Des chirurgiens occidentaux qui ont travaillé dans plusieurs hôpitaux à Gaza ont décrit, au média The Guardian, les dégâts irréversibles, sur les enfants, des blessures étendues causées par des éclats d’obus israéliens « à fragmentation ». Selon des experts, ces armes sont conçues pour maximiser le nombre de victimes. Le focus de la rédaction.
Les armes de fabrication israélienne, conçues pour projeter de grandes quantités d’éclats d’obus, causent des blessures horribles aux civils à Gaza et touchent plus particulièrement les enfants, ont déclaré plusieurs chirurgiens étrangers au Guardian.
Ces médecins, ayant travaillé dans l’enclave Palestinienne ces derniers mois, affirment que la plupart des décès, des amputations et des blessures qu’ils ont soignés chez les enfants sont dus aux tirs de missiles et d’obus remplis de métal qui se fragmente en minuscules morceaux. Amnesty International a déclaré que ces armes sont spécialement conçues pour faire le plus de victimes possibles.
Des dégâts internes plus graves chez les enfants
Des médecins bénévoles travaillant dans deux hôpitaux de Gaza ont déclaré qu’ils pratiquaient la plupart de leurs opérations sur des enfants touchés par de petits éclats d’obus qui provoquent de graves dégâts internes malgré des blessures externes à peine perceptibles.
Les médecins ont observé ces blessures chez des adultes et des enfants, mais les dommages étaient souvent plus graves chez les plus jeunes. Feroze Sidhwa, chirurgienne américaine ayant travaillé à l’hôpital Européen, affirme que la moitié des blessures qu’elle a traitées concernaient de jeunes enfants :
« Les enfants sont plus vulnérables aux blessures pénétrantes parce qu’ils ont un corps plus petit. Leurs organes vitaux sont plus petits et plus faciles à endommager. Lorsque les vaisseaux sanguins des enfants sont lacérés, ils sont déjà si petits qu’il est très difficile de les recoller »
Le Guardian a parlé à six médecins étrangers ayant travaillé dans les hôpitaux Européen et Al-Aqsa de Gaza ces trois derniers mois. Tous ont décrit des blessures graves causées par des armes à « fragmentation », contribuant à des taux alarmants d’amputations depuis le début de la guerre.
Des armes conçus « pour maximiser les pertes »
Mark Perlmutter, chirurgien à l’hôpital européen de Gaza, a déclaré que les enfants frappés par de multiples petits éclats mouraient souvent, et que beaucoup de ceux qui survivaient perdaient des membres. Sanjay Adusumilli, un chirurgien australien à l’hôpital Al-Aqsa, a décrit des blessures causées par des armes à fragmentation, où des éclats d’obus détruisent des os et des organes tout en ne laissant qu’une égratignure sur la peau.
Des experts en explosifs ayant examiné les images et les descriptions des blessures par les médecins ont confirmé qu’ils correspondaient à des bombes et obus équipés d’un « manchon de fragmentation » autour de la charge explosive pour maximiser les pertes. Amnesty International, qui a identifié les mêmes munitions dans les missiles israéliens utilisés à Gaza en 2009, indique dans un rapport :
« Ils semblent conçus pour causer un maximum de blessures et, à certains égards, semblent être une version plus sophistiquée des roulements à billes ou des clous et des boulons que les groupes armés intègrent souvent dans des roquettes rudimentaires et des bombes suicides »
Une intensité de violations contre les enfants « sans précédent »
Un expert en armes a notamment remis en question l’utilisation d’armes à fragmentation dans des zones peuplées de Gaza, affirmant que « lorsqu’elles sont utilisées dans des zones où vivent de nombreux civils, (…) les militaires savent que la plupart des victimes seront ces civils ».
En juin, l’ONU a ajouté Israël à la liste des États commettant des violations contre les enfants pendant les conflits, décrivant l’ampleur des massacres à Gaza comme « d‘une intensité sans précédent de violations graves contre les enfants ». L’Unicef a qualifié de « stupéfiant » le nombre d’enfants blessés lors de l’attaque israélienne.
Les Nations Unies estiment qu’Israël a tué plus de 38 000 personnes à Gaza au cours de la guerre actuelle, dont plus de 8 000 enfants, bien que le chiffre réel soit probablement plus élevé. Des dizaines de milliers d’enfants ont été blessés.
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