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L’islamophobie comme argument électoral en Inde

En pleine campagne pour les élections législatives en Inde, le premier ministre Narendra Modi a qualifié – dans un meeting – implicitement les musulmans « d’infiltrés » qui font « le plus d’enfants ». Ces propos ont suscité l’indignation dans ce pays où la minorité musulmane représente 15% de la population. Focus.

Lors d’un meeting au Rajasthan, Narendra Modi, premier ministre indien, a tenu des propos ouvertement islamophobes en ciblant implicitement les musulmans qualifié « d’infiltrés » qui font « le plus d’enfants ».

Cette prise de parole intervenait deux jours après l’ouverture des bureaux de vote pour les élections législatives qui se termine le 1er juin. Plus de 2 000 citoyens indignés ont écrit à la commission électorale, ce lundi, pour demander des mesures à l’encontre du premier ministre indien.

La stratégie politique islamophobe du BJP

Durant un meeting électoral au Rajasthan dimanche dernier, le Premier ministre indien Narendra Modi a accusé le Congrès, le principal parti d’opposition, de vouloir distribuer la richesse nationale aux « infiltrés » qui ont le plus d’enfants visant, sans les nommer, la minorité musulmane du pays :

« Ils rassembleront toutes vos richesses et les distribueront à qui ? A ceux qui ont le plus d’enfants. Ils les redistribueront aux infiltrés. Pensez-vous que l’argent que vous avez durement gagné devrait être donné aux infiltrés ? Approuvez-vous cela ? »

Cette rhétorique s’inscrit dans le contexte d’une stratégie du parti au pouvoir, le Bharatiya Janata Party (BJP), qui stigmatise les musulmans comme une menace démographique.

Depuis l’arrivée au pouvoir de Narendra Modi en 2014, des lois anticonversion ont été adoptées dans plusieurs États gouvernés par le BJP, discriminant les minorités religieuses musulmanes et chrétiennes sur des simples accusations de vouloir convertir les hindoues.

La commission électorale appelée à prendre des sanctions

Les propos islamophobes de Narendra Modi ont suscité une forte réaction. Le Congrès a saisi la commission électorale pour pour demander des sanctions contre ces déclarations « ciblant de manière flagrante une communauté religieuse ». Plus de 2000 citoyens ont également appelé la commission à prendre des mesures contre le Premier ministre.

Le chef du gouvernement du Kerala, Pinarayi Vijayan, a aussi condamné « l’islamophobie » de Narendra Modi et les « tactiques communautaires » du BJP. Un député musulman du Parlement indien, Asaduddin Owaisi, a notamment réfuté les affirmations de Modi sur la fécondité musulmane :

« Modi a dit que les musulmans avaient plus d’enfants. C’est un mensonge. Le taux de fécondité a baissé dans la communauté et, selon les données officielles, il est de 2,36 % »

Le porte-parole du BJP a réagi aux déclarations polémiques du Premier ministre, dans la presse indienne, en affirmant que Narendra Modi avait simplement appelé « un chat un chat ».

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