Quelle est la différence entre la République et le républicanisme ? L’actualité du Secours catholique et de la Cour des comptes offre l’occasion d’y répondre. Un billet de Fouad Bahri à lire sur Mizane.info.
Le républicanisme est une idéologie qui postule que la République est incompatible avec une quelconque forme de religion ou de religiosité, y compris sur la place publique. Il s’agit d’une idéologie anticléricale, foncièrement hostile aux religions révélées. Cette idéologie est portée par certains acteurs de la vie politique et institutionnelle française.
La religiosité du Secours catholique en question
La loi contre le séparatisme a représenté une avancée majeure pour la normalisation de cette idéologie et sa traduction en loi. A titre d’exemple, le Secours catholique s’est vu l’objet il y a quelques jours d’une forme de mise en garde dans le dernier rapport de la Cour des comptes qui relève ceci :
« L’association exerce sa mission dans le cadre de l’appel à la générosité du public, et d’un objectif de porter « tout secours et toute aide, directe ou indirecte, morale ou matérielle ». Deux de ses activités s’inscrivent dans une dimension confessionnelle : la référence assumée aux textes bibliques dans le contenu de l’accompagnement spirituel d’une part, et l’hébergement sur des lieux saints (Lourdes, Jérusalem), d’autre part. Elles doivent faire l’objet d’une attention particulière de l’association, dans un contexte législatif marqué dans la période récente, par la loi 2021-1109 du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République. Il convient notamment, comme le relève le ministère de l’intérieur, que la dimension religieuse des activités soit fortement encadrée et reste secondaire. »
« Le respect des valeurs républicaines »
La religion doit rester secondaire, ce qui signifie que l’a-religion, synonyme d’athéisme ou d’agnosticisme, doit rester première car elle est ou a vocation à être pour certains le fondement métapolitique actuel de nos institutions. « Le respect des valeurs républicaines », expression qui ne représente rien juridiquement car le droit ne fonde pas des valeurs, subjectives et relatives, mais des principes, s’oppose donc au respect des valeurs religieuses.
Telle est la grille de lecture républicaniste en vogue ces dernières décennies en France. Cette idéologie est incompatible avec un Etat de droit et avec la liberté de conscience, ce qui crée une contradiction juridique et politique avec le modèle classique du droit français confirmée par la loi de 1905 et la jurisprudence du Conseil d’état jusqu’aux années 90/2000.
L’erreur des églises françaises
La liberté de conscience n’est valorisée et défendue que contre la religion mais est désormais refusée aux citoyens porteurs d’une foi. L’actuel écosystème français autorise ainsi toutes les déclarations hostiles à la religiosité islamique et dans une moindre mesure à celle des catholiques.
La prise de distance de l’Eglise française au moment du vote de la loi contre le séparatisme dans un communiqué inter-Eglises (catholique, protestante, orthodoxe) a constitué de ce point de vue une erreur manifeste puisque le républicanisme, même s’il a pris pour cible l’islam et les musulmans pratiquants, n’a jamais oublié toutes les autres manifestations du Dieu révélé par la tradition abrahamique.
« Le croyant n’est jamais atteint deux fois par le même mal »
Tirer les leçons de cette erreur et fédérer tous les acteurs du culte en France pour redonner vie à la liberté de conscience est un objectif qui relève de la survie pour les fidèles de français.
« Le croyant n’est jamais atteint deux fois par le même mal » (hadith du Prophète). Gageons que les institutions croyantes de France s’inspirent de cet enseignement universel du Prophète pour construire une nouvelle ère fondée sur la solidarité interreligieuse et sur la volonté de produire une société pleine d’espoir, nourrie par tous les principes universels des religions abrahamiques.
Fouad Bahri
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