Après l’attentat au marché de Noël de Magdebourg, la question de l’immigration s’est invitée dans les législatives allemandes. Le point de la rédaction.
Jusqu’à récemment, l’immigration n’était pas considérée comme un thème central des élections législatives allemandes prévues le 23 février. Cependant, l’attentat à la voiture-bélier survenu au marché de Noël de Magdebourg (Saxe-Anhalt) le 20 décembre 2024 a bouleversé la campagne. L’attaque, perpétrée par un médecin d’origine saoudienne est arrivée en 2006 avec le statut de réfugié, a fait six morts et près de 300 blessés. Ce drame, s’ajoutant aux attaques de Solingen et Mannheim survenues respectivement en août et mai, a remplacé les questions migratoires au centre du débat, reléguant la crise économique au second plan.
Les conservateurs durcissent leur discours
Dans un entretien accordé au Die Welt , Friedrich Merz, chef de file de la CDU/CSU et favori pour la chancellerie, a plaidé pour la déchéance de nationalité des délinquants binationaux. « Pour éviter des attentats ou d’autres délits, les délinquants étrangers doivent être expulsés au plus tard après le deuxième délit », at-il déclaré, ajoutant que la double nationalité devrait devenir l’exception et non la règle. M. Merz a également évoqué la réforme du code de la nationalité adoptée en juin 2024, qui facilite la naturalisation des étrangers bien intégrés.
Vives de réactions l’opposition
Les propositions de M. Merz ont été vivement adressées par ses adversaires. Saskia Esken, présidente du SPD, a accusé le candidat conservateur de « jouer de manière appropriée avec le feu de la droite populiste ». Marcel Fratzscher, président de l’Institut allemand pour la recherche économique, a énoncé une proposition risquant de créer « une société à deux vitesses ». L’extrême droite, incarnée par l’AfD, a toutefois apprécié la polémique, affirmant que les conservateurs suivaient leur ligne idéologique.
La CSU et ses propositions radicales
Alliée de la CDU, la CSU bavaroise a profité de sa réunion annuelle pour présenter des mesures plus fermes. Markus Söder, ministre-président de Bavière, a proposé de conditionner le droit de séjour des migrants à un revenu suffisant et de permettre à la police de consulter les terminaux mobiles des migrants à la frontière. « Nous allons très fermement mettre l’accent sur ces thèmes », at-il promis, renforçant ainsi la posture sécuritaire de la droite.
Les sociaux-démocrates ripostent sur le dossier syrien
Le SPD, moins attendu sur les questions migratoires, a également pris position. Nancy Faeser, ministre de l’Intérieur, a annoncé une réévaluation du statut des réfugiés syriens en raison de la stabilisation de la situation en Syrie. Elle a précisé que la protection subsidiaire pourrait être annulée pour les Syriens n’étant plus en danger. Alice Weidel, candidate de l’AfD, a jugé ces mesures insuffisantes et réitérées que tous les Syriens devaient retourner dans leur pays après la fin de la guerre civile.
L’AfD renforcée par le contexte
Avec près de 20 % des intentions de vote, l’AfD semble tirer profit du contexte. L’attentat de Magdebourg et le soutien d’Elon Musk, proche de Donald Trump, renforcent sa dynamique. Une conversation entre Alice Weidel et Elon Musk est prévue sur le réseau social X, accentuant l’attention médiatique sur le parti d’extrême droite.
Cependant, malgré sa progression, l’AfD reste isolée : aucun parti ne souhaite s’allier avec elle. Pour le politologue Uwe Jun, la montée de l’AfD reflète un tournant dans l’opinion publique, même si le parti ne pourra gouverner. « Ces élections semblent conçues pour l’AfD : Trump, Musk, Magdebourg, l’Autriche… Pour eux, c’est Noël et Pâques en même temps. »
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