Après deux ans sans chef d’Etat, le Liban a désormais un nouveau président de la République. Lors du second tour de scrutin parlementaire, le commandant en chef de l’armée, Joseph Aoun, a été élu hier par les députés libanais. Le retour de la rédaction.
Joseph Aoun, a été élu président de la République par les députés du Liban. Lors du second tour de scrutin parlementaire, le commandant de l’armée libanaise a obtenu 99 voix sur les 128 députés. Il n’avait obtenu que 71 voix au premier tour de scrutin. Entre les deux tours, une rencontre entre les représentants du mouvement politique Amal avec Aoun a fait basculé des voix importantes en sa faveur.
Un candidat nommé par l’étranger ?
Cette élection nécessitera toutefois une modification de la Constitution, qui interdit l’élection de hauts fonctionnaires encore en poste ou ayant exercé dans les deux dernières années. Plusieurs députés, comme Melhem Khalaf, ont critiqué cette situation, dénonçant une violation de l’article 49 de la Constitution. « Nous devrions respecter la Constitution pour bâtir un État stable », a-t-il déclaré.
La candidature de Joseph Aoun a été soutenue par les États-Unis et l’Arabie saoudite. Plusieurs ambassadeurs, ainsi que Jean-Yves Le Drian, émissaire français pour le Liban, ont assisté à la session parlementaire. Ce soutien extérieur a suscité des critiques, notamment de Gebran Bassil, chef du Courant Patriotique Libre, qui a dénoncé des ingérences étrangères.
« Ce dont nous avons été témoins, c’est le retour des consuls. Nous avons vu comment les instructions sont venues de l’étranger pour un candidat (nommé) par l’étranger. »
Le député libanais Osama Saad a également exprimé son mécontentement : « Ces élections ont dépouillé la Constitution par des accords basés sur des marchandages. »
Les réactions internationales
Le président américain sortant, Joe Biden, a salué cette élection, qualifiant Joseph Aoun de « bon dirigeant pour cette période ». Le secrétaire d’État Antony Blinken a évoqué un « moment historique pour la paix et la stabilité au Liban ». Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a souhaité que l’élection contribue à de « bonnes relations entre voisins ».
De son côté, l’Iran a exprimé son espoir d’une coopération bilatérale pour des « intérêts communs ». La France a adressé ses « chaleureuses félicitations » et appelé à la formation rapide d’un gouvernement capable de répondre aux aspirations des Libanais.
Une « nouvelle ère » pour le Liban ?
Dans son premier discours au Parlement, Joseph Aoun a promis une « nouvelle ère » pour le pays, où l’État aura le « monopole des armes » et a assuré qu’il mènera des consultations rapides pour nommer un Premier ministre et faire respecter « le cessez-le-feu » avec Israël.
Sous le système confessionnel libanais, la présidence est réservée à un chrétien maronite. Si le chef de l’État avait autrefois un rôle prépondérant, ses pouvoirs ont été réduits par l’accord de Taëf en 1989, qui a renforcé le rôle du Conseil des ministres, présidé par un musulman d’obédience sunnite.
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