Un sommet conjoint de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) était organisé, ce samedi, en Arabie saoudite. Les dirigeants des états arabo-musulmans ont demandé à l’unisson un cessez-le-feu et condamné « l’agression israélienne » à Gaza mais sans parvenir à des initiatives concrètes pour l’après-guerre. Explications.
Ce samedi 11 novembre, les Etats arabo-musulmans étaient réunis à Riyad, sous l’égide du prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman, pour un sommet inédit de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).
Les différentes nations du Proche-Orient ont afficher un front uni pour condamner la guerre que mène Israël dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre mais les divergences demeurent pour des réelles actions contre l’état d’Israël et pour la Palestine « d’après-guerre ».
L’Arabie Saoudite en quête de leadership sur la question palestinienne
« La cause palestinienne redevient quasiment une question de politique intérieure pour l’Arabie saoudite », soulignait Fatiha Dazi-Héni, spécialiste du Golfe à l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire. Le sommet de samedi a été effectivement initié sous les auspices de l’ambitieux prince saoudien Mohammed Ben Salman.
Désireux de redorer son rôle de leader diplomatique dans la région, « MBS » a ainsi convié aussi bien ses alliés, le roi Abdallah II de Jordanie, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, ou encore le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, que ses rivaux comme le président iranien, Ebrahim Raïssi, le président turc, Recep Erdogan et l’émir du Qatar.
Réunis autour de la question palestinienne, les chefs d’états musulmans ont condamné collectivement « l’agression israélienne contre la bande de Gaza, et les massacres barbares et inhumains perpétrés par le gouvernement d’occupation » :
« Nous sommes certains que le seul moyen de garantir la sécurité, la paix et la stabilité dans la région est de mettre fin à l’occupation, au siège et à la colonisation »
Les fractures demeurent malgré tout
Une déclaration du sommet a ainsi fait mention d’une unanimité pour un cessez-le-feu immédiat, la levée du siège de Gaza, un accès sans entrave de l’aide humanitaire et l’arrêt des exportations d’armes vers l’Etat hébreu.
Malgré cet accord commun théorique, les traditionnelles fractures demeurent néanmoins empêchant l’émergence d’initiatives concrètes pour « le jour d’après guerre » en Palestine. Les déclarations du président iranien Raïssi ont, d’ailleurs, radicalement tranché avec le discours consensuel des autres dirigeants.
Ce dernier a ainsi exhorté les pays islamiques à rompre leurs relations économiques et politiques avec Israël, à imposer des sanctions sur le pétrole et à armer les Palestiniens. Il a également loué le Hamas « pour sa résistance contre Israël ». Des appels sans concessions qui divisent les pays arabes.
Washington derrière les divergences et l’initiative saoudienne ?
L’intransigeance de l’Iran tranche avec la prudente politique de l’Arabie saoudite qui ne souhaite pas laisser le concurrent perse imposer ses vues sur ce dossier. La normalisation avec Israël et le renforcement des relations avec Washington restent des opportunités pour le royaume saoudien. Le politologue Stéphane Lacroix indique :
« L’Arabie saoudite a hésité, au début du conflit, à jouer ce rôle de leadership, mais elle a décidé de temporiser, car il y a trop à perdre. Personne n’est prêt à endosser ce rôle : la plupart de ces pays ne se préoccupent pas, au fond, des Palestiniens, et ils veulent voir le Hamas affaibli. »
Ces divergences compliquent la formulation d’une vision arabe commune pour la Palestine mais aucun pays ne semble vouloir prendre la tête d’une initiative large et concrète pour la région.
Une dizaine de pays musulmans (avec l’Algérie en chef de file) partagent les positions iraniennes face à d’autres états comme l’Egypte, les EAU, le Maroc ou l’Arabie Saoudite qui souhaitent préserver leurs relations diplomatiques avec Israël et les faveurs de la médiation américaine sur la question palestinienne.
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