Mardi 29 mars, Mmadi Ahamada, imam à la mosquée Attaqwa à Saint-Chamond, dans la Loire, s’est rendu à une convocation concernant son titre de séjour, en vue d’une expulsion du territoire français.
La double peine. Suspendu de ses fonctions à la suite d’un prêche il y a huit mois, l’imam Mmadi Ahamada de la mosquée Attaqwa de Saint-Chamond, risque l’expulsion. L’homme a en effet reçu une convocation pour ce mardi 29 mars à l’unité de police administrative de Saint-Etienne à propos d’une « vérification du droit au séjour et éventuelle rétention administrative. » Une procédure s’inscrivant dans le cadre d’un arrêté d’expulsion prononcé par la préfète de la Loire.
L’imam Ahamada, un « homme calme et apaisé »
Contacté par le journal Le Progrès, Salim Agoudjil, président du Conseil départemental du culte musulman (CDCM) dans la Loire, juge la procédure d’expulsion « sans fondement ». Il décrit l’imam Mmadi Ahamada, en fonction depuis neuf ans, comme un « homme calme et apaisé ».
Quant à l’association cultuelle de Saint-Chamond, Salim Agoudjil estime qu’il s’agit d’une « association sérieuse qui ne sort pas du cadre de la République.”
Une décision politique pour le CDCM
Le responsable local du culte musulman voit plutôt dans cette volonté d’expulsion, une décision « purement politique qui n’a pas grand-chose à voir avec la religion ».
« Il ne vous a pas échappé qu’il y a un scrutin présidentiel dans quelques jours. Les autorités veulent faire vite. C’est désolant d’en arriver là, alors que sur le fond, les arguments de la préfecture sont retoqués par le Tribunal administratif », ajoute-t-il.
Le tribunal, qui jugeait recevable la décision d’expulsion avait annulé par contre la période d’une année d’interdiction de retour en France, assortie à cette décision.
Pour Isabelle Surply (RN), un prêche “très épanouissant”
Le prêche incriminé avait été diffusé en juillet dernier sur la page Facebook de la mosquée de Saint-Chamond.
Selon le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, cité par France Bleu, «l’imam aurait expressément ordonné aux femmes musulmanes de se soumettre strictement à leur mari, en les enjoignant « d’obéir au doigt d’Allah et à ceux de leur époux».
Isabelle Surply, conseillère régionale RN et élue municipale à Saint-Chamond avait alors retweeté un extrait du prêche qualifié de discriminatoire pour les femmes, passage jugé ironiquement comme “ très épanouissant.”
Gérald Darmanin avait immédiatement réagi sur Twitter en assurant que l’imam avait été destitué de ses fonctions. En effet, la préfète de la Loire, Catherine Séguin avait condamné ces propos et « expressément demandé au président de l’association de mettre un terme aux fonctions de l’imam. »
Plus de 7 000 signatures de soutien
D’après le Monde, une pétition de soutien à l’imam avait alors été lancée sur les réseaux sociaux. La pétition a déjà recueilli 7 067 signatures, soit l’équivalent de 20 % de la population de Saint-Chamond. Le maire Les Républicains de la ville, Hervé Reynaud, avait également souligné les valeurs « de respect et de tolérance » qui animent la mosquée.
Originaire des Comores, l’imam Mmadi Ahamada pourrait y être renvoyé avec sa femme et ses trois enfants.
Marie Jarosz