« Si on posait le problème psychologique : comment faire pour que les gens de notre époque, les chrétiens, les humanitaires, les gens simplement bons accomplissent les plus horribles forfaits sans se sentir coupables, une seule solution serait possible : il faudrait créer ce qui existe actuellement. Il faudrait que ces gens fussent gouverneurs, officiers, directeurs, c’est-à-dire qu’ils fussent d’abord persuadés qu’il est une chose appelée service de l’État, qui permet de traiter les êtres comme des objets, sans aucun rapport humain et fraternel, et deuxièmement que ces gens au service de l’État fussent solidaires, de telle sorte que la responsabilité des conséquences de leurs actes ne retombe sur personne séparément. En dehors de ces conditions, il n’est pas possible, à notre époque, que s’accomplissent des forfaits comme j’en ai vus aujourd’hui. Tout vient de ce que les gens s’imaginent qu’il existe des circonstances dans lesquelles on peut traiter sans amour ses semblables : or ces circonstances n’existent pas. Avec les choses on peut se comporter sans amour : on peut couper des arbres, faire des briques, forger sans amour ; mais avec des êtres humains on ne peut se comporter sans amour, […] parce que l’amour réciproque des êtres humains est la loi fondamentale de la vie. […] Si tu ne sens pas d’amour pour les hommes, alors reste tranquille, pensait Nekhlioudov, occupe-toi de toi-même, d’objets, de ce que tu voudras, excepté des hommes. »
Résurrection, deuxième partie, Chapitre XL.
-« La société et en général l’ordre social subsistent non pas grâce à ces criminels légaux qui siègent et qui condamnent les autres hommes, mais parce que malgré tout et en dépit de cette aberration les hommes gardent un peu d’amour et de pitié les uns pour les autres. »
Résurrection : Troisième partie, Chapitre XXVIII.
Léon Tolstoï
A lire du même auteur :